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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers
les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la
fondation de Lutèce jusqu'à nos jours,
paru en 1879)
Les arènes de Paris. – Le palais des Thermes. – Les cimetières . – Les aqueducs et le bassin. – Costumes des Parisiens. – Leurs coutumes. – Les Huns. – La vierge de Nanterre. – Childéric. – Clovis. – Paris capitale. Paris n'était plus resserré dans les bornes étroites de la Cité. Sur les deux rives s'élevaient des constructions de toute nature. Commençons par la rive gauche : Au printemps de 1870, on découvrit, en creusant le sol dans la rue Monge, les restes d'un amphithéâtre gallo-romain, dont l'ancienneté remontait au deuxième siècle de l'ère chrétienne. Les arènes de la rue Monge se trouvaient au milieu d'un terrain de 5000 mètres, mais elles n'en occupaient réellement que la moitié, et le cirque mesurait 127 mètres de diamètre. Une large porte conduisait dans l'enceinte ; à gauche de cette porte on voyait encore les vestiges d'une chambre carrée destinée aux gladiateurs ; elle était fermée du côté de l'arène par une
L'arène intérieure ou cavea était entourée d'un mur d'environ trois mètres de hauteur, au-dessus duquel commençaient les degrés ; ce mur était destiné a empêcher les bêtes fauves de se jeter au milieu des assistants. Selon toute probabilité, une cloison en charpente formait encore un couloir circulaire entre le public et les animaux féroces ; une différence de niveau du sol et quelques assises indiquaient l'existence de cette précinction. Plusieurs pierres de grande dimension portaient des inscriptions qu'on supposait avoir indiqué les noms des personnages ayant droit à des places réservées Des monnaies des règnes de Gordien III, de Nuniérien, de Tétricus, fils de Constantin, avaient été aussi trouvées dans la terre. Le monde savant s'émut beaucoup de cette découverte. La société de numismatique de Paris s'empressa de se rendre à là rue Monge pour contrôler les précieuses antiquités. Devant ses membres délégués, on exhuma un bas-relief représentant deux personnages. Puis les sociétés d'archéologie et des antiquaires rédigèrent un rapport qui fut adressé à l'empereur pour le supplier de s'intéresser à la conservation d'un monument si ancien. Une pétition signée d'un grand nombre de personnes fut adressée a la Chambre des députés pour réclamer la conservation de cette ruine historique. « C'est, disaient les pétitionnaires, l'antique théâtre des fêtes populaires des Gaulois, c'est l'arène où périrent pour la liberté de conscience les ancêtres de la nation française, le champ où dorment les martyrs de Lutèce. Dans l'ordre du temps c'est le premier monument de Paris, mieux caractérisé que le palais des Thermes ; c'est tout ce que Paris possède en fait d'architecture gauloise contemporaine des premiers Césars. Quand la ville de Paris tout entière devient un musée, quand nous sommes justement fiers de l'admiration qu'elle inspire, quand nous écrions son histoire et quand le monde attend la re production de ses monuments, ne souffrez pas qu'on déshonore ce livre splendide et qu'on en déchire la première page. » La Chambre garda un silence prudent ; alors on s'adressa à Napoléon III, qui, avant de prendre une décision, voulut à son tour examiner le fameux amphithéâtre. M. E. de Beaumont, secrétaire de l'Académie des sciences, M. Ponton d'Amécourt secrétaire de la société de numismatique, M. Réal, chef de division des travaux historiques, et plusieurs autres personnages
Quoiqu'il en soit, il est donc incontestable qu'il y avait dès le
second siècle, à Lutèce, un amphithéâtre
destiné au
spectacle des grands jeux, tels que des gladiateurs, des chasses,
des combats de bêtes féroces, jeux dont les Romains étaient
grands amateurs, et dont ils essayèrent de propager le goût
chez lesParisiens. En 1284, il existait un emplacement appelé le
