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RUE CHILDEBERT
(Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1858. La rue Childebert figurait encore sur la carte de Paris, où la remplacent un tronçon du nouveau boulevard Saint-germain et l'espace nouvellement laissé à découvert devant l'église Saint-Germain-des-Prés. Celle-ci, le cardinal de Bissy, abbé de Saint-Germain-des-Près, l'ouvrit sur l'enclos monacal, dans l'année même où mourut Louis XIV et la dédia à Childebert I roi de France, qui, fonda¬teur de l'abbaye, y avait été enterré en l'année 558. Une fois livrées à la circulation, les rues d'origine conventuelle, comme l'était celle Childebert, ne jetaient pas entièrement le froc aux orties ; elles avaient l'air, en devenant mondaines, de garder le petit-collet. Bien des commerces y restaient interdits, comme le bruit, comme les odeurs mauvaises, et ce n'était lieu de plaisance que pour des âmes délicates, dont la dévotion se prêtait aux accommodements d'une demi-retraite, ou que désaltérait, dans leur soif de s'instruire, la riche bibliothèque des pères. Les rues de Saint-Germain¬-des-Près avaient pourtant leur animation propre ; elles ne sont guère plus vivantes depuis la révolution qui les a mises dans la voirie commune. Aux différents étages des n°s
1 et 3, tels que nous les voyons rue Childebert, des pensionnaires de
l'abbaye avaient leurs chambres, communiquant l'une avec l'autre, au-dessous
desquelles se suivaient des boutiques, où se vendaient surplis
et rabats. Un marchand de vin, nommé Chanfort, égayait le n°10, dès le temps des moines ; plus tard sa veuve prit sa place, en faisant la cuisine pour tous les peintres, sans en excepter un dont le pinceau becquetait une palette aux environs de l'ancienne abbaye. Mme Chanfort servait deux oeufs sur le plat à ses habitués pour 3 sous : confessons qu'elle les faisait cuire dans la graisse. La moyenne du prix de ses dîners n'allait guère qu'à 60 centimes, le vin compris. Qu'on se garde pourtant de comparer son petit restaurant aux gargotes dans lesquelles les rapins d'aujourd’hui sont réduits à prendre leur pâture, moins, saine à coup sûr, mais plus chère !
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