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LES CHEMINÉES A PARIS
(D'après Tableau
de Paris, par Louis-Sébastien Mercier, paru en 1782)
L'usage habituel que l'homme fait du feu, dit M De Buffon, ajoute beaucoup à cette température artificielle, dans tous les lieux où il habite en nombre. à Paris, dans les grands froids, les thermomètres au faubourg Saint-Honoré marquent deux ou trois degrés de froid de plus qu'au faubourg Saint-Marceau, parce que le vent du nord se tempère en passant sur les cheminées de cette grande ville. La consommation de bois est devenue effrayante, et menace, dit-on, d'une prochaine disette. Celui qui a inventé le flottage du bois, mériterait d'avoir une statue dans l'hôtel de ville ; mais les échevins aiment mieux y montrer leur figure en perruque, raide et agenouillée. Cependant, sans cet inventeur heureux, la capitale n'aurait jamais pris un tel accroissement. Ce bois que le fleuve amène, et qu'on entasse en piles hautes comme des maisons, disparaîtra dans l'espace de trois mois. Vous le voyez en pyramides quarrées ou triangulaires, qui vous dérobent la vue des environs : il sera mesuré, porté, scié, brûlé, et il n'y aura plus que la place. Autrefois, ce qui composait le domestique se chauffait à un foyer
commun ; aujourd'hui la femme de chambre a sa cheminée, le précepteur
a sa cheminée, le maître d'hôtel a sa cheminée, etc.
Ceux même qui se piquent de politesse, ne s'abstiennent pas aujourd'hui,
même en présence des dames, de se chauffer indécemment
les mains et le dos, et de dérober la chaleur et la vue du feu à toute
une compagnie. Cet usage a quelque chose de choquant. |
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