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RUE DES BATAILLES,
aujourd'hui avenue d'Iéna XVIe arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Il ne survit plus aujourd'hui de la rue des Batailles, principalement, absorbée par l'avenue d'Iéna, qu'une belle propriété, le ci-devant n° 9, et l'ancien siège de l'administration des phares, appartenant à la Ville et appelé à disparaître sous peu. Cet îlot semble surnager, et la mer des démolitions n'a jamais été plus houleuse que dans le haut-Chaillot. Mlle de la Vallière : Or les supérieure et religieuses du monastère royal de la Visitation-de-Sainte-Marie étaient dames de la terre, seigneurie et justice de Chaillot, ainsi que du fief de Longchamp, et la rue des Batailles faisait partie de ce village de Chaillot, englobé par la grande ville en 1786. Henriette de France, reine d'Angleterre, avait présidé à leur installation en achetant pour elles un château, alors en décret, qui avait appartenu à Catherine de Médicis, à Marie de Médicis, à Bassompierre et au comte de Tillières, beau-frère de ce maréchal : Le grand plan de Verniquet assignait au couvent tout l'espace compris entre la barrière Sainte-Marie, assise en regard des deux rues Vineuse et des Minimes, le quai des Bonshommes et la rue des Batailles, celle-ci se reliant au quai par la ruelle d'Hérivault et au couvent par la ruelle Sainte-Marie. Le fief Larcher, auquel touchait d'un seul côté l'une des extrémités de la rue des Batailles, relevait-il de la même seigneurie ? Ces dames, dans tous les cas, n'étaient que justicières honoraires ; elles se contentaient de mettre en possession chaque acquéreur ou héritier nouveau : la signature de la supérieure et des sœurs conseillères de la communauté était nécessaire au contrat chaque fois qu'il y avait nutation et ne se donnait pas gratis. Aussi bien les héritages soumis à cette suzeraineté étaient chargés de quelque redevance annuelle au profit du royal monastère. Par exemple, 5 sols par an de cens et de rente, payables chez les sœurs aux jour et fête de Saint-Étienne, lendemain de Noël, grevaient le n°1 d'à présent.
Les d'Orléans :
Gabrielle d'Estrées
: Quant au complaisant que le petit-fils du régent eut pour ministre de ses menus plaisirs à Chaillot, avant d'en transférer le département sans prête-nom à Bagnolet, eut pour successeur, dans la principale de ses deux maisons, Noury, un conseiller au grand-conseil du roi Louis XVI. Puis vint Mme de Brassier, née de Pomiès, jusqu'en 1792. M. Ducatel laissa plus tard l'immeuble à ses héritiers, dont l'un était M. Baroche, le président du conseil d'Etat. L'extérieur de l'immeuble et devenu tellement bourgeois qu'il faut avoir lu cette notice pour s'y arrêter en passant. Là vue ne s'étend plus aussi librement, du balcon mémorable qui sert toujours de point d'appui sur la terrasse, qu'au temps où s'y penchait la duchesse de Beaufort, titre créé pour Gabrielle d'Estrées. Un procès n'a pas réussi à empêcher qu'on construisît une ou deux maisons à mi-côte ; heureusement elles permettent encore de contempler sans effort le dôme des Invalides, au-delà du fossé que la Seine semble avoir creusé pour faire deux villes au lieu d'une. Mais il fait beau parler des Invalides ! Avec une longue-vue ne découvre-t-on pas le donjon de Vincennes, sans quitter la maison de M. Badonville, qui occupe le n° 3 ? Le père de ce propriétaire ressemblait à Louis XVI d'une manière si frappante que plusieurs incrédules, en l'apercevant dans la rue, doutaient de l'exécution du roi martyr. Les dames de Sainte-Marie possédaient la maison de Badonville avant la déchéance de ce roi.
Néanmoins en 1730 Geoffroi Sinet avait été mitoyen avec
Nicolas Catherine, menuisier. Une seule maison séparait alors celle
du menuisier d'un terrain appartenant à François Mammère,
marquis de Conzier. Venait ensuite une grande propriété à Martin
de Vaucresson, président des trésoriers de France au bureau des
finances, et le marquis de Malaret, succédait dans la même rue à la
veuve de Pennautier, conseiller du roi. Le Député Dangès
: Balzac : Jules Sandeau. L'Hôtel Chabannes, etc : Deux pensions de demoiselles rajeunissent un peu plus loin les bâtiments numérotés 24 et 26. Le premier fut hôtel Chabannes anciennement ; nous n'osons en savoir gré qu'à la famille de Chabannes, comte de Dammartin ; gouverneur de Paris pour Charles VIII, et toutefois ce frère d'armes de Jeanne-d'Arc put avoir lui-même sa maison de campagne au milieu des vignes de Chaillot. L'édifice doit encore beaucoup à une restauration qui date de la Régence, quoiqu'il ait fallu l'agrandir en l'appropriant à sa destination nouvelle. Lord Chatham, ce grand homme d'État de l'Angleterre, a habité l'hôtel Chabannes, lors de la résidence qu'il a faite à Paris sur la fin du règne de Louis XV. On retrouve dans un terrain contigu au jardin des jeunes pensionnaires, et qui faisait encore partie naguère de la même propriété, un superbe groupe d'arbres de Judée qu'on appelle toujours les Judée de Chatham. Sous le premier empire, comme il était question de bâtir un château pour le roi de Rome dans le haut de Chaillot, Napoléon a fait l'acquisition de l'hôtel Chabannes et de ses jardins. M. de Rancey a racheté le tout, sous le règne de Louis-Philippe, dans un moment où une noble dame appartenant à l'émigration polonaise, la comtesse Potocka, l'occupait avec sa famille. Une des plus grandes villas que nous venons de voir appartint à Servandoni, peintre décorateur et architecte. Elle se trouvait alors la huitième propriété avant la ruelle Sainte-Marie. Plus d'une maison de santé a choisi cet étage supérieur de Paris, afin d'y réunir des citadins malades, dont le grand air et la tranquillité accélèrent la convalescence. Celle du n° 31 a été dirigée, dans le principe, par le docteur Tavernier ; celle du docteur Duval fils, qui elle-même a des antécédents, est à l'extrémité inférieure de la rue. L'habitation particulière de M. Klein, teinturier dégraisseur et juge au tribunal de commerce, jouit d'une situation aussi favorable que possible. Paris déroule devant ce belvédère son panorama le plus clair, à cause de la rivière qui baigne des groupes de pierre en les forçant à serpenter comme elle, au lieu de courir la ligne droite, et qui attire, comme par fascination, la plupart des rues dont le parcours, ne lui est pas parallèle. La grande ville à qui la voit de si haut prodigue tellement ses bonnes grâces qu'elle transforme en un doux murmure le tapage infernal de son mouvement sans fin. La propriété de M. Klein vient la dernière, du côté des numéros pairs, à un endroit où siégea le justicier qui faisait pendre les marauds de la prévôté de Chaillot.
Deux anciennes bornes de la ville étaient
encore visibles dans la rue des Batailles en 1789, malgré la construction
du mur d'enceinte dit des fermiers généraux et l'annexion de
Chaillot à Paris.
L'une tenait au mur du sieur Lélu, au coin d'une ruelle ;
l'autre flanquait la maison du sieur Jamard, à l'encoignure
de la ruelle des Blanchisseuses. |
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