Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI

L'ÎLE DE LA CITÉ, ÎLE SAINT LOUIS
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)


Pont au Change, Tribunal de commerce et Palais de Justice.

L'Île de la Cité, qui fut la Lutèce tout entière des Gaulois, des Romains et des rois franks des deux premières races, est demeurée le centre du Paris moderne.

Avant d'y pénétrer, on peut la contempler d'ensemble, le meilleur point de vue étant le centre du pont du Carrousel ou du pont des Arts, bien que celui-ci soit un peu rapproché. Au milieu de la Seine, qui atteint en ce point sa plus grande largeur (un peu plus de 276 mètres), appuyant sa pointe au centre du Pont-Neuf, qui l'unit aux deux rives du fleuve dont il traverse les deux bras, la Cité se présente comme un énorme navire vu en raccourci par son avant. Elle en a les flancs curvilignes, la haute stature, la masse imposante, la mâture élancée et fière, dont les pointes audacieuses s'élèvent vers les cieux. A gauche, les tours en poivrière du palais de Justice, et à droite, à un plan de plus vers l'horizon lointain, la flèche de la Sainte-Chapelle ; plus loin, la lanterne octogone du Tribunal de commerce ; enfin, plus loin encore, les trois sommets de Notre-Dame de Pâris, la flèche entre ses deux tours.

La comparaison de la Cité avec un navire à l'ancre au milieu du fleuve revient à chaque instant sous la plume des descripteurs de Paris ; elle est devenue banale, mais elle s'impose par sa frappante vérité. La statue de Henri IV elle-même, érigée sur le terre-plein qui domine la pointe d'aval, n'est-elle pas la figure symbolique que les navires de toutes les nations attachent à leur extrémité ?

A partir de cette esplanade, on peut faire en une demi-heure le tour de la Cité, en suivant la route circulaire des quais qui forment sa ceinture. Commençons par le quai de l'Horloge, appelé jadis des Morfondus, parce qu'il est sous le vent du nord : on longe d'abord les maisons adossées à la place Dauphine jusqu'à la rue du Harlay, construites dans les premières années du XVIIe siècle, et maintenues intactes au moins dans leurs façades extérieures, comme aussi dans leurs escaliers en échelle de meunier, dont quelques-uns gardent une grosse corde en guise de rampe. Les nombreux étages de ces maisons sont séculairement

Aux tours Notre-Dame.

occupés par trois ou quatre industries spéciales ; les opticiens y dominent, d'où vient le nom de quai des Lunettes, sous lequel nos pères désignaient familièrement le quai des Morfondus ; puis les fabricants d'instruments de physique, les graveurs et les gainiers.

Au delà de la rue du Harlay, le quai n'a plus pour riverains que les bâtiments du palais de Justice, et passe au pied des tours dites de César, Bonbec et d'Argent, jusqu'à l'encoignure occupée par la tour quadrangulaire dite de l'Horloge, qui impose officiellement son nom au quai des Lunettes et des Morfondus.

Au delà du boulevard du Palais, qui prolonge dans la Cité la large voie du pont au Change venant de la rive septentrionale de la Seine, le quai prend le nom de quai de la Cité, puis de quai aux Fleurs, dessert le palais du Tribunal de commerce, la place du Marché-aux-Fleurs, et rencontre à la fois, vers la gauche, le pont Notre-Dame, et vers la droite, la rue de la Cité, qui continue celui-ci à travers l'île. Après la rue de la Cité, le quai longe les bâtiments du nouvel Hôtel-Dieu jusqu'à la rue d'Arcole, que le pont du même nom relie à la rive droite de la Seine ; il embrasse en arc de cercle l'ancien quartier du Cloître-Notre-Dame et aboutit au terre-plein qui forme comme le gaillard d'arrière du navire. A ce sommet oriental de l'île aboutissent en équerre : à gauche, vers le nord-est, le pont Saint-Louis, qui relie l'île de ce nom avec la Cité, et à droite, en direction du nord-est au sud-ouest, le pont de l'Archevêché, qui relie la Cité à la rive gauche de la Seine.

Continuant la promenade, cette fois de l'est à l'ouest et en redescendant le fleuve, le quai de l'Archevêché, contournant le chevet de Notre-Dame, aboutit à gauche au pont au Double, à droite à la vaste place du Parvis, formée devant la cathédrale, et dont la façade septentrionale est occupée par les nouveaux bâtiments de l'Hôtel-Dieu, au débouché de la rue d'Arcole. Au delà, on retrouve l'issue méridionale de la rue de la Cité, ayant à gauche le Petit-Pont, qui conduit à la rive gauche. L'intervalle entre la rue de la Cité et le boulevard du Palais est rempli par la vaste caserne que la garde républicaine partage avec la Préfecture de police ; après quoi, laissant à gauche le pont Saint-Michel, tournant une dernière fois à droite, et parcourant le boulevard du Palais, qui passe entre le palais de Justice à gauche, les casernes, la Préfecture et le palais du Tribunal de commerce à droite, on rejoindra le quai aux Fleurs. On se sera fait ainsi une idée générale de la topographie de la Cité, et l'on reconnaîtra que sa configuration

L'Hôtel-Dieu, le Parvis de Notre-Dame, et le Pont au Double
actuelle la divise en cinq parties.

La première commence à la pointe d'amont, c'est-à-dire au terrain de l'Archevêché ; elle est délimitée par la rue d'Arcole et la place du Parvis-Notre-Dame. Elle renferme la cathédrale et ses dépendances, et les restes de l'ancien quartier de la Cité, c'est-à-dire fort peu de chose, comprenant les rues du Cloître-Notre-Dame, Massillon, Chanoinesse, des Ursins, de la Colombe et du Chantre.

La deuxième partie, comprise entre la rue d'Arcole et la rue de la Cité, est entièrement couverte par les bâtiments neufs de l'Hôtel-Dieu et la place du Parvis-Notre-Dame.

La troisième partie, comprise entre la rue de la Cité et le boulevard du Palais, renferme le palais du Tribunal de commerce, la place du Marché-aux-Fleurs, la caserne des pompiers et celle de la garde républicaine, dont la partie antérieure a été aménagée de manière à devenir l'hôtel du préfet de police et à loger les bureaux dépendant de son cabinet.

La quatrième partie, comprise entre le boulevard du Palais et la rue de Harlay, est couverte tout entière par le palais de Justice et ses dépendances, à l'exception d'un pâté de vieilles maisons qui s'interpose entre le quai des Orfèvres et la rue de la Sainte-Chapelle.

Enfin, la cinquième partie, comprise entre la rue de Harlay et la pointe occidentale de l'île, en aval de la Seine, renferme la place Dauphine, les maisons du quai des Orfèvres et du quai de l'Horloge, la traversée du Pont-Neuf et le terre-plein qui supporte la statue en bronze de Henri IV.


PAGES 1/3 | 2/3 | 3/3

:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI