Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Le commerce parisien. – Childebert. – Fondations d'églises. – Clotaire. – Mœurs et coutumes. – Chilpéric. – Crimes. – L'inondation. – L'incendie. – La disette. – La guerre. – Les enlèvements. – Saint Éloi. – Dagobert. – La foire Saint-Laurent. – L'adultère. – La peste. – Saint Marcel. – Nouvelles églises.

Supprimée en 1790, elle fut vendue le 12 fructidor an IV et démolie peu de temps après ; sur son emplacement fut ouvert le passage Saint-Germain-le-Vieux, aujourd'hui supprimé.

Il existait encore une autre église appelée Saint-Julien située près du Petit-Pont et dédiée sous le titre de Saint-Julien-de-Brioude, martyr, et de Saint-Julien, évêque du Mans. C'était dans les bâtiments qui en dépendaient que se logeait Grégoire de Tours lorsqu'il venait à Paris. A cette époque, les juifs établis dans Paris occupaient une rue tout entière qu'on nommait la rue de la Juiverie ; la plus grande partie du commerce parisien se trouvait entre leurs mains et on les accusait de profiter de leurs richesses pour se montrer insolents envers les chrétiens dont un grand nombre étaient leurs débiteurs.

Childebert avait tenté sans succès de les rendre plus humbles. Chilpéric voulut les obliger à se convertir au christianisme et il en tint lui-même plusieurs sur les

Les rois fainéants se montraient,
dans les cérémonies publiques dans un chariot
traîné par des boeufs.
fonts de baptême ; l'un d'eux nommé Prisque déclara hautement qu'il était et voulait rester juif ; le roi irrité le fit emprisonner et Prisque, vivement sollicité, finit par déclarer que si on voulait lui accorder quelque délai pour se préparer il finirait peut-être par se convertir. On le fit sortir de prison, mais un de ses coreligionnaires nommé Phatir, nouvellement converti et, animé d'un zèle outré, l'ayant trouvé un jour dans l'observation d'une pratique judaïque, le tua, lui et ceux qui l'accompagnaient, puis se réfugia dans l'église de Saint-Julien. Le roi donna l'ordre de les en faire sortir ; alors l'un d'eux se jeta sur ses compagnons et les tua, après quoi il voulut se sauver, mais la populace le massacra.

Phatir avait pu s'enfuir sur les terres de Gontran, mais les parents de Prisque l'y joignirent et le mirent à mort. L'assassinat de Chilpéric avait produit une certaine sensation à Paris ; le peuplé murmurait tout bas contre cette reine indigne dont les crimes s'accumulaient ; déjà quelques pillards avaient envahi le palais et enlevaient sous ses yeux ce qu'ils trouvaient de plus précieux ; chacun craignait que de nouveaux troubles ne vinssent apporter avec eux un surcroît de misère. Paris avait été l'année précédente ravagé par l'inondation, les eaux de la Seine et de la Marne grossies par les pluies torrentielles, étaient sorties de leur lit et avaient envahi la ville.

Le débordement fut tel qu'on allait en bateau d'une maison à l'autre et que, disent les historiens du temps, plusieurs furent noyés entre la Cité et l'église-Saint-Laurent ! Qu'on juge de l'espace couvert par l'eau ! Les pertes éprouvées par les Parisiens furent énormes et ce n'était pas la guerre entre les divers compétiteurs au trône qui allait aider à les réparer. Childebert II, fils de Brunehaut, se trouvait avec une bande d'hommes armés, à six lieues de Paris. Frédégonde comprit qu'il y avait danger pour elle à affronter la colère populaire ; elle se réfugia avec une partie de ses trésors à l'église cathédrale de Paris, auprès de l'évêque Raynemode, qui la reçut de son mieux, et elle écrivit au roi Gontran qu'elle engagea à venir à Paris en lui offrant de se remettre elle et son fils entre ses mains ; Gontran arriva.

Une assemblée fut indiquée, les ambassadeurs de Childebert II s'y rendirent. Gontran les traita fort mal et surtout l'un d'eux, Gilles, évêque de Reims ; il leur fit jeter du fumier et de la boue après la séance. Frédégonde retirée à Notre-Dame n'avait rien à craindre de ses ennemis ; cependant Gontran ne fut pas de cet avis et l'obligea à partir pour les environs de Rouen. Ayant reçu lui-même avis qu'on avait dessein de l'assassiner, il alla à Châlons-sur-Saône et ne revint à Paris que l'année suivante, pour faire baptiser Clotaire II, son neveu ; mais le baptême fut ajourné et n'eut lieu que cinq ans plus tard, Gontran ayant élevé des doutes sur la légitimité de l'enfant.

Frédégonde arriva aussitôt à Paris, accompagnée de trois évêques et de 300 personnes qui affirmèrent que Clotaire II était né sous la couverture du mariage. C'était en effet tout ce qu'on pouvait affirmer. Gontran s'en contenta, mais toujours poursuivi par l'idée qu'on voulait se défaire de lui, il prit comme on dit le taureau par les cornes, et, un jour qu'il assistait à la messe et que l'église était pleine, il choisit l'instant où le prêtre imposait silence au peuple afin de fixer l'attention sur les saints mystères, pour se lever et s'adressant à l'assistance, il dit à haute voix : — Je vous supplie et vous conjure, au nom de Dieu, de ne pas m'assassiner comme mes frères. Laissez-moi seulement trois ou quatre ans de vie pour élever mes deux pupilles, afin qu'il y en ait au moins un capable de gouverner la France.

Le peuple applaudit à ces paroles. En somme, il ne se montrait pas exigeant ; trois ou quatre ans de vie, on pouvait les lui accorder — à condition, toutefois, d'éloigner Frédégonde qui avait pour l'assassinat un goût véritablement trop prononcé. Frédégonde fut donc invitée à retourner en Normandie où, pour occuper ses loisirs, elle fit assassiner au pied de l'autel l'évêque Prétextat, son ancien ennemi, le jour de Pâques 586. La même année, un incendie terrible épouvanta Paris. Un marchand de la Cité, étant entré dans la soirée dans son magasin, laissa en sortant, par inadvertance, la lumière qu'il y avait apportée auprès d'un barrique d'huile ; cette barrique s'enflamma et la flamme dévora la maison qui était contiguë à la porte méridionale de la Cité.

De proche en proche, le feu, attisé par le vent qui soufflait avec violence, se communiqua aux maisons voisines, étendit ses ravages dans toute la longueur de l'île et ne fut arrêté que par le bras septentrional de la Seine. La prison de Glaucin qui se trouvait sur l'emplacement du Quai-aux-Fleurs s'écroula, les prisonniers profitant du désordre général s'échappèrent, sortirent de la Cité et vinrent se réfugier dans l'asile de Saint-Vincent et Sainte-Croix. L'incendie commancé à la porte du sud, s'était étendu jusqu'à la porte du nord ; là, fait remarquer Grégoire de Tours qui rapporte les détails de cet événement, se trouvait un petit oratoire construit en branches d'arbres, dédié à saint Martin ; il fut épargné, ainsi que les églises et le palais.

Mais les maisons des négociants qui bordaient la place du Commerce ne le furent point, elles furent brillées avec toutes les marchandises qu'elles contenaient, et la disette vint bientôt ajouter ses dures privations aux maux que les Parisiens enduraient et qui étaient loin d'être terminés. Le roi Childebert II poursuivait toujours la revendication de ses droits sur Paris ; enfin, on fit un arrangement il fut convenu que la troisième partie de la ville et du territoire de Paris qui avait appartenu au roi Sigebert, resterait au roi Gontran. Alors on recommença à parler du baptême de Clotaire, lorsqu'il eut six ans, il fut baptisé à Nanterre, mais alors Childebert II se plaignit que Gontran favorisât l'élévation au trône de l'enfant de Frédégonde.

Gontran avait fait venir pour baptiser Clotaire II un prêtre étranger qui fut aussitôt après nommé évêque de Paris ; il ne fut pas plutôt en exercice qu'il commença par chasser toute l'école de son prédécesseur Raynemode, c'est-à-dire les maîtres de grammaire, d'écriture, et les chantres, lecteurs et autres officiers de l'évêché, pour mettre à leur place des créatures à lui, mais il fut promptement dépossédé de sa dignité d'évêque de Paris qui échut successivement à Faramode, puis à Sapharatus et à Simplice. Gontran mourut en 593. Aussitôt qu'il fut mort, le roi Childebert II se rendit maître de Paris, mais il n'en jouit pas longtemps ; Frédégonde veillait et le poison l'eut vite tué. Mais il avait deux jeunes fils, Théodebert et Thierry, qui furent placés sous la tutelle de leur aïeule Brunehaut.

Frédégonde voulut se débarrasser des enfants comme elle s'était débarrassée du père ; elle marcha sur Paris, ravageant tout, saccageant tout ce qui se trouvait sur son passage et son fils se joignant à elle, tous deux chassèrent les enfants de Childebert II et leurs partisans. Clotaire II fut donc seul roi, et les historiens citent de lui une ordonnance de l'an 595 aux termes de laquelle, « pour empêcher que les gens établis pour le guet de nuit n'eussent intelligence avec les voleurs et ne les laissassent échapper lorsqu'un vol aura été fait la nuit, ceux qui seront de garde dans le quartier en répondent en leur propre et privé nom s'ils n'arrêtent le voleur ; que si le voleur, poursuivi par les premiers, s'enfuit dans un autre quartier et y est veu, si les gardes de ce quartier avertis de sa fuite négligent de l'arrester, la perte causée par le vol retombera sur eux et ils paieront en outre une amende de cinq sols, et pareille chose est réglée pour le troisième quartier, si le voleur continue de fuir sans avoir pu estre arrêté dans les deux premiers. »

On voit par cette ordonnance que, dès les premiers siècles, la sûreté de la ville était confiée à une garde qu'on appelait le guet de nuit et que Paris était divisé en plusieurs quartiers. Un édit de Clotaire II, donné à Paris le 17 octobre 615, institua les premiers commissaires de police chargés de recevoir les lois et les ordonnances et de les faire exécuter par les habitants. Frédégonde était au comble de ses vœux, son fils régnait, grâce aux meurtres qu'elle avait commis

Brunehaut fit placer l'enfant dans une corbeille
d'osier descendue à la corde le long des remparts

pour lui frayer la route du trône ; à son tour elle mourut en 597 et son corps fut inhumé dans la basilique de Saint-Vincent, à côté de celui de Chilpéric, son mari, qu'elle avait fait assassiner ! Mais peu de temps après la mort de sa mère, Clotaire vit ses affaires changer de face ; ses deux rivaux Théodebert et Thierry s'entendirent pour lui livrer bataille à Dormeille, près Étampes.

Il fut vaincu et battit en retraite vers Paris, mais il en fut chassé et obligé de consentir à une paix onéreuse pour lui, car elle livrait Paris à Théodebert et à Thierry.

En 604, il essaya de reprendre sa capitale, mais il fut battu de nouveau. Théodebert et Thierry n'ayant plus d'ennemi à vaincre imaginèrent alors de se faire la guerre et Théodebert fut tué avec ses deux fils, et dans la même année (613) Thierry mourut, laissant un fils, Sigebert II, qui lui succéda et fut mis à mort par Clotaire II qui avait repris l'offensive et se vengea de tout le passé en tuant toute la postérité de Sigebert Ier , époux de Brunehaut, et en faisant subir le dernier supplice à celle-ci. Elle fut par son ordre liée par les cheveux et par un bras à la queue d'un cheval furieux qui la traîna sur le sol en déchirant son corps aux aspérités du chemin jusqu'à ce qu'elle expira. Clotaire II fut donc encore une fois tranquille possesseur du trône.

Cette longue période de crimes, de guerres, de batailles, de luttes intestines, fut bien douloureuse pour les Parisiens, victimes de ces sanguinaires ambitieux qui mettaient tout à feu et à sang pour satisfaire leur cupidité et leur ardent désir de régner, fût-ce même sur des ruines. Ils vivaient dans des transes perpétuelles, cherchant toujours de quel côté pouvait venir la tranquillité et obligés de se soumettre aux exigences de tous ceux que les hasards de la guerre leur donnaient pour maîtres. Et comme ceux-ci abusaient d'eux ! Au mois de septembre 584, lorsque Chilpéric maria sa fille Rigonthe au fils du roi des Wisigoths, il força un certain nombre de familles à suivre cette princesse en Espagne et ne trouva rien de mieux pour obliger ceux de ses sujets qui n'étaient pas disposés à obéir à cet ordre, que de les faire prendre dans les maisons de Paris et de les mettre dans des chariots sous bonne escorte.

« Beaucoup pleuraient et ne voulaient pas s'en aller ; il les fit mettre en prison, afin de les contraindre plus facilement à partir avec Rigonthe. Dans l'amertume de cette douleur, plusieurs craignant d'être arrachés de leurs famille s'étranglèrent. La désolation fut si grande à Paris qu'elle fut comparée à celle de l'Egypte.» « Tant de troubles domestiques avaient beaucoup altéré la pureté de la discipline ecclésiastique », dit naïvement un historien ; aussi ce fut pour tâcher de la rétablir quelque peu, qu'un concile fut tenu en 614 dans l'église Saint-Pierre (Sainte-Geneviève), soixante-dix-neuf évêques y assistèrent, y compris celui de Paris qui était alors Céran (devenu saint Céran).

En 618, Clotaire II perdit sa femme, la reine Bertrude ; elle fut enterrée à Saint-Germain-des-Prés où son tombeau fut retrouvé au XVIIIe siècle ; il se remaria peu de temps après, et à partir de ce moment fit de Paris sa résidence habituelle qu'il ne quittait guère que pour se rendre à Clichy la Garenne où il avait un palais. Ce fut sous le règne de Clotaire II qu'on voit apparaître le fameux saint Eloi. Vis-à-vis le palais, dans la Cité, était une maison occupée par un orfèvre déjà célèbre qu'on appelait Eloi et qui « faisait ouvrage pour le roi. » Il était né à Catala, en Limousin, en 588. Il arrivait de Neustrie, lorsqu'il fit connaissance avec Paris de Bobbon, trésorier de l'épargne et intendant des finances du roi, qui le présenta à Clotaire II. Ce prince, qui aimait les belles choses, confia à l'artiste les travaux les plus importants et se plaisait à l'aller voir travailler dans son atelier.

Or Clotaire II avait alors le grand désir de posséder un fauteuil d'or, incrusté de pierres précieuses, et ne trouvait personne qui pût entreprendre cet ouvrage et l'exécuter comme il l'avait conçu. Lorsqu'il connut Éloi, il n'hésita pas à l'en charger et lui donna l'or et les pierres précieuses qu'il jugeait nécessaires pour confectionner le siège. Eloi se mit à œuvres et avec la quantité qui lui avait été remise il trouva moyen de faire deux fauteuils au lieu d'un, sans soustraire, dit un chroniqueur, un seul grain d'or qui lui était confié, « ne suivant pas en cela l'exemple des autres ouvriers qui se rejettent sur les parcelles qu'emporte la lime rongeuse, ou la flamme dévorante du fourneau ».

Quand le roi vit le premier fauteuil il fut émerveillé, mais quand Éloi lui présenta le second il le fut bien plus encore ; non seulement il loua le grand talent de l'artiste, mais, appréciant son honnêteté, il l'attacha à sa personne en qualité de trésorier. Des deux fauteuils dont il est question, un seul fut conservé sous le nom de fauteuil de Dagobert ; on le montrait au trésor de Saint-Denis et il servait de trône à nos premiers rois, lorsqu'ils recevaient l'hommage des grands de la cour à leur avènement. Il fut réparé au Xe siècle par les soins et avec les deniers des moines de Saint-Denis.

Mais depuis il ne justifia en aucune façon l'idée qu'on se fait d'un fauteuil d'or, et se trouva, on ne sait comment, devenu roi simple fauteuil de bois. Quoi qu'il en soit, de l'abbaye de Saint-Denis, il passa au Palais-Royal, et en 1793 il fut déposé au cabinet des Antiques de la bibliothèque, puis réclamé par l'Abbaye et repris par la bibliothèque où il fut placé au cabinet des médailles ; il en ressortit encore pour orner le musée des souverains ; après le 4 septembre 1870 il fut serré dans un des magasins du garde meuble, où il est encore.

Lorsque Dagobert Ier monta sur le trône en 628, il accorda toute sa confiance à Eloi, et, tout en lui conservant les charges dont il était revêtu, il lui confia de magnifiques travaux qui attestent les progrès que le luxe avait fait depuis le premier âge de la monarchie mérovingienne. Les châsses de Sainte-Geneviève, de Saint-Denis, de Saint-Martin de Tours, de Saint-Germain, furent exécutées par cet habile artiste, qui en même temps était évêque et donnait l'exemple de vertus rares à cette époque ; il achetait les esclaves par centaines sur les marchés publics et leur rendait la liberté, donnait la sépulture aux suppliciés et il acquit une telle renommée par ses bonnes œuvres, qu'on répondait à l'étranger qui s'enquérait de sa demeure : — Là où vous verrez un grand concours de pauvres, vous trouverez Eloi.

