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![]() COSTUMES ET MŒURS A PARIS SOUS LE DIRECTOIRE
(D'après Les
Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
Les derniers jours du XVIIIe siècle A la formation même du Directoire, la plus parfaite anarchie, – une anarchie libératrice et de soulagement, – succéda au sanglant régime du « Rasoir national ». La Révolution avait tout détruit, même l'empire des femmes. Les clubs, les
réunions de la rue ne devaient que faire disparaître toute apparence de salon et l'on constatait que l'esprit, la grâce, toute la finesse françaises semblaient avoir sombré dans les sanglants délires de la plèbe. La réaction thermidorienne avait tout à créer, à instituer de nouveau en effaçant jusqu'aux souvenirs monstrueux de la Terreur. Il sembla normal de voir renaître en tous lieux le plaisir, les jeux, l'allégresse, après une si longue contrainte ; la confusion régna partout ; on vécut, pour ainsi dire, dans l'interrègne de la morale ; on se plut à s'étourdir, à s'oublier, à se griser ; on s'abandonna, on se donna avec facilité et sans même prendre garde à la brutalité des moyens. La femme, principalement, eut conscience qu'elle venait de reconquérir ses droits les plus charmants. Rien ne l'avait autant révoltée que cette prétention absurde de la Révolution à introduire dans nos moeurs la sévérité ou la férocité des lois sociales des premiers Romains. Effrayées de cette austérité néo-républicaine, nos Françaises s'efforcèrent, par une corruption plus forte que sous la monarchie même, de nous rassurer contre les fausses rigueurs spartiates ; elles s'ingénièrent à plaire, et leur puissance séductrice devint plus puissante que tous
La création du Directoire remit la femme sur le trône mythologique des grâces et des amours ; ce fut la folle souveraine d'une société haletante, fiévreuse, agitée, houleuse, semblable à une foire ouverte aux appétits, aux passions basses, à l'agiotage, aux amours à l'encan, à tous les marchandages qui excluaient, de parti pris, le sentiment. L'art de vivre devint l'art de plaire. – La politesse ne fut plus qu'un préjugé ; les jeunes hommes parlèrent aux femmes le chapeau sur la tête. – Un vieillard était-il prévenant auprès d'elles, les adolescents ridiculisaient le bonhomme. – Ramassait-on l'éventail d'une femme, elle ne remerciait point ; la saluait-on, elle ne rendait pas le salut. – Elle passait, animal de santé et de joie, lorgnant les beaux garçons, riant au nez des difformes. Il n'exista plus de fruit défendu dans ce paradis du paganisme ; toute tactique d'amour consistait à provoquer le désir et à le satisfaire presque aussitôt. On conjugua selon le caprice du moment le verbe : je te veux, tu me veux, nous passé défini. – Le
« La femme d'alors va de mari en mari,
écrivent les frères de Goncourt, poursuivant
son bonheur, dénouant, renouant sa ceinture. Elle circule comme
une marchandise gracieuse. Elle est épouse, le temps que cela ne
l'ennuie pas ; elle est mère, le temps que cela l'amuse La réaction dansante fut surtout soudaine, impétueuse, formidable, au lendemain de la délivrance. A peine les échafauds renversés, que déjà les bals s'organisaient sur tous les points de la capitale ; les sons joyeux de la clarinette, du violon, du tambourin, du galoubet, convoquaient aux plaisirs de la danse les survivants de la Terreur s'y pressèrent en foule, Duval, dans ses Souvenirs, a énuméré à plaisir ces différents temples de Terpsichore : D'abord le magnifique jardin du Fermier Général Boutin, exécuté avec tous ses collègues pour avoir mêlé de l'eau au tabac de la ferme, et que les entrepreneurs baptisèrent du nom italien de Tivoli. Ce fut le premier qui ouvrit ses portes au public. Un autre bal se forma dans le jarbin Marbeuf, au bout de l'avenue des Champs-Élysées. On dansait gaiement dans ces deux endroits. D'autres bals s'ouvrirent successivement : ce furent les bals de l'Élysée national,
Tous ces bals étaient ouverts le quintidi
et le décadi à la moyenne bourgeoisie. Frascati
et le Pavillon de Hanovre étaient le
rendez-vous des hautes classes de la société. Dans la Cité
se trouvait le bal de la Veillée, où
l'on donnait de singuliers concerts miauliques
; il y avait là une vingtaine de chats dont on n'apercevait
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