Notice écrite en 1864, avant l'abatis de maisons et l'abaissement de niveau qui font litière à la nouvelle rue Monge, entre les n°s 15 et 25, 20 et 26 de la rue Lacépède. Précédemment, rue Copeau. Cette voie a été désignée sous les noms de : chauciée Coupeaulx, chemin de Cupels, Coippeaulx, de Coupeau et Coipeau. Origine du nom : Bernard Germain Etienne de La Ville, comte de Lacépède (Agen, 1756-1825, Epinay-sur-Seine), naturaliste et écrivain français ; voisinage du Jardin des Plantes.

Le Copeau. Les Caresses de la Bievre. Le Fief. La Pitié Goupy de Morville. La congrégation de Notre-Dame. Le Cuir et l'Amidon. A qui appartenait chaque Maison vers 1660 :
La rue Lacépède, née Copeau, n'a contracté qu'en 1833 une sorte de mariage de convenance arec la mémoire d'un savant naturaliste, mort à Épinay sous la Restauration. Ce rapprochement, moins intime qu'idéal, avait-il de quoi réjouir le quartier du Jardin des Plantes ? Les voisins se fussent mieux trouvés, tant à Bercy qu'à l'Entrepôt, de moindres noces tant soit peu célébrées et mettant une futaille en perce à la santé des deux époux. Cette union, hélas ! avait tout l'air d'une réparation posthume, la pire des réparations ! Heureusement pour la rue, elle n'était compromise que par Vautrin, personnage odieux de roman, que Balzac y faisait dîner à table d'hôte, effrayant les convives réels ou les chassant de dix pensions bourgeoises à bon marché et en bon air. Le comte de Lacépède laissait un nom répugnant à toute mésalliance la rue portait celui d'une butte, car le vieux mot copeau signifiait butte, et cette éminence de terre avait reçu, en passant tête de fief, ses lettres de noblesse.

Elle se jette encore dans la rue Saint-Victor (Présentement cette extrémité de la rue Saint-Victor est la rue de Linné), où donnaient le plus ouvertement, sous le règne de Philippe Auguste, les terres et le moulin de la Bièvre, mitoyens avec les terres d'Alez, les clos Mouffetard et du Chardonnet, les bourgs Saint-Marcel et Saint-Victor. Guy de la Brosse, le botaniste célèbre, eut ce petit, fief baigné de deux côtés, plus tard le moulin, avec une maison et un grand jardin, que le cours d'eau embrassait encore : son gendre, noble homme Henri Fagon, se laissa tout saisir en 1643. Le morcellement qui s'ensuivit n'était, certes, pas le premier.

D'après une sentence du Châtelet, le fief Copeau proprement dit ne mesure plus en 1694 que 2 arpents et 19 perches 4/4, comportant la maison, entre cour et jardin, du sieur Germain, ultérieurement au sieur Loyauté. Néanmoins, pendant le plus grand nombre des années du siècle suivant, le séminaire Saint-Sulpice dispose non-seulement du moulin, mais encore de bâtiments, jardins et marais y attenants. Dans la même rue que ces deux propriétés, dite alors du Jardin-du-Roi, mais ci-devant Grande-Rue-Copeau, se dressera postérieurement le belvédère du Jardin des Plantes, sur l'ancienne butte Copeau. Notre rue, tout d'abord de la Chaussée-Copeau, porte longtemps le nom tout court du fief ; mais bien des tâtonnements ont fait écrire Cupels, Coupeaulx, Coypeaux, avant Copeau.

Fondation en 1612 de l'hôpital Notre-Dame-de-Pitié, pour y garder de vieux mendiants, bientôt appelés les Enfermés. On y reçoit ensuite les enfants pauvres, de 4 à 12 ans, qui sont mis en apprentissage dès qu'il ont fait leur première communion, et en ce temps la Pitié est le chef-lieu de l'Hôpital-Général, dont les autres maisons sont la Salpetrière, Bicêtre, puis le Saint-Esprit.

Le lion de la rue, comme on dirait maintenant, a nom de Morville à l'époque où Nicolas Rigault, philologue et ami de l'historien de Thou, vient le voir en son hôtel et s'y rencontre avec le jeune Cinq-Mars. N'appartient-il pas à la branche Goupy de Morville, dans la descendance de Jacques Goupy et d'Ambroise Paré ; que leurs talents en médecine et en chirurgie ont fait attacher à deux rois, Henri II et Charles IX ? Cette branche cadette s'est éteinte en 1781 dans la personne d'un gendarmé de la garde du roi, commissaire des guerres ; mais la branche aînée des Goupy n'a pas cessé de florir. M. Goupy, auditeur au conseil d'Etat, gendre de M. Baroche, garde des sceaux, survit à son aïeul M. Louis Goupy, poète et traducteur d'auteurs latins.

Imbert Porlier, recteur de l'Hôpital-Général, acquiert, le 13 octobre 1673, l'hôtel Mautauban, en face de fa Pitié, pour y placer des chanoinesses déjà établies au coin de la rue des Jeûneurs et de la rue Saint-Fiacre. Ces augustines de la congrégation de Notre-Dame, une fois installées, s'agrandissent, et leur porte principale est rue Neuve-Saint-Etienne ; mais à la même époque elles ont une autre issue ruelle Mautauban, vis-à-vis l'hôpital.

Le bureau professionnel du Cuir et de l'Amidon, c'est-à-dire des fabricants de cuir et des fabricants d'amidon, avoisine la Pitié en 1787.

Aussi bien l'ancienne rue Copeau ne se refuse pas à nous dire, quels étaient les propriétaires de ses maisons il y a aujourd'hui deux siècles :