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RUE BERTIN-POIRÉE,
Ier arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Bertin Poirée, un des habitants de cette voie au commencement du XIIIe siècle. Une partie portait dès 1240 le nom de Bertin Poirée. La seconde était anciennement appelée place Bertin Poirée ; elle avait été formée par la démolition d'un îlot de maisons séparant la ruelle des Quenouilles de la rue des Fuseaux. La ruelle des Quenouilles avait porté successivement les noms de rue Simon de Lille (XIVe siècle), rue Jean de Lille ou de rue Sac Epée (XVe siècle), ruelle de la Quenouille et ruelle des Trois Quenouilles (XVIe siècle). La rue des Fuseaux, englobée par la rue Bertin Poirée, portait au XVe siècle le nom de Jean Dumesnil. Origine du nom : Bertin Poirée, un des habitants de cette voie au commencement du XIIIe siècle.
Chronique locale des XVIle et XVIIIe siècles : La construction d'après nous parait encore plus séculaire ; sa marque de fabrique est l'œil-de-bœuf dont reste poinçonné le bâtiment du fond. Du plus loin que nous sachions, elle appartenait à Renard de Cherbourg et elle était grevée de 3 livres 5 sols et 10 deniers de rente au profit de la chapelle des Cinq-Saints, laquelle faisait partie de Saint-Germain-l'Auxerrois et avait pour chapelain le sieur de Braquemont, chanoine. Le 13 également sent son vieux temps, malgré bien des réparations ; c'était une résidence parlementaire, avant que la rue tout entière eût remplacé par de bons gros marchands ces magistrats de vieille roche, que leur indépendance inamovible nous ferait prendre pour des étudiants brouillons, qui ne reconnaissent avoir d'obligation qu'à leurs familles, tout au plus. Mais on peut dire aussi des rues qu'elles varient : bien fol est qui s'y fie ! Le quartier n'a-t-il pas lui-même chanté de commerce ? Il a eu quelque temps la toile, qui a couru peut-être après la robe, mais qui s'est arrêtée dans tous les cas rue du Sentier. La rue Bertin-Poirée fût restée à certain moment aussi nue qu'un petit saint Jean, si la bonneterie en gros n'était pas venue la remmailloter. Les fourrures avaient commencé par la tenir trop chaudement ; mais la Révolution devait à sou tour, lui donner un refroidissement, en ne la découvrant que trop ; en 1789 elle tenait encore le bureau de la corporations des pelletiers. Alphonse Karr prononce, dans le Siècle, de spirituels réquisitoires contre les fraudes commerciales ; rappelons-lui qu'autrefois les syndics de chaque corporation visitaient et jugeaient disciplinairement leurs confrères, ce qui maintenait le niveau d'une certaine probité dans la profession, outre que l'ambition de tous les membres était de parvenir au syndicat, en se montrant honnêtes gens à l'envi : Les fourreurs de nos jours passent, comme les épiciers, pour être plus sujets à caution. La communauté des fourreurs fusionna, sous Henri III, avec celle des pelletiers, et leurs membres prirent collectivement le titre de maîtres et marchands pelletiers, haubanniers et fourreurs. Leurs armoiries étaient un agneau pascal d'argent en champ d'azur, à la bannière de franco de gueules, avec une croie, depuis une concession royale qu'avait obtenue de Charles V en leur faveur le Duc de Bourbon, comte de Clermont, grand chambellan de France, qui, disaient-ils, avait été leur chef. Ce corps, le moins nombreux, mais le plus brillant des six corps de marchands, ne s'y contentait pas du quatrième rang : il aurait voulu que la mercerie lui cédât le pas dans les cérémonies. Les statuts portaient à 4 ans la durée de l'apprentissage, à 60 livres les frais du brevet, à 600 ceux de la maîtrise. La fête du Saint-Sacrement était chômée comme sienne par toute la compagnie. Ajoutons que les chapeliers et les bonnetiers en faisaient partie depuis 1776. La même rue avait pour habitants des fières tailleurs qui mettaient en commun la prière, le travail, les aliments, le gîte. Les membres de cette association ouvrière et religieuse, qui travaillait pour Dieu et le public, ne prononçaient pas de vœu. L'ancien hôtel frappé du chiffre 15 a deux portes, dont une vieille et magnifique ; le président Lamoignon l'a franchie, rendant des visites à une dame Lamoignon. Le 17, pour être neuf sur la rue de Rivoli, n'en compte pas moins deux siècles, ou peu s'en faut. Il en est de même du 7, dont la façade s'est maintenue presque intacte ; le commerce du drap et de la toile y tient bon depuis plus de cent ans. Le 5 a survécu au For-l'Évêque, son ancien vis-à-vis. Dans les mêmes parages que les frères tailleurs, à l'angle de la rue Jean-Lantier, le collège de la Marche, comme propriétaire, paya le cens à l'évêché, puis à l'archevêché. Une autre maison, celle-là était carrée et presque aussi rapprochée de la rue des Deux-Boules que de la rue Jean-Lantier, appartenait avant la Révolution au peintre Grillet ; trois autres, au marquis d'Auriac ou Doria ; une autre encore, à M. Chassepot de Beaumont. Les premières années du même siècle avaient vu la propriété se décomposer, dans la presque totalité de la rue Bertin-Poirée, comme il suit : Mais ce n'est encore là que de l'histoire moderne pour une rue qui a pu volontairement fournir son contingent d'hommes d'armes aux deux dernières croisades. |
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