Vie quotidienne a Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de la vie quotidienne d'autrefois à Paris, consignant les activités des Parisiens d'antan, leurs habitudes, leurs occupations, leurs activités dont certaines ont aujourd'hui disparu. Pour mieux connaître le Paris d'autrefois dans sa quotidienneté.
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SAINTE GENEVIÈVE, patronne de Paris
(D'après un article, paru en 1836)

Sainte Geneviève est née vers l'an 422 dans le village de Nanterre, situé à 2 lieues de Paris. Son père était berger ; il se nommait Sévère, et sa mère Gérence. La tradition raconte qu'elle avait sept ans, lorsque saint Germain d'Auxerre et saint Loup de Troyes, qui allaient combattre l'hérésie de Pélage dans la Grande-Bretagne, vinrent coucher à Nanterre. Les deux saints évêques y furent à peine arrivés, qu'ils se virent environnés d'une grande multitude de peuple qui demandait la bénédiction.

Geneviève se trouva dans la foule avec ses parents. Saint Germain la distingua à la ferveur de sa piété, à la douceur angélique de ses traits, et la légende ajoute que l'esprit de Dieu communiqua à l'évêque une lumière subite qui lui révéla la mission de la jeune fille. Il la fit rapprocher avec ses parents. Geneviève lui ayant dit qu'elle voulait se vouer au célibat, il lui donna sa bénédiction pour la consacrer à Dieu, puis il l'emmena à l'église, accompagné de tout le peuple qui s'était assemblé autour de lui. Durant le chant des psaumes et des prières, il eut la main étendue sur sa tête ; il la retint encore pendant le repas, et ne la renvoya qu'après avoir fait promettre à son père qu'il la lui ramènerait le lendemain avant son départ.

Sévère et Gérence se rendirent chez le saint avec leur fille à l'heure marquée. Il demanda à Geneviève si elle se souvenait de la promesse qu'elle avait faite à Dieu : « Oui, répondit-elle, je m'en souviens, et j'espère y être fidèle, avec le secours de la Grâce. » L'évêque lui donna une médaille de cuivre où était gravée la figure de la croix, en lui recommandant de la porter toujours à son cou, afin de se rappeler sans cesse la consécration qu'elle venait de faire à Dieu de sa personne.

Depuis ce temps-là, Geneviève se regarda comme séquestrée du commerce du monde, et malgré son extrême jeunesse, elle n'eut plus d'ardeur que pour les exercices de la piété chrétienne. Elle ne s'estimait jamais plus heureuse que quand elle pouvait aller à l'église.

La légende rapporte à ce sujet le fait suivant : Gérence allant un jour à l'église ne voulut point y mener sa fille avec elle. Geneviève, pénétrée de douleur, la conjura avec larmes de lui permettre de l'accompagner. Toutes ses instances furent inutiles, et elle reçut même un soufflet de sa mère impatientée. Dieu punit aussitôt ce trait de vivacité, en privant Gérence de l'usage de la vue ; mais il permit ensuite qu'elle fût guérie en se frottant deux ou trois fois les yeux avec de l'eau que sa fille avait tirée au puits, et sur laquelle elle avait fait le signe de la croix. C'est là l'origine de la dévotion populaire au puits de Nanterre, dont l'eau, selon la tradition du pays, bénie par sainte Généviève, possède le don de guérir les maladies.

Lorsque Geneviève eut perdu son père et sa mère, elle se retira à Paris chez une dame qui était sa marraine. Elle menait la vie la plus austère. Aux exercices de la mortification, elle joignait une inviolable pureté, une humilité profonde, une foi vive, une charité ardente, une onction dans la prière qui lui faisait répandre des larmes abondantes. Sa grande sainteté lui suscita des ennemis qui parvinrent à la faire passer dans le peuple pour visionnaire, mais son innocence ne tarda pas à être reconnue.

Attila, roi des Huns, était entré en France avec une armée formidable, ravageant tout ce qui se rencontrait sur son passage. La multitude des légendes qui se rapportent à cette époque peut faire juger de l'impression que ce terrible événement laissa dans la mémoire des peuples. Le bruit de sa marche répandit bientôt l'alarme dans Paris ; les habitants, qui ne se crurent pas en sûreté dans leur ville, résolurent de l'abandonner. Geneviève, exaltée par le danger de sa patrie, remplie de confiance en Dieu, annonça que l'ennemi s'éloignerait, si les Parisiens avaient recours aux jeûnes, aux prières et aux veilles. Les Huns changèrent en effet l'ordre de leur marche, Paris fut sauvé, et de là commença pour Geneviève une vénération qui ne fit que s'accroître de jour en jour.

Plus tard, Paris étant assiégé par Childéric, les assiégés étaient menacés de la famine. Geneviève se mit à la tête de ceux que l'on avait envoyés chercher des vivres, les accompagna jusqu'à Arcis-sur-Aube ou jusqu'à Troyes, et leur procura un heureux retour, malgré les dangers auxquels ils avaient été exposés de la part des ennemis. Après la prise de la ville, Childéric, quoique païen, rendit hommage à sa vertu, et fit, à sa prière, plusieurs actes de clémence. Il fut imité par Clovis son fils, qui accorda la liberté aux prisonniers, toutes les fois que la sainte intercéda pour eux.

Après une vie de quatre-vingt-neuf ans, passée dans la pratique de toutes sortes de bonnes oeuvres, sainte Geneviève mourut le 3 janvier 512, cinq semaines après Clovis, le premier de nos rois chrétiens.

A toutes les époques de notre histoire, la mémoire de la patrone de Paris a été extrêmement populaire. En 1129, sous Louis-le-Gros, une cruelle maladie, appelée des ardens, causait d'horribles ravages. Malgré les remèdes et les prières publiques, le fléau persistait toujours, et dans l'espoir de l'arrêter on fit une procession solennelle où l'on porta la châsse de sainte Geneviève à la cathédrale. C'est depuis ce temps-là que, dans les calamités publiques, cette même cérémonie était constamment renouvelée.


 

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