Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DES OISEAUX ET RUE DE BEAUCE
IIIe arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1870. Rue des Oiseaux commençant : rue de Bretagne, 39. Finissant : rue de Beauce, 16. Historique : les héritiers de Geoffroy d'Assy, dans une pétition du 8 mai 1889, ont revendiqué la propriété du sol de cette voie en s'appuyant sur une sentence du Bureau des Finances de la Généralité de Paris du 10 mars 1778, qui autorisait M. Geoffroy d'Assy à clore la rue par une grille. Ses alignements avaient été approuvés par une décision ministérielle du 26 thermidor an VIII (larg. : 6 m) et par une ordonnance royale du 31 mars 1835 (larg. : 10 m). Elle a porté les noms de cul-de-sac de Beauce, de ruelle du Marché, de ruelle du Marché du Marais et de petite rue Charlot. Origine du nom : dû à une enseigne. Rue de Beauce commençant : rue Pastourelle, 8. Finissant : rue de Bretagne, 45. Origine du nom : région du Bassin parisien ; voisinage de la place de France, projetée par Henri IV.

Hélas ! vous avez donc laissé la cage ouverte,
Que votre oiseau s'est envolé ?

Les oiseaux ne chantent plus qu'en cage dans la ruelle qui leur parait dédiée. Des haies d'aubépine n'y berçaient-elles pas des nids mélodieux, avant que le spéculateur Claude Charlot traçât cette rue entre l'hôpital des Enfants-rouges et la rue de Beauce ? On le dirait, mais elle s'appelait à l'âge le plus tendre Petite-Rue-Charlot et ce n'est pas au vol que l'on a pris, pour en enchanter l'écriteau, des oiseaux qui, tout simplement, s'y becquetaient sur une enseigne. Le printemps n'y verdoierait pas sans le marché des Enfants-Rouges, qui, dix ans après, s'est ouvert avec cinq portes, dont une rue des Oiseaux.

Ce marché appartenait en 1750 à Jacques Cassini, conseiller du roi et maître en sa chambre des Comptes, membre de l'académie des Sciences, qui le tenait de sa mère, née Geneviève De Laistre. Ladite épouse de Dominique Cassini, premier astronome du roi, en avait hérité le tiers de son père, Pierre de Laistre, lieutenant général du roi à Clermont-en-Beauvoisis, et de sa mère, Anne Durand. Ceux-ci avaient été donataires de Jean Duflore, pour la moitié de leur part ; ils avaient acquis l'autre moitié des héritiers de Thomas Aubry et de Jean Jacob.

Mlle de Scudéri a demeuré à la fois rue de Beauce et rue des Oiseaux. Elle avait déjà passé l'âge où il est le plus difficile à une femme de fermer sa porte à l'amour, dans une maison surtout qui en a deux. Mais combien il est rare qu'une vie qui se prolonge autant que celle de Mme de Scudéri, n'ait pas aussi plus d'une jeunesse ! Cette dixième muse de l'hôtel Rambouillet avait écrit force romans dans lesquels l'amour jouait un rôle qui nous paraîtrait ridicule ; néanmoins les contemporains s'en régalaient, et l'auteur savait racheter par les agréments de son esprit jusqu'aux disgrâces de sa personne.

La rue de Beauce, plus étroite et plus longue que celle des Oiseaux, qui lui est perpendiculaire, a eu des intermittences d'esclavage et de liberté. Nous l'avons vue fermée à clef du côté de la rue d'Anjou-au-Marais, à la notice de laquelle le lecteur ne ferait pas mal de recourir. Elle a eu sous l'Empire au nombre de ses habitants l'abbé Léger, qui n'avait jamais porté que le petit-collet, mais qui était devenu auteur dramatique, acteur et directeur de théâtre. Ce collaborateur de Désaugiers avait eu la haute-main au théâtre Louvois et au Vaudeville.

 


 

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