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LES ENSEIGNES
(D'après Tableau
de Paris, par Louis-Sébastien Mercier, paru en 1782)
Quand le vent soufflait, toutes ces enseignes, devenues gémissantes, se heurtaient et se choquaient entre elles ; ce qui composait un carillon plaintif et discordant, vraiment incroyable pour qui ne l'a pas entendu. De plus, elles jetaient la nuit des ombres larges, qui rendaient nulle la faible clarté des lanternes. Ces enseignes avaient pour la plupart un volume colossal et en relief. Elles donnaient l'image d'un peuple gigantesque, aux yeux du peuple le plus rabougri de l'Europe. On voyait une garde d'épée de six pieds de haut, une botte grosse comme un muid, un éperon large comme une roue de carrosse ; un gant qui aurait logé un enfant de trois ans dans chaque doigt, des têtes monstrueuses, des bras armés de fleurets qui occupaient toute la largeur de la rue. La ville, qui n'est plus hérissée de ces appendices grossières, offre, pour ainsi dire, un visage poli, net et rasé. On doit cette sage ordonnance à M. Antoine-Raimond-Jean-Gualbert-Gabriel De Sartine, qui, de lieutenant de police, est devenu ministre de la marine. |
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