Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DU BATTOIR,
aujourd'hui rue de Quatrefages
Ve arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1857. Cette voie a été ouverte sur le territoire de Villeneuve Saint-René. Elle a été appelée rue Neuve Saint-René, rue Saint-René et, en 1603, rue du Battoir, puis rue de Quatrefages ; l'origine de cette dernière appellation vient de Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892), naturaliste ; voisinage du Muséum d'histoire naturelle.

Nous n'avons pas de brillantes promesses à faire aux amateurs qui hésiteraient à s'engager, sur nos traces, dans la rue du Battoir. La région du Jardin des Plantes est, d'ordinaire, plus riche en souvenirs. On a du reste, confondu d'ancienne date avec la rue Gracieuse et une autre qui la touche celle dont il s'agit.

L'Hôpital Général y était propriétaire en L'année 1741 de quatre maisons qui se suivaient à droite en partant de la rue Copeau, et dont la seconde, à l'enseigne du Battoir, avait plusieurs jardins. Aujourd'hui le 13, à l'une des encoignures de cette rue Copeau, érigée en rue Lacépède depuis peu, est une construction qui paraît remonter un peu plus haut que la date précitée.

Un square, comme on en voit à Londres plus qu'à Paris, c'est-à-dire un groupe de maisons n'en faisant qu'une pour les dégagements et pour une cour plantée d'arbres ; un square d'assez belle apparence a toutefois le défaut de former dissonance avec la porte majestueuse d'un n° 9, qui nous rappelle celle de plusieurs des petits collèges du moyen âge qu'absorba le collège Louis-le-Grand vers la fin du règne de Louis XV. Sous le gouvernement conventionnel, aucun des bâtiments de cette cité n'était debout ; une maison plus modeste, mais du même âge que la porte, restait à cette époque au milieu du jardin qui égayait sa solitude, bien que l'horticulture ne s'y ressentît pas du voisinage de l'ex-jardin du Roi.

Une dame Caudon, qui avait tenu sous Louis XV un café rue de l'Arbalète, et dont précisément l'établissement est indiqué dans l'almanach de 1769, logeait de sa personne dans cette maison de la rue du Battoir, et avait pour sous-locataire la ci-devant comtesse de Schomberg, héritière suprême du nom du maréchal Schomberg. Bien que plus d'une visite honorât la vieillesse de cette noble veuve, presque aussi émigrée dans ce quartier-là qu'a Coblentz, elle s'y trouvait plus souvent en face de la misère que des consolations de la bienveillance. Le Directoire rendit bien quelque espoir à Mme de Schomberg, qui dépouilla alors l'incognito ; mais elle n'était plus d'âge à accepter d'échéance à long terme, et sans désespérer de l'ancienne cour, qu'elle avait à regretter, elle prit gaîment son parti des airs de fête qui en annonçaient une nouvelle. On raconte que la pauvre dame, bien qu'elle manquât de bois pour se chauffer et de rideaux, à sa fenêtre, s'habilla néanmoins, jusqu'au dernier moment, avec une survivance de coquetterie, moins compatible encore avec les ressources de son vestiaire qu'avec son âge. Sa mante laissait à désirer, sa robe trahissait un peu plus que la gêne, son bonnet était veuf comme elle, veuf d'un des deux rubans qui l'eussent tenu droit sur la tête ; mais elle avait un beau jupon d'une soie verte tellement épaisse qu'il avait résisté, comme sa philosophie, à toutes les révolutions. La vieille comtesse de Schomberg, quand elle enjambait un ruisseau, n'osait retrousser que sa robe ; et comme elle n'était pas surchargée d'embonpoint, quelquefois un galant la prenait encore, par-derrière, pour une bourgeoise déchue d'un âge consolable, et elle en savait gré au jupon vert, qui avait vu lui-même des temps meilleurs. Mme Caudon lui avait conseillé étourdiment d'en faire une robe. Oh ! que non pas, avait-elle répondu. Une femme doit toujours avoir un jupon propre. On rencontre tant d'insolents !

Or d'où venait la rue où nous sommes ? L'abbé de Sainte-Geneviève était propriétaire d'un terrain qu'il donna en 1540 à Réné d'Ablon ; ce particulier y ouvrit la rue qui s'appela rue Neuve-Saint-Réné, avant d'être la rue du Battoir. En 1714 on y énumérait 7 maisons, 3 lanternes.


 

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