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RUE
DE LA COLOMBE
IVe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1859. Commençant : quai aux Fleurs, 21. Finissant : rue Chanoinesse, 26. Historique : elle portait ce nom en 1223. Origine du nom : probablement ancienne enseigne. Des colombes de l'antiquité faisaient leur nid dans des casques de guerriers, afin de prouver que la bonne intelligence régnait entre Mars et Vénus ; à plus forte raison, ces oiseaux de paix et d'amour trouvaient un refuge facile, au Moyen-Âge, dans les mitres des saints évêques sculptés sur la face des églises, et il n'en manquait pas dans la Cité. Paris est une forêt de Dodone où des colombes à voix humaine ont toujours rendu des oracles ; la plupart sont belles et fêtées, tant que leur coeur est pur de fiel, comme le dit Lucrèce de ses colombes :
Quand la haine succède aux caresses, l'oiseau de Cypris devient une chouette. De la petite rue qui nous occupe parle une charte de l'an 1223, sans dire quelle image douce et blanche, quelle colombe fut d'abord son signé particulier. Peu de filles d'Eve faisaient parler d'elles, depuis la célèbre Héloïse, sur le territoire canonial ; or le cloître de Notre-Dame s'étendait, en suivant la rue de la Colombe, jusqu'à l'extrémité de la rue des Marmouzets. Un amour dénué de poésie y fut tout au plus inspiré à un Italien, M. de Salze, secrétaire de l'ambassadeur de Naples sous Louis XV, par une fille Mercier ; dite la Cauchoise ; son oncle, chantre au lutrin de l'église de Paris, logeait dans une maison, n°10, dont les fenêtres à coulisses et l'escalier de bois à balustres n'ont pas encore changé de physionomie. Cet étranger, qui était abbé de cour, avait rencontré la normande en se rendant chez un chanoine : elle était grande, corsée et brune, mais d'un teint de lait, avec d'aussi blanches dents ; on ne lui reprochait guère que d'être bête et de savoir où demeurait la Varenne, complaisante duègne de la rue Feydeau. M. de Salze fit, offrir une chambre garnie, rue de Beaune, à la colombe sans défense ; mais il y mit une condition, c'est que, revêtue d'un manteau de lit, sans robe qui lui permît de sortir, elle garderait nuit et jour la chambre. La nièce du chantre ne dit pas non et s'envola tout à fait de chez son oncle. La rue ne comptait alors que 6 maisons et 2 lanternes ; c'est seulement en 1811 qu'on l'a prolongée jusqu'au quai. De ses vieilles maisons, qui plus est, la plupart ouvrent sur d'autres rues ; tels sont le 9, le 7 et le 6. Cette dernière propriété, à double face comporte les restes d'une chapelle Saint-Aignan, près de laquelle nous ne pouvions moins faire que de passer deux fois. Une ancienne porte cochère est aussi condamnée au n° 4, dont l'enseigne à Saint-Nicolas doit remonter au Moyen-Âge ; néanmoins sa façade est décorée de rinceaux, et ses fenêtres, de grilles d'appui, qui prouvent une reconstruction datant seulement du dernier siècle. On remarque au 8, grâce aux marches d'un café, un changement de niveau, qui porte à soupçonner que d'anciens fossés servaient par-là de limite au cloître. Nul doute que le sol de la Cité, au lieu de s'abaisser, s'est élevé. Le 12, une construction haute à escalier d'autant plus ténébreux, s'accote depuis longtemps sur le 14, dont le seuil est rue Chanoinesse ; l'origine de l'un et de l'autre remonte à celle de la rue de la Colombe.
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