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RUE BECCARIA et
PLACE D'ALIGRE,
naguère Rue de Beauvau et place du Marché-Beauvau, XIIe arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Les ci-devant rue Lenoir et place du Marché-Beauvau sont dites aujourd'hui rue et place d'Aligre, et la rue de Beauvau, Beccaria. Le nom de ce jurisconsulte italien du siècle précédent avait été donné de notre temps à une rue qui longeait la prison de Mazas ; mais cette rue ayant disparu pour faire place à l'avenue Daumesnil, ou en a transporté l'estampille à la rue de Beauvau. Celle-ci aurait-elle quelque chose à démêler avec l'auteur du Traité des Délits et des Peines ? Mme de Beauvau-Craon était abbesse de Saint-Antoine-des-Champs, et M. d'Aligre premier président au parlement, au moment où la rue de Beauvau, la rue d'Aligre et la rue Lenoir furent percées sur les dépendances de ladite abbaye, aujourd'hui l'hôpital du Faubourg-Saint-Antoine. Un marché de foin et de paille, qui se tenait en face de ce monastère féminin, fut transféré au même temps, c'est-à-dire en l'année 1777, sur une place attenante aux trois nouvelles rues ; place et marché avaient également pour marraine la supérieure du couvent, et le tout en vertu de lettres patentes accordées par le roi Louis XVI à ses « amées et chères les abbesse, prieure et religieuses de l'Abbaye royale de Saint-Antoine-des-Champs de Paris. » L'architecte Lenoir, dit le Romain, avait été chargé de présider à la division des terrains distraits de l'abbaye royale : il fournit en même temps le plan de ce marché Beauvau, qu'on appelait aussi quelques années plus tard place et marché de l'abbaye Saint-Antoine. On sait quel rôle fut joué par le foin et la paille de la place Beauvau, dans l'assaut mémorable que le peuple livra à la Bastille, avant que de n'en pas laisser pierre sur pierre. Par décret impérial du 30 janvier 1811, la Ville devint propriétaire du marché, qu'elle fit reconstruire de fond en comble l'année 1843. On y débite maintenant beaucoup de choses qui ne se mettent ni au râtelier ni en litière. Kornemann, celui même qui a été longtemps en procès avec Beaumarchais, avait spéculé tout d'abord sur la sécularisation d'une portion du domaine monastique. La maison qu'on retrouve n° 10 rue de Beauvau, fut bâtie, sous Louis XVI, pour la manufacture de papiers peints dirigée par Raimbaud, émule de Réveillon. Aujourd'hui c'est encore une propriété particulière, mais occupée par les Petites-Soeurs des Pauvres ; ces religieuses y reçoivent des vieillards, et leur hospitalière maison est sous la protection de dames charitables, parmi lesquelles figure Mme la comtesse de Bar. |
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