Il n'était jamais fatigué, dit la chronique, et il avait toujours à ses côtés ses compagnons et ses apprentis, ce qui prouve que l'orfèvrerie était déjà organisée en corps de métier avec ses trois ordres : maîtres, compagnons et apprentis. Au reste, déjà sous Chilpéric, cet art avait acquis un accroissement considérable. Un jour ce prince dit à Grégoire de Tours en lui montrant un grand plat d'or tout étincelant de pierres précieuses et pesant 50 livres : Je l'ai fait faire pour donner de l'éclat à la nation des Francs et j'en ferai faire bien d'autres si Dieu me conserve la vie. La vieille chanson populaire dans laquelle Dagobert et saint Éloi sont mis en scène, avec la gaieté toute gauloise du vieux temps, est la

Statues de Clovis et de Clotilde
trouvées dans la basilique des
Saints-Apôtres-Sainte-Geneviève.
consécration du souvenir des rapports familiers qui existaient entre le roi et l'évêque, artiste ouvrier.

Dagobert octroya à Éloi une grande étendue de terrain dont l'importance formait le douzième de la Cité il se composait de tout l'espace compris entre les rues de la Barillerie (qui tire son nom des barillers ou tonneliers qui l'habitaient), de la Calandre (la plus ancienne de Paris), aux Fèves (autrefois febvres, marchands de draps), et de la Vieille Draperie. (On voit que ces trois rues, car calandre est une roue qui sert à calandrer le drap, étaient occupées par le commerce de la draperie. Ces rues existaient sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la caserne qui fait face au palais de Justice.)
Éloi eut d'abord le dessein de construire un hôpital sur ce terrain, mais il changea d'avis et il y fit édifier un monastère pour les deux sexes.

En 871, cette abbaye prit le nom de Saint-Éloi et Sainte-Aure et renfermait trois cents filles ; malheureusement les religieuses s'y livrèrent à des excès de libertinage qui amenèrent des répressions inutiles, car le mal empira tellement qu'en 1107, Galon, évêque de Paris, pour rétablir l'ordre, fut obligé de chasser les religieuses et de donner l'abbaye à Thibaud, abbé de Saint-Pierre-des-Fossés. La grande église, dont une partie tombait en ruines, fut séparée en deux par la rue Saint-Éloi ; le chœur forma l'église Saint-Martial et de la nef on fit le couvent des Barnabites, ainsi nommé parce que les moines qu'on y plaça avaient été amenés de Milan par saint Barnabé. Comme, à l'époque où Éloi fit construire son monastère, il n'était point encore d'usage d'enterrer dans les villes, il acquit au dehors un terrain pour servir de cimetière aux religieùses et y fit bâtir une chapelle sous le titre de Saint-Paul-des-Champs, parce qu'elle se trouvait hors Paris.

Devenue paroisse en 1107, elle devint insuffisante. Une église plus vaste fut bâtie sous Charles V. Elle fut reconstruite aux XIVe et XVe siècles. Sa cuve baptismale fut plus tard transférée à Poissy. Cette église avait des charniers qui conduisaient à un cimetière où furent enterrés Rabelais et l'homme au masque de fer. Dans l'église furent inhumés le maréchal de Biron, Nicot, François et Jules Mansard. On y voyait des mausolées élevés par Henri III aux mignons Maugiron, Saint-Mégrin et Quélus ; le peuple les brisa le 2 janvier 1589. Au mois de juin 1790, on déposa dans le cimetière de cette église les ossements de quatre individus trouvés enchaînés dans les cachots de la Bastille et on leur éleva un monument où fut gravée cette inscription : « Sous les pierres mêmes des cachots où elles gémissaient vivantes, reposent en paix quatre victimes du despotisme. Leurs os, découverts et recueillis par leurs frères libres, ne se lèveront plus qu'au jour des justices pour cofondre leurs tyrans. »

 


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