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RUE DE NESLES,
naguère d'Anjou-Dauphine
(D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1856. Depuis est survenu dans la dénomination de la rue un changement, qui rappelle qu'elle avoisina longtemps le grand et le petit Nesles.
N° 2, 3, 8, 13 : Tout sentirait le moisi dans cette vieille ruelle si, dans le nombre des ouvrières brocheuses qui y travaillent ou qui l'habitent, il n'en restait pas de piquantes, que l'air conservateur d'un autre temps a conservées grisettes. Il n'y a pas que des duègnes et des bossues dans les logements d'une maison que le tassement à contrefaite et que les lézardes ont balafrée, avant de se couvrir d'emplâtres. II faut pourtant convenir que, pendant la Révolution, le cul-de-jatte Martin, tireur de cartes, paraissait à sa place dans un galetas, sous les toits de ce 8 ou de ce 13. L'escalier de l'étage suprême était étroit et rappelait un mot d'Horace : Angustam pauperiem pati. Martin, qui affichait une pauvreté cynique, gagnait néanmoins pas mal d'argent. La maison de la rue d'Anjou n° 2 montre sur la rue Dauphine, au-dessous de la boutique d'un graveur, un Hercule en terre cuite qui porte un monde en cuivre : cela n'est pas assez mal fait pour qu'on ait eu raison de le cacher sous une couche de peinture verte. Un marchand de drap s'est gratifié de cette enseigne vers la fin du règne de Louis XVI. Le 3 ne fut-il pas un lieu de rendez-vous pour Henri IV et la belle Gabrielle ? Cette maison, qui fait aussi le coin de la rue Dauphine, a gardé, dit-on, rue d'Anjou l'entrée secrète de l'auguste vert-galant. En 1714 on comptait, rue d'Anjou-Dauphine, 10 maisons, éclairées
seulement par 2 lanternes, comme pour favoriser encore le mystère et
l'amour nocturnes, malgré Mme de Maintenon. |
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