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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850
(D'après Les
Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
La fashion et les fashionables On remarqua plusieurs espèces de lionnes : la lionne mondaine, la lionne La Lionne fut ainsi la prédécesserice de la Vésuvienne, qui joua dans la République des femmes,
La femme de 1830 avait été comme une sensitive sentimentale ; son imagination, exaltée par les romans de Walter Scott et les poèmes de lord Byron, ne rêvait que dévouement, sacrifices, douleurs, tendresses infinies. Elle s'exaltait le coeur et l'esprit dans les
La Lionne réagit contre cette anémie de poitrinaire ; elle se montra rugissante, provocante et bondissante ; elle agita sa crinière, fit saillir ses griffes et sa poitrine, et, avec le libre exercice de ses muscles, le sentiment de sa force, elle se lança dans l'arène parisienne. Elle sut monter à cheval, à la façon arabe ; sabler le punch brûlant et le champagne frappé, manier la cravache, tirer l'épée, le pistolet, fumer un cigare sans avoir de vapeurs, tirer l'aviron au besoin ; ce fut l'enfant terrible de la fashion, et dans tous les boute-selles de la vie, on la put voir alerte, fringante, intrépide, ne perdant point les étriers.
« Nous voici clans un petit hôtel nouvellement bâti à l'extrémité de la Chaussée d'Antin. Quelle charmante habitation ! ? Admirez l'élégance de ce perron, la noblesse de ce péristyle, le choix de ces fleurs, la verdure de ces arbustes exotiques, la grâce de ces statues. Peu de lionnes ont une plus belle cage ; ... mais, hâtons-nous ; l'hôtesse vient de se réveiller : elle sonne sa femme de chambre qui l'aide dans sa première toilette du matin. Son appartement mérite une description : il se compose de quatre pièces décorées dans le style du moyen âge. La chambre à coucher est tendue en damas bleu et meublée d'un lit à baldaquin, d'un prie-Dieu, de six fauteuils et de deux magnifiques bahuts, le tout en bois d'ébène admirablement sculpté ; des glaces de Venise, un lustre et des candélabres en cuivre doré, des vases et des coupes d'argent ciselé avec un art infini et deux tableaux, une Judith de Paul Véronèse et une Diane chasseresse d'André del Sarto, complètent cet ameublement. Le salon est surchargé d'ornements, de meubles, de peintures de toutes sortes ; on dirait d'une riche boutique de bric-à-brac ; ce que l'on remarque surtout dans cet amas d'objets divers, ce sont les armes qui tapissent les murs : des lances, des épées, des poignards, des gantelets, des casques, des haches, des morions ; des cottes de mailles, tout un attirail de guerre, l'équipement de dix chevaliers.
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