|
|
|
||||||||||||
TAXE DES PAUVRES
(D'après Tableau
de Paris, par Louis-Sébastien Mercier, paru en 1782)
On a donné plusieurs projets d'aumône universelle en faveur des pauvres. Aucun de ces plans généreux ne s'est encore réalisé. à Paris, les bourgeois paient annuellement treize sols, vingt-six sols, cinquante sols. Quelle mesquine charité ! Il serait à propos d'établir une taxe beaucoup plus forte ; et chacun, je crois, la paierait avec joie. De tous les impôts c'est le plus sacré, ou plutôt c'est une dette, et la première de toutes. Se croira-t-on quitte envers les pauvres, pour avoir donné à la fabrique deux livres dix sols par an ? Il me semble que les aumônes doivent être demandées sous l'étendard de la religion, dont la charité est le premier précepte. Il me semble que chaque paroisse devrait avoir soin de ses pauvres, et être autorisée à faire contribuer les gens aisés. à Londres, la charité est grande et inépuisable ; les largesses envers les malheureux n'ont point notre caractère de parcimonie. C'est là que triomphe le précepte attendrissant de l'évangile : enfants du même père, secourez-vous les uns les autres. Nous avons parmi nous de belles âmes, des âmes charitables ; mais elles sont en petit nombre, si on les compare à celles qui existent sur les bords de la Tamise. Ce peuple en général est plus tendre, plus compatissant que nous envers les infortunés, et la misère a perdu chez lui ses formes hideuses. Si j'étais ministre, je ferais des chefs de paroisses les instruments et les canaux de la bienfaisance. J'ai vu sur
ce point important un projet de M. Fillon, notaire et contrôleur des actes à Challant
en Bas-Poitou. Comme toutes les idées de ce citoyen répondent
parfaitement aux miennes, qu'il me permette ici de m'en glorifier, et de citer
son plan comme un modèle en ce genre. |
|
|||||||||||||
:: HAUT DE PAGE :: ACCUEIL |
|