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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers
les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la
fondation de Lutèce jusqu'à nos jours,
paru en 1879)
Les fondateurs de Lutèce. – Attaque des Romains. – L'incendie des ponts. – La bataille. – La défaite des Parisiens. – Mort de Camulogène. – Reconstruction de Lutèce. – Les Druides. – Les antiquités. – La première Notre-Dame. – La légende de saint Denis. – Les Bagaudes. – L'insurrection vaincue. Au reste, les deux églises qui existaient à la fin du VIe siècle, étaient si voisines, qu'elles se touchaient presque. D'ailleurs, le christianisme commençait à faire de sérieux progrès dans les Gaules. L'évêque saint Denis et après lui saints Martin, Victorinus et enfin Prudentius et Marcellus, connu sous le nom de saint Marcel, ou saint Marceau, prêchèrent la religion du Christ ; mais il est certain qu'un petit nombre seulement de Parisiens s'étaient convertis à la foi nouvelle, et que le culte païen était encore en honneur. De nombreuses controverses s'élevèrent à propos, non seulement de la prédication des premiers évêques, envoyés dans les Gaules, mais même de leur identité. Ce fut Grégoire de Tours, qui, le premier, signala l'existence de saint Denis qui serait venu-prêcher à Lutèce en 245, avec le frère Rustique et le diacre Eleuthère. « Le bienheureux Dionysius, évêque des Pari-siens, écrit-il, plein de zèle pour le nom du Christ, souffrit diverses peines et un glaive cruel l'arracha de cette vie ». D'autres historiens placent la mission de Saint-Denis avant l'an 100.
Les bornes et le cadre assignés à notre ouvrage ne nous permettent pas d'entrer dans cette polémique qui demanderait beaucoup trop de développement, et dont le résultat ne modifierait en rien cette vérité qu'au commencement du Ve siècle le paganisme était encore très répandu dans les campagnes, bien que dans Paris la majorité des habitants fût convertie au christianisme. « Il est évident, dit Dulaure que c'est plutôt à saint Martin. qu'à saint Denis, qu'appartient la gloire d'avoir converti les Gaulois au christianisme ». Selon Grégoire de Tours, le premier évêque de Paris fut mis à mort par l'ordre du préfet Percennius. Son corps fut transporté à l'abbaye qui prit plus tard le nom du saint, à deux lieues de Paris. Denis, Rustique et Eleuthère auraient eu la tête tranchée (l'an 272) sur une montagne située près de Paris, qui prit le nom de mont des Martyrs (Montmartre). Le préfet avait ordonné de jeter les corps dans la Seine, dit son premier biographe, mais une dame romaine nommée Catulla, qui, cependant n'était pas encore convertie au christianisme, les fit chercher pendant la nuit et inhumer dans un lieu nommé Gatolocus. On sema du blé sur la place et lorsque la persécution fut apaisée, les trois corps furent déposés dans un tombeau. Maintenant voici la légende : Après avoir été décapité, le saint se leva sur ses pieds, prit dans ses mains sa tête qu'on avait abattue, chemina de cette manière, l'espace d'une lieue, tandis que les anges chantaient au tour de lui Gloria tibi domine et que d'autre répondaient trois fois Alleluia Enfin, il arriva en cette posture à l'endroit ou est aujourd'hui son église. N'insistons point sur ce fait miraculeux qui nous devions relater quand même. Il serait, on le comprend, très facile de réfuter, et même de passer sous silence tout ce que les temps éloignés nous ont laissé de traditions fabuleuses ou tout au moins empreintes de ce côté mérveilleux surnaturel, qu'on retrouve dans presque toutes les chroniques anciennes, mais les faits miraculeux tiennent tant de place dans les récits du passé que si on les écartait de parti pris, la moitié de l'histoire de Paris serait incompréhensible ; ils ont servi si souvent de prétextes à des fondations religieuses, hospitalières, et ils ont été tant de fois la cause d'événements importants ! D'ailleurs, l'historien doit mentionner tout ce qui est de nature à porter la lumière dans les ténèbres de ces siècles d'ignorance et d'obscurité. La persécution dont les nouveaux convertis étaient victimes et aussi la haine que les Parisiens portaient à leurs oppresseurs, déterminèrent en 286 un mouvement en faveur de la liberté. Deux chrétiens, Salvianus Amandus et Lucius Pomponius Ælianus se mirent à la tête des patriotes qui avaient rêvé de secouer le joug romain et de s'affranchir du paiement du lourd tribut qu'ils payaient à l'empire, car les malheureux Parisiens avaient terriblement à souffrir des exigences de leurs vainqueurs ; la plupârt des individus de la classe inférieure, forcés par la crainte ou la misère, se donnaient aux hommes riches qui s'arrogeaient sur eux
L'esclave attaché à la glèbe fut un immeuble, laissé par héritage ou acquis par la vente du fond de terre. Leur nombre diminuait, le christianisme ayant beaucoup contribué à augmenter, celui des affranchis, mais combien encore étaient traités avec dureté et considérés comme des animaux destinés a accomplir un travail journalier et incessant. Aussi, nombre d'habitants de la ville fuyaient vers la campagne, où ils pouvaient vivre avec plus de liberté, et cela malgré la rigueur des lois qui punissaient « tous ceux qui abandonnaient le séjour de la ville et, lui préférant la vie champêtre, se retiraient en lieux écartés et solitaires ». Riches et pauvres étaient en outre obligés de verser, au fisc le pluss net de ce qu'ils possédaient ou acquéraient. Ce fut alors que Amandus et Ælianus tentèrent de délivrer le pays de ses oppresseurs. Ils se mirent à la tête des esclaves et des colons de Paris et de Meaux promenés sur un bouclier et proclamés Empereurs à peu près à l'endroit ou se trouve aujourd'hui l'Hôtel de Ville, ils se joignirent aux bagaudes (insurgés) qui existaient dans les environs et se retirèrent avec leur petite armée à l'extrémité de la presqu'île formée au confluent de la Seine et de la Marne qui garda longtemps le nom de fossé des Bagaudes (puis Saint-Maur-les-Fossés), et y établirent un camp. Mais les troupes romaines commandées par
Maximien Hercule, associé de Dioclétien à l'empire, s'avancèrent
en force considérable. Maximien combattit en personne, à cheval,
couvert de la pourpe impériale, la tête ceinte du bandeau, et
portant au bras gauche un armille d'or. Les bagaudes firent d'héroïques
efforts pour résister, mais l'assaut fut donné à leur
camp par les cohortes prétoriennes. Et ils tombèrent écrasés
et vaincus. L'heure de l'écroulement, de la domination étrangère
n'était pas encore sonnée, mais ce n'était qu'une question
de temps.
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