clos des Arènes. « Cette dénomination a fait croire qu'il avait existé là un amphithéâtre mais aucun reste de ce prétendu édifice n'a survécu pour témoigner son antique existence. Nous voyons encore et nous admirons les débris imposants et les amphithéâtres des autres villes gauloises : Paris n'offre rien de semblable, on doit en conclure que le lieu de spectacle ; s'il a réellement existé, était peu solidement construit et se composait de palissades et de terrasses. » La découverte faite en 1870 fixe l'opinion sur ce point. Le Recueil d'antiquités de M. de Caylus cite un édifice dont on a trouvé des fragments en marbre en 1735 et qui aurait jadis été élevé, à l'endroit qu'on appelle aujourd'hui quai de la Tournelle, et qui, selon lui, eût été une sorte d'autel bâti par les trafiquants de Paris, mais ce ne sont que de simples conjectures et rien n'est venu appuyer l'assertion de l'écrivain. Il en est de même d'une statue de Julien l'Apostat qui aurait été trouvée à Paris mais on n'a aucune donnée précise, sur le lieu et l'époque où fut découverte cette statue. Venons, sans, nous arrêter davantage à de simples indices au plus magnifique et au plus curieux spécimen de l'art monumental qui nous soit resté de l'époque de la domination romaine, au palais des Thermes, à cette ruine, imposante qui semblant défier les siècles se dresse victorieuse du temps, au milieu d'un jardin que l'édilité parisienne entretient comme un des plus précieux joyaux de l'écrin des antiquités de l'ancien Paris. Lorsqu'il fut construit deux grandes voies mettaient en communication les habitants de la Cité avec les jardins, et les vignes qui couvraient la campagne jusqu'au sommet du mont Lucotitius ; appelé plus tard, montagne Sainte-Geneviève. Or ce fut sur le versant de ce mont que le gouverneur général des Gaules, Constance Chlore, c'est-à-dire le Pâle fit bâtir tout à fait à fin du IIIe siècle peut-être bien seulement au commencement du IVe, une résidence somptueuse, qu'on appela les Thermes (bains) en raison de la ressemblance que sa construction offrait avec celle du magnifique palais des Thermes, bâti à Rome par Dioclétien et aussi, à cause de l'étendue de ses salles de bains, alimentés par les eaux d'Arcueil et de Rungis qu'un aqueduc venait y déverser aqueduc dont on voit encore deux arches dépendantes aujourd'hui de l'aqueduc moderne d'Arcueil qui fut reconstruit en 1616, pour amener les mêmes eaux dans le jardin du Luxembourg.
Le nom de Thermes de Julien a été donné au palais de Constance
Chlore. Cette chambre était contiguë à celle de sa femme, Hélène, sœur de l'empereur Constance. Il s'y enfermait volontiers, pour écrire car Julien était un empereur
A partir de ce moment on assigna au palais des Thermes le nom de Julien. Depuis, et malgré les grands événements, les révolutions et les bouleversements de tous genres qui agitèrent Paris, quelques parties du palais des Thermes sont restées debout et le temps a respecté ces vénérables murs, mais que de vicissitudes dans son histoire ! Après la destruction de l'empire, l'édifice, encore intact, fut habité par les rois francs, Childéric y résidait, ainsi que nous l'apprend Fortunat ; et le poète Jean de Hauteville, qui écrivait en 1180, fait un superbe éloge du palais. « Ce palais des rois, dit-il, dont les cimes s'élèvent jusqu'aux cieux et dont les fondements atteignent l'empire des morts.» Cependant, lorsque les Capétiens eurent fait construire dans la cité, à la pointe de lîle, le vaste bâtiment connu sous le nom de palais, l'ancienne habitation de Julien, le palais des Thermes de Paris, devint le vieux palais, et les terrains qui en dépendaient et qui, s'étendant vers la Seine, embrassaient tout le littoral, jusqu'à Saint-Germain-des-Prés, furent morcelés et divisés successivement par la nouvelle enceinte élevée sous le règne de Philippe-Auguste. Ces terrains furent couverts de constructions qui passèrent, ainsi que le palais lui-même, dans les mains de divers possesseurs parmi lesquels on trouve, d'après les titres des XIIIe et XIVe siècles, les sires Jehan de Courtenay, seigneur de Champignolles, Simon de Poissy, Raoul de Meulan, l'archevêque de Reims et l'évêque de Bayeux, jusqu'au jour de l'acquisition faite vers 1340 par Pierre de Châlus au nom de l'ordre de Cluny, de la totalité de ce domaine, tel qu'il existait alors.
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