Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI

RUE THOUIN (RUE DE FOURCY)
Ve arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1867. Rue Thouin, Fourcy-Saint-Jacques, rue de Fourcy, Fourcy Saint-Antoine. La mémoire du naturaliste Thouin ne se rattachait encore par aucune particularité à la rue de Fourcy-Saint-Jacques qui, en changeant de vocable, a agrippé un crochet de celle des Fossés-Saint-Victor. Ouverture : arrêt du Conseil du Roi du 17 avril 1685. Monument classé au n° 4 : restes de l'enceinte de Philippe Auguste. Historique : précédemment, la partie A était comprise dans la rue des Fossés Saint-Victor (sup.) ; la partie B, ouverte sur les fossés de l'enceinte de Philippe Auguste, a d'abord porté le nom de rue de Fourcy, en l'honneur du prévôt des Marchands en poste lors de son ouverture. En 1793, la rue des Fossés Saint-Victor était dénommée rue Loustalot. Elle a porté le nom de rue des Prêtres de la Doctrine Chrétienne. Origine du nom : André Thouin (1746-1824), botaniste ; voisinage du Muséum d'histoire naturelle où il a professé.

Un grand jour pour l'Hôtel de-Ville que le 30 janvier 1687 ! Les édiles ce jour-la traitaient le roi, les princes et princesses du sang, des seigneurs et darnes de la cour. Jamais dîner ne fut plus de gala. Le prévôt des marchands Henri de Fourcy, président de la chambre des enquêtes, servait le roi ; Geoffroy, premier échevin, le. Dauphin ; la présidente dé Fourcy, la Dauphine ; le deuxième échevin, Monsieur, et le dernier échevin, le duc de Chartres.

M. de Fourcy, comme chef de l'édilité, fit combler d'anciens fossés de fa ville, en exécution d'un arrêt. du conseil du 17 avril 4685, pour former la rue de Fourcy-Sainte-Geneviève, amis de Fourcy-Saint-Jacques, dite aussi place Neuve-de-Fourcy d'après Lacaille. Le mur de l'abbaye, dans lequel s'était ouverte la porte Papale de ce monastère, et un jeu de longue-paume en occupaient d'abord tout un coté, ou se trouvait ; au siècle suivant, le marchand de vin Thiéry, à l'angle de la rue Bordet, aujourd'hui Descartes.

En ce jeu de paume avait été monté un petit spectacle par le farceur Legrand, dit Turlupin, et osés deux acolytes, Gros-Guillaume, Gautier-Garguille. Ils venaient tous trois du faubourg Saint-Laurent, où ils avaient été garçons boulangers avant que d'y monter sur les tréteaux de la foire, et ils s'étaient particulièrement arrêtés dans la région du Pont-neuf ; en accomplissant le voyage d'outre-Seine qui avait mis le sceau à leur réputation. Les bouffonneries de ce triumvirat créaient un genre, éminemment railleur, et nous voyons encore des personnages du répertoire de Molière se turlupiner sur la scène.

Les représentations données par Turlupin et Cie près de l'abbaye ne duraient guère que de une heure à deux de relevée ; on en voyait la farce pour 2 sols 6 deniers par place. L'esprit naturel des scènes qu'ils offraient au public avec succès, ne devait rien l'atticisme ; néanmoins les comédiens privilégiés de l'hôtel de Bourgogne se plaignirent de cette concurrence au premier ministre de Louis XIII. Avant de faire droit à leur réclamation, le cardinal de Richelieu voulut se donner un plaisir que tant de monde avait pris à si bon compte sans lui, et qui allait être supprimé. Appelés à jouer au Palais-Cardinal, les trois acteurs y déridèrent si bien son Éminence qu'elle les fit entrer par ordre dans la troupe même de l'hôtel de Bourgogne. Près de là, en 1791, lai place de l'Estrapade eut un théâtre des Muses, qui se ferma l'année suivante.

Les turlupinades, que l'envie avait poursuivies jusque-là, s'étaient pourtant bien éloignées de leur berceau. N'avaient-elles pas, en outre, un voisinage sinistre dans l'Estrapade ? François Colletet, en son poème La Ville de Paris, disait de cet instrument de supplice :

Enfin tu vois bien l'Estrapade,
Triste et douloureuse escalade
Où l'on fait monter quelquefois
Ces grands Violateurs de Loix,
Je parle de Lois militaires,
Qui sont justes et fort sévères ;
Item auprès est le gibet
Où le criminel, au colet
Une fois pris, n'en peut descendre,
Par ce qu'il a gagné le pendre.

En face du susdit Thiéry, la veuve Coménil, née Popin, était propriétaire. Puis venaient : une maison à Nicolas Defays, conseiller aux aides, successeur de Moreau, pelletier ; une maison et un terrain au marbrier Adam.

Le même prévôt des marchands avait fait, en 1684, d'un cul-de-sac la rue Neuve-Fourcy, dite également Sencée, puis de Fourcy-Saint-Antoine, au bout de celle des Nonnains-d'Hyères. Elle avait déjà 1 0 maisons avant le règne de Louis XV, sur la fin duquel l'abbé Terray disposait du n° 1 actuel ; M. Gomont,d'une maison un peu plus haut, et les dames de Bon-Secours d'une autre ensuite. Quant à notre n° 7, il a sans doute dépendu de l'hôtel bâti en 1706 dans la rue Saint-Antoine pour Hénault de Cantorbre, fermier général. Les propriétaires de l'autre rangée, à partir du n° 2 actuel, étaient : MM. Laurent, Jeault, Vincent, les religieux célestins, M de la Tour, encore les célestins et enfin Mme Mauduit.



 

:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI