Mode, costumes a Paris
Cette rubrique vous invite à découvrir la mode, le costume, le vêtement d'autrefois à Paris, consignant les modes des Parisiens d'antan, leurs costumes, leurs robes, leurs vêtements, chapeaux, gants, chaussures, gilets, corset, jupons, pantalon, jupes, les accessoires tels que l'ombrelle, le parapluie, le sac, les lunettes etc., ou encore les coiffures.
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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)

La fashion et les fashionables

Le boudoir et la salle de bains ont la même physionomie gothique, sévère et

martiale. Rien n'est plus étrange que le désordre d'une jolie femme au milieu de ces insignes guerriers et de ces formidables reliques du temps passé : une écharpe de dentelle suspendue à un fer de lance, un frais chapeau de satin rose suspendu à un pommeau de rapière, une ombrelle jetée sur un bouclier, des souliers mignons bâillant sous les cuissards énormes d'un capitaine de lansquenets. »

La Lionne n'apporte pas dans son costume le même sentiment d'archaïsme que dans ses appartements ; au milieu de ses fausses splendeurs gothiques, une élégante romantique de 1830 se fût montrée en robe traînante à la Marguerite de Bourgogne ou bien parée comme la châtelaine de Coucy ; elle eût arboré la ceinture de fer et les bijoux d'acier, mais la fashionable, à dater

de 1840, est plus positive, tout en restant moins dans la couleur locale.

Le matin, au lever, elle pose sur sa tête un bonnet de batiste à petites bardes, bordé d'une valenciennes badinant tout autour ; pour vêtement, une robe de chambre en cachemire de nuance claire avec corsage montant et dos en éventail. Cette robe, fermée de haut en bas à l'aide de petits brandebourgs, manches larges à la Vénitienne, très ouvertes de l'orifice ; en dessous, la coquette laisse voir une chemise amazone avec collet à l'anglaise, à petits plissés formant jabot sur le devant ; aux pieds, elle traîne à plaisir des nonchalantes brodées en soutaches éclatantes.

C'est ainsi qu'elle reçoit ses gens, ses grooms, son

valet de pied, son sellier, ses couturières et ses modistes. Avec un petit air garçonnier, elle traite de toutes choses comme un gentleman ; elle s'informe de ses chevaux, vérifie les mémoires de son armurier, de sa lingère, de son tailleur, de sa marchande de modes et de son bottier ; elle établit le compte de Verdier, de Humanu, de Gagelin, de Lassalle ou de Salmon ; elle donne quelques instants à son fleuriste, puis passe dans son boudoir pour se livrer à un second négligé quelque peu rehaussé pour ses amies qui la viendront visiter.

Le bonnet, cette fois, sera très petit, composé d'un aunage de dentelles gothiques, deux papillons s'arrondissant au niveau des joues et que séparent des coques de ruban de gaze. La mode des bonnets est alors universelle ; on en fait de toutes formes ; ils s'adaptent à toutes les toilettes, à toutes les circonstances.


E
lle se fait passer un peignoir à jupe ouverte, en tissu foulard d'un nouveau genre, aussi remarquable par sa force et sa souplesse que par la franchise de ses nuances ; le dos en est froncé, on voit des plis dans l'épaulette et dans la ceinture, qui est fermée à l'aide d'une boucle d'or. En dessous, une jupe en pékin, de côté à trois volants festonnés ; aux mains des mitaines lacées en moire.

La Lionne reçoit alors ses amies, et l'on se met à table, pendant que messieurs les maris déjeunent au café de Paris. Le repas est copieux et solide ; nos fashionables ont les dents longues : les huîtres, le chapon truffé, les entremets disparaissent comme de simples bagatelles ; il faut soutenir l'honneur du nom, montrer un appétit léonin et se donner des forces et du montant pour supporter les fatigues du jour. Les griffes ne restent pas en place, d'autre part, et le prochain est légèrement lacéré dans ces conversations que nous écouterons avec l'oreille du physiologiste Guinot :

« Que dit-on de nouveau ?

– Peu de chose, ne sommes-nous pas dans la morte-saison du scandale !

– Avez-vous lu le dernier roman de Balzac ?

– Je ne lis jamais de roman.

– Ni moi.

– Ni moi.

– Ni moi.


– Le vicomte de L... a donc vendu son cheval gris ?

– Non, il l'a perdu à la bouillotte, et c'est là le plus grand bonheur qui lui soit arrivé au jeu !

– Comment ! perdre un cheval qui lui avait coûté dix mille francs, tu appelles cela du bonheur ?

– Dix mille francs, dis-tu ? il lui en coûtait plus de cent mille, et voilà bien ce qui fait qu'il a joué à qui perd gagne. M. de L*** était pour son cheval d'un amour- propre excessif et ridiculement opiniâtre ; il acceptait et il provoquait sans cesse des paris énormes ; le cheval était toujours vaincu, mais ces défaites n'altéraient en rien la bonne opinion que le vicomte avait conçue de cette malheureuse bête, si bien que cet aveuglement lui a enlevé quatre ou cinq mille louis en moins d'un an.

– Je ne le croyais pas assez riche pour soutenir une aussi mauvaise chance.


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