Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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LA RIVE GAUCHE DE LA SEINE
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)


A l'est de Paris : le Pont-National

La ville, du côté du midi, est circonscrite entre le demi-cercle ascendant que décrit la Seine depuis l'ancien village de la Gare au sud-est jusqu'à l'ancien village de Javel au sud-ouest, et les collines également circulaires qui commencent au-dessus du lit de la Bièvre près de Bicêtre et se continuent hors de Paris, au delà de Vaugirard, par les crêtes de Clamart et de Meudon. Aussi, est-ce de ce côté que Paris se trouve le plus naturellement fortifié. L'art a complété la nature en armant de forts redoutables les hauteurs de Bicêtre, des Hautes-Bruyères, de Montrouge, de Clamart, de Châtillon et d'Issy.

Quoique cette vaste région de la ville présente une superficie presque égale à celle du nord, et qu'elle ne lui cède en rien ni par l'antiquité, ni par l'intelligence, ni par la splendeur des monuments et des souvenirs, il s'en faut de beaucoup qu'elle soit aussi peuplée. Elle ne compte que pour six arrondissements dans les vingt circonscriptions communales qui divisent Paris.

Ces six arrondissements, comprenant vingt-quatre quartiers, sont : le cinquième, dit du Panthéon ; le sixième, dit du Luxembourg ; le septième arrondissement, dit du Palais Bourbon ; le treizième arrondissement, celui des Gobelins ; le quatorzième arrondissement, dit de l'Observatoire ; et le quinzième arrondissement, dit de Vaugirard.

La rive gauche possède 609,000 habitants, qui ne donnent à cette moitié de la ville que le quart de la population totale, montant à 2,260,945 habitants, malgré les améliorations considérables dont on l'a dotée et les voies nouvelles qu'on y a percées dans toutes les directions. Le même phénomène s'est produit à Londres ; la capitale de l'Angleterre s'est développée comme Paris sur la rive septentrionale et vers l'ouest, dans des proportions que ses faubourgs méridionaux n'ont pu suivre. Fait d'autant plus curieux que les situations sont renversées, puisque le courant fluvial et maritime de Londres devrait porter la

Le Panthéon vu du jardin du Luxembourg
ville vers l'est, et que la rive septentrionale de la Tamise en est la rive gauche, et vice versa, à l'inverse des positions géographiques de Paris.

Ces six arrondissements forment deux groupes concentriques l'un à l'autre ; les trois premiers, appartenant à l'ancien Paris, sont enveloppés par les trois derniers, qui n'ont été réunis à la ville que par l'annexion de la banlieue en 1857, ainsi que le rappellent leurs noms d'anciens villages ou hameaux, Maison-Blanche, Croulebarbe, Montparnasse, Montrouge, Plaisance, Grenelle et Javel.

Les trois arrondissements du centre, appuyés à la rivière depuis le Jardin des Plantes et l'ancien faubourg Saint-Victor jusqu'à l'Esplanade des Invalides près du Gros-Caillou, sont eux-mêmes d'âge très différent. Ceux du Luxembourg et du Palais-Bourbon ne sont entrés dans la ville que par l'annexion de l'ancien bourg Saint-Germain-des-Prés, devenu sous Louis XIV le faubourg Saint-Germain. Celui du Panthéon, au contraire, qui avant 1789 formait les trois quartiers de la place Maubert, de Saint-Bcnoist et de Saint-André-des-Arts, représente assez fidèlement cette.partie de la ville qu'on appelait l'Université, et qui était la plus ancienne et la plus illustre après la Cité proprement dite.

Au XVIIe siècle, elle était encore limitée par les fossés de l'enceinte de Charles V dont le tracé facile à suivre par la rue Mazarine (ancienne rue des Fossés-de-Nesle), par la rue de l'Ancienne-Comédie (anciens Fossés-Saint-Germain), par la rue Monsieur-le-Prince (anciens Fossés-Monsieur-le-Prince), les portes Saint-Michel et Saint-Jacques contourne le sommet de la montagne Sainte-Geneviève (aujourd'hui place du Panthéon) par les rues des Fossés-Saint-Michel et Saint-Jacques et la rue de la Vieille-Estrapade, et de là redescend à la Seine par les rues des Fossés-Saint-Marcel, la porte Saint-Marcel, la rue des Fossés-Saint-Victor, la porte Saint-Victor, et la rue des Fossés-Saint-Bernard, sur le flanc occidental de l'Entrepôt des vins, à l'endroit où se trouvaient autrefois le bâtiment de la Tournelle et la porte Saint-Bernard.

Cet itinéraire, facile à lire sur les plans de Paris antérieurs à l'année 1850, a été modifié par les bouleversements édilitaires du cinquième arrondissement ; mais il se retrouve à peu près intact sous les dénominations suivantes : boulevard Saint-Michel, puis à l'angle nord-est du jardin du Luxembourg, rue Soufflot, rue Malebranche, rue des Fossés-Saint-Jacques, rue de la Vieille-Estrapade, rue Thouin (ancienne rue des Fossés-Saint-Victor), rue du Cardinal-Lemoine et rue des Fossés-Saint-Bernard. Le tout dessine une sorte de cône appuyant sa base aux quais du fleuve et dont le sommet s'arrondit vers le sud.

Cette clôture était l'œuvre de Philippe-Auguste, qui, partant pour la Terre Sainte en 1190, ordonna que sa capitale fût fortifiée d'une bonne enceinte de pierre flanquée de tours. N'étant resté qu'un an en Terre Sainte, il s'occupa lui-même de faire exécuter son projet, qui ne fut achevé qu'en 1211 . Plusieurs tours de cette enceinte célèbre subsistent encore sur les deux rives.


A l'ouest de Paris : le quai de Javel


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