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RUE DE BAILLET,
Ier arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Le Trésorier du Dauphin. Les Chartreux.
Le Comte d'Artois au Violon. L'Auberge : Le 2 est un café au rez-de-chaussée ; mais il a son entrée rue de Rivoli, et ce fut un couvent de chartreux, qui avait si bien, englobé le séjour de l'argentier qu'il en faisait son discrétoire. Ces religieux quittèrent la rue Baillet pour se réunir à leurs confrères de la rue d'Enfer ; mais la Grande-Chartreuse conserva jusqu'à la fin des droits féodaux sur un côté de leur ancienne rue, dont l'autre côté dépendait principalement du fief de Garges. La maison où un limonadier débite, après la demi tasse, la liqueur inventée précisément par des chartreux, appartient à M. Guérin, ancien, pharmacien, inventeur de deux aliments qui ont souvent été préconisés dans la quatrième page des journaux, la pâte de Nafé d'Arabie et le Racahout des Arabes. Et, chose assez bizarre, si l'on démolissait l'une de ces deux maisons jumelles, n° 2, n° 4, il faudrait que l'autre y passât avec elle. Les corps de cheminées y sont comme les deux branches d'un même tronc, d'arbre, et ils se croisent à travers les murs mitoyens ; les caves, en s'emboîtant aussi comme les morceaux d'un même jeu de patience, semblent une poignée de mains cachée, que se donnent sans cesse l'un et l'autre édifice, malgré la division que leur impose le cadastre. Le 6 était aussi l'un des bâtiments du couvent ; sur un des piliers de sa façade on pouvait lire encore, il y a quelques années, les lettres C H. La maison qui porte le chiffre 3, appartenait encore au même établissement religieux ; la dépense et le cellier des chartreux étaient de ce côté, et il existe encore, sous le pavé de la voie publique, une porte de communication entre les caves des deux rives. Un des logements qu'on avait faits de ladite propriété, se trouvait celui de Chéneau, commissaire de police, quelques années avant la prise de la Bastille. La loge actuelle du portier, servait en ce temps-là de violon. Le comte d'Artois y fut amené incognito par un sergent du guet, qui l'avait arrêté à la suite d'une querelle que ce prince avait eue avec un perruquier, et dans une maison qu'on eût flattée en la disant suspecte, voisine de la Halle-au-Blé. Cet emprisonnement éphémère laissa peut-être assez de souvenirs dans l'esprit du roi Charles pour lui faire respecter autant que possible la liberté individuelle, et l'histoire prouve, d'ailleurs, que la captivité, même celle qui dure, c'est fort pénible à dire, fait ensuite les bons princes. Si les lettres de cachet ont cessé d'avoir cours, sous le règne de Louis XVI, c'est que presque tous ceux qui pouvaient en signer en avaient eu déjà à leur adresse. Le 8, enfin, n'est autre qu'un petit hôtel garni dont le modeste achalandage, dans une rue qui n'a rien à envier pour l'âge à ses voisines, remonte tout au moins à cent ans. La rue comptait alors 10 maisons, et son luminaire était à 3 becs. D'Hôte, aubergiste, y servait à son monde des repas de 4 à 15 sols. Ses plus notables voisins étaient M. Boursier de Lille, secrétaire du roi, M. Gelez, avocat aux conseils, et son confrère M. Poriquet. |
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