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RUE LAPLACE,
naguère rue des Amandiers-Sainte-Geneviève, Ve arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1855. Postérieurement la rue des Amandiers-Sainte-Geneviève, donnant presque en face de l'École polytechnique, a reçu le nom du géomètre Laplace, qui avait été président du Sénat sous le premier empire.
L'Auteur du Roman de la Rose : Le Collège des Grassins : La pédagogie des Grassins se composait, à l'origine, d'un principal et de six grands boursiers, étudiants en théologie ayant déjà subi un examen, plus six petits boursiers d'humanités et de philosophie. Chacun des grands boursiers, suivant le vœu du premier bienfaiteur, avait à surveiller les études de deux élèves de la catégorie suivante. C'était un commencement d'enseignement mutuel, dont Pierre Grassin était le créateur. L'archevêque de Sens avait à nommer ces boursiers, et il devait les prendre de préférence parmi les pauvres écoliers de son diocèse. Il fallait que le principal fût docteur régent licencié, ou au moins reçu bachelier en la faculté de théologie de Paris. En vertu de lettres patentes du mois de mai 1696, une fondation du même genre, faite en faveur de pauvres écoliers irlandais, fut transférée au collège des Grassins ; mais cette agrégation ne fut que temporaire, les Irlandais passèrent au collège des Lombards quatorze années après. Les écoliers de la rue des Amandiers étaient mal partagés à cette époque, malgré des libéralités nouvelles dont ils avaient été l'objet. Quelque temps le nombre de leurs bourses avait été croissant ; mais un arrêt du parlement en suspendit douze d'un seul coup pour que l'institution mit ordre à ses affaires. Un quatrième membre de la famille Grassin, seigneur d'Arci, directeur général des Monnaies de France, tint a prouver que bon sang ne ment jamais, en ajoutant au bienfait de ses aïeux ; les finances du collège s'en ressentirent favorablement ; toutefois, les bourses supprimées ne purent pas être rétablies. Le traitement du principal avait été réduit à 300 livres ; celui du procureur gérant, à 100. Le collège ne possédait, plus que cinq petites maisons et 246 livres de rentes sur les aides et gabelles : il fallait donc user de parcimonie. Le supérieur majeur de la maison était toujours l'archevêque de Sens ; son aveu était nécessaire pour que les dépenses imprévues excédassent par an 300 livres, et le censeur, officier révocable, avait besoin de la signature du principal pour toute somme à payer qui dépassait 30 livres, ainsi que pour toute action à intenter en justice. Grâce à ces précautions sévères, les bâtiments furent remis en état, et il y eut même, vers 1780, une somme de 10,000 livres, économisée par deniers, qu'on put placer sur les États du Languedoc. Heureusement les études florissaient dans l'établissement de la rue des Amandiers, quel qui en fût le revenant-bon. Edme Pourchot, auteur de livres de philosophie, professeur aux collèges dés Grassins et Mazarin, fut sept fois recteur de l'université. Aux Grassins appartient l'honneur de l'initiative en ce qui regarde l'impression du livret de la distribution des prix. Pour exciter l'émulation des classes, le principal fit imprimer les noms de tous les lauréats de sa maison, depuis 1747 jusqu'à 1780, sais oublier les accessits : des lettres d'or distinguaient le prix d'honneur. Outre les huit chaires ordinaires, le collège était fier d'en avoir une de grec, fondée par le sieur Dairaux, principal, et qui était à la nomination du tribunal de l'université de Paris.
L'Élève Chamfort : L'Hôtel du Principal et son Entourage : Un de ses prédécesseurs, maître François du Moutier, avait laissé au commencement du règne de Louis XIV son nom à un hôtel situé par derrière et cet hôtel à ses héritiers. Une reconnaissance passée par ledit principal à l'abbaye Sainte-Geneviève avait eu pour objet : sis corps d'hôtel, une grande cour, une chapelle, plusieurs petites cours et un jardin, rien que pour le collège, avec seconde entrée par la rue des Sept-Voies. L'ancienne porte, rue des Amandiers, arborait en ce temps-là une Diligence pour enseigne, à cause d'un bureau de coches pour la province qui s'y tenait. Une maison adjacente, avec un Pélican pour image, appartenait aux Grassins. Le collège était mitoyen, de l'autre côté, avec l'Occasion, appartenant aux boursiers de l'Ave-Maria. Puis venaient : Saint-Nicolas, à Gérarde Batelard, veuve Regnault ; le Nom-de-Jésus, à Pierre Marchant ; Sainte-Geneviève, à l'avocat Veyras, faisant le coin de la rue, avec issue sur le cul-de-sac du Carrefour-Saint-Étienne. Trois maisons, dites Saint-Marc, Saint-Mathieu et Saint-Jean, précédaient cet hôtel. L'hôtel de Belle-branche, dont elles avaient fait partie, était presque à l'autre bout de la rue, et le Dauphin gardait l'encoignure. Aujourd'hui les hospices possèdent, dans cette petite rue des Amandiers-Sainte-Geneviève, une bonne part de l'ancien collège, et la rue de l'École Polytechnique doit quelque chose à son jardin. C'est dans le fond de la maison principale qu'ont été faits par M. Leullier les premiers essais de bouillon en tablettes. Pichegru. Une Gravure de Poncelin : La grande porte des Grassins n'avait été celle d'un bureau de voitures qu'à l'époque où ils avaient dû se faire petits pour rétablir l'ordre dans leurs finances. Nous revoyons cette porte n°12. Mais comme la maison est appelée à disparaître au premier jour, ainsi que la plupart de celles de Paris qui nous rappellent quelque chose, nous renvoyons d'avancé les amateurs à l'Histoire civile, ecclésiastique, physique et littéraire de Paris, par Béquillet, parue en 1781 et ornée de planches par Poncelin. Le haut d'une jolie gravure à deux compartiments y représente la cour du collège, avec des écoliers qui jouent devant, leur chapelle à rosace, jadis bénite par un évêque de Digne sous l'invocation de la Vierge. Le soubassement de l'image donne la porte. |
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