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PASSAGE DU BOIS-DE-BOULOGNE,
aujourd'hui passage Brady Xe arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Un clerc d'avoué, passablement râpé, qui en était réduit à la portion congrue de ses appointements à l'étude, et qui n'avait pas même pris ses grades en droit, se trouva fort au dépourvu quand l'âge de traiter d'une charge, ou de se faire avocat, fut venu. Comment eût-il visé à passer chef d'emploi sur le théâtre de la procédure ? Il allait être forcé de se rabattre sur la littérature ou la petite Bourse sans le hasard providentiel qui amena, un beau soir d'été, dans la chambre d'hôtel touchant la sienne, une jeune personne orpheline et fraîchement sortie de la maison de la Légion-d'Honneur, escortée d'un ancien capitaine, son tuteur ; elle arrivait de Saint-Denis, par l'omnibus dont le bureau fait presque face à ladite hôtellerie. Cette nouvelle débarquée avait hérité d'un procès d'où dépendait tout son avoir, et le tuteur avait pris un avoué chez lequel fut reconnu le clerc qu'elle avait remarqué en se mettant à la croisée au Massage du Bois-de-Boulogne. Gain de cause ne fut pas plus tôt obtenu qu'elle en attribua tout le mérite au pauvre diable, qui la mangeait des yeux, dans son étude comma dans son hôtel. A quelques mois de là leur mariage était célébré : la jeune personne avait eu le crédit d'obtenir, au moyen de sa dot avancée comme cautionnement, une recette particulière pour l'ancien clerc jusque-là sans avenir. Depuis cette bonne fortune, bien des scribes et jusqu'à des saute-ruisseaux affiliés à la basoche semblent s'être donné rendez-vous dans l'hôtel occupant le rond-point du passage, qui ne s'écarte pas à cela prés de la forme de l'équerre la plus régulière. Les mansardes, nous assure-t-on, y sont surtout retenues à l'avance. Il y a même des jeunes gens à lunettes, avec un dossier sous le bras, bien peignés et rasés de près, qui, au lieu, de passer leurs soirées dans un café ou dans une salle de bal, vont et viennent, avant de se coucher, dans, ce bois de Boulogne sans verdure, entre le bureau des voitures et la grille du faubourg Saint-Denis. – Hommes noirs, d'où sortez-vous ? leur demande des yeux chaque : sergent-de-ville qui passe. – Nous attendons la voiture de Saint-Denis. Une grande guinguette a exploité, dans le principe, ce conduit, qui est ù découvert en dehors des trois ou quatre bâtiments sous lesquels rasent la terre les deux ailes de son angle droit ; les commis de la rue Saint-Denis s'y mettaient à l'affût d'aventures plus faciles et dont les suites n'allaient pas aussi loin. Le bal portait ce nom qui déroute bien des étrangers et donne lieu à bien des quiproquos. Que de fois un provincial s'est fait porter, avec sa valise de voyage, entre la porte Maillon et Bagatelle, en vue de descendre à l'hôtel du Bois-de-Boulogne ! Presque tout le passage appartient à M. Dyvrande, que nous avons connu lui-même avoué, et dont la femme se faisait remarquer dans le monde par sa beauté. Du côté de l'ancienne rue des Fossés-Saint-Denis, aujourd'hui boulevard Saint-Denis, Mme Grillé de Beuzelin est propriétaire d'une maison qui sert de limite à ce chemin de communication assez fréquenté ; les deux corps de ce bâtiment sont reliés par un petit pont derrière la grille. |
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