Notice écrite en 1856. L'impasse d'Amboise n'avait pas encore changé de nom, place Maubert.

N°S 4 et 6 :
Plus d'un procès a révélé qu'il y a beaucoup plus d'empoisonneuses que d'empoisonneurs. Ainsi, parmi les crimes sans nombre dont les annales prouvent que notre sexe est beaucoup plus pervers que l'autre sexe, on en trouve deux, rien que deux, dont les femmes ont en quelque sorte le monopole : l'infanticide, l'empoisonnement. A notre époque encore, il y a plus d'une fille d'Ève qui, faute de fruit défendu, cherche à connaître les substances dont l'usage n'est permis qu'en pharmacie ou en chimie. On en voit de fort attentives suivre le cours de M. Chevreul, sur les bancs de l'amphithéâtre du Jardin des Plantes, et remarquez un peu comme leurs yeux brillent lorsque le savant maître fait circuler une fiole nouvelle entre les mains de ses élèves de tout âge !

Il y a environ un siècle, la propriétaire d'une maison dont il ne reste que de tristes débris, impasse d'Amboise, 4 et 6, aurait pu être nommée à une chaire de toxicologie. Elle avait pour complices deux autres femmes, fabricant et vendant des essences vénéneuses. La partie volatile, les gaz que dégageait leur marchandise, finirent par tuer raides ces Locustes ; du moins, on les trouva empoisonnées, comme trois rats, dont la mort n'entraîne pas de deuil.

Ce cul-de-sac (car cet ancien mot est fort juste, quoi qu'en dise Voltaire, qui prétend qu'une impasse ne ressemble ni à un sac, ni à l'autre partie du mot), ce cul-de-sac d'Amboise tient la place d'un antique hôtel du même nom, antérieur au siècle XIV, et du collège grec ou de Constantinople, fondé en l'adnée 1206 et réuni en 1420 au collège de la Marche.