Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Le commerce parisien. – Childebert. – Fondations d'églises. – Clotaire. – Mœurs et coutumes. – Chilpéric. – Crimes. – L'inondation. – L'incendie. – La disette. – La guerre. – Les enlèvements. – Saint Éloi. – Dagobert. – La foire Saint-Laurent. – L'adultère. – La peste. – Saint Marcel. – Nouvelles églises.

« En 666, lisons-nous dans Félibien, la peste dépeupla une partie de la ville de Paris. La contagion gagna bientôt l'abbaye de Saint-Martial, fondée par saint Eloi, et emporta une grande partie des religieuses ; sainte Aure, qui en estoit encore abbesse, ayant eu un pressentiment certain de sa mort se prépara sérieusement à partir de ce monde. Elle commença par assembler sa communauté et l'ayant divisée en deux bandes elle avertit les unes de demeurer fidelles à leurs devoirs et les autres de se disposer à mourir. Sa prédiction se trouva véritable. Elle fut incontinent frappée de la peste, et après elle toutes les religieuses qu'elle avoit marqué qui devoient la suivre au nombre de cent soixante. Leurs corps furent tous inhumés dans le cimetière de saint Paul, d'où celui de sainte Aure fut rapporté cinq ans après dans l'église de son abbaye. »

Les Parisiens changèrent de maître en 691, année de la mort de Thierry III qui n'était plus qu'une ombre de roi ; quelques années auparavant le maire Pépin lui avait livré bataille auprès de Saint-Quentin, et le poursuivant jusqu'à Paris,
il avait assiégé la ville, s'en était emparé et s'était rendu maître des trésors et de la personne de Thierry III, à qui il avait bien voulu laisser le titre de roi, mais c'était lui qui réellement gouvernait. Sous Clovis III, sous Childebert II, ou sous Dagobert II, Paris ne fournit à l'historien aucun fait saillant ; les rois et les grands continuent à se battre, à s'emprisonner, à se voler mutuellement leurs trésors et le peuple regarde passer tous ces pourfendeurs,

Les Francs Saliens élevant Clovis
sur le pavois et le proclamant roi
ces chasseurs de couronnes au sort desquels il s'intéresserait médiocrement si sa sécurité et son existence n'étaient sans cesse menacées par ces troubles continuels.

Après Dagobert, le nom seul change, les rois demeurent fainéants ; des privilèges de la royauté, ils ne conservent guère que celui de porter les cheveux flottants et la barbe longue. Relégués dans un manoir sur les bords de l'Oise, ils y vivent d'une pension réglée par les maires du palais et Paris ne les voit que dans les grandes cérémonies publiques où ils se montrent. sur un chariot traîné par des bœufs.

Ces maires, chefs des leudes et possesseurs d'immenses domaines, étaient les véritables souverains, et l'un d'eux, Charles Martel, fut un vaillant guerrier qui frappa en véritable martel sur les ennemis de la France ; mais ce fut Pépin le Bref, son fils, qui fit cesser cette double royauté, l'une de fait, l'autre de nom, et exerça comme roi le pouvoir souverain.

Paris reçut pour la première fois sous son règne la visite du pape Étienne en 754. On sait que ce fut lui qui sacra Pépin et ses deux fils dans l'église de Saint-Denis. Quelques jours avant cette cérémonie, il y en eut une importante à Paris à l'occasion de la translation du corps de saint Germain, inhumé cent dix-huit ans auparavant dans la chapelle de Saint-Symphorien, joignant le vestibule de la basilique de Saint-Vincent. Cette translation eut lieu le 24 juillet, on tira de la terre le cercueil de pierre renfermant le corps de saint Germain qu'on transporta de la chapelle de Saint-Symphorien dans la nef de la grande église. Le lendemain le roi s'y rendit accompagné de ses deux fils, des évêques, des seigneurs de la cour et avec l'aide de quelques-uns de ses familiers, il porta à bras le cercueil sous le rond-point de la basilique, derrière le grand autel, et sans avoir été ouvert, il fut descendu dans un caveau spécial.

Ce fut à partir de ce jour que la basilique de Saint-Vincent devint Saint-Germain-des-Prés. Sous les rois de la première race ce sont toujours les cérémonies religieuses, dont les détails sont conservés avec soin, pour être transmis à lapostérité, et cela se comprend, puisque les évêques et les ecclésiastiques étaient les dépositaires de l'autorité supérieure. Aussi les chapelles et les églises s'élèvent-elles de tous côtés, cependant au VIIIe siècle quelques groupes d'habitations se formèrent autour des chapelles construites sur les deux rives, mais ils étaient séparés par de grands espaces de terrains vagues. « Durant la première race de nos rois, dit un historien, les faubourgs de Paris s'accrurent si considérablement que dès lors ils auraient pu former une autre ville. »

Méderic ou Merri, ancien abbé du monastère de Saint-Martin, en revenant d'un pèlerinage était tombé malade et s'était retiré dans une sorte d'ermitage qui avoisinait un oratoire dédié à saint Pierre et qui existait dans un faubourg septentrional de Paris. Il y mourut le 29 août 700 et son corps fut inhumé dans la chapelle de Saint-Pierre, la sainteté de sa vie le fit bientôt considérer comme le véritable patron du lieu où reposaient ses reliques, et à la place de la chapelle s'éleva une église dédiée à saint Merri. Elle fut dotée en 884 par le comte Adalard. La dotation fut confirmée par le roi Carloman, et en 936 par Louis d'Outre-mer. Peu après elle fut érigée en collégiale. L'édifice fut alors reconstruit aux frais d'un certain Odon, le fauconnier, qui y fut inhumé.

Sous François Ier, l'accroissement de la population du quartier rendit nécessaire la reconstruction de l'église qui fut commencée en 1521 et ne fut terminée qu'en 1612.


Guerriers gaulois et francs-saliens. Alliance des
Gaulois et des Francs sous Clovis
Une crypte a éte ménagée à la place du caveau où se trouvait le tombeau du saint. Lorsqu'on abattit une partie du vieux monument primitif pour édifier le nouveau, on découvrit dans un tombeau en pierre le corps d'un guerrier dont les jambes étaient recouvertes de bottines de cuir doré. Une inscription qui se trouvait sur le cercueil attestait que ce corps était celui de Ode Falionarius, Odon ou Eudes le fauconnier. L'église est de style gothique. L'édifice se développe sur cinq nefs en ogive qui viennent aboutir à la croisée. L'hémicycle du chœur est formé de treize ogives.

Des deux côtés du porche se trouvent deux petites entrées latérales ; au-dessus de celle de gauche s'élève une tour, ogivale dans sa partie inférieure et cintrée à ses derniers étages avec pilastres du XVIIe siècle. Cette tour, construite dans le style de la renaissance, est un peu lourde et on lui préfère la petite tourelle gothique de droite revêtue d'une arcature et surmontée d'un campanile en bois travaillé à jour. Des clochetons, des gorges fouillées qui courent le long du portail à trois portes complètent la façade du monument. L'église de Saint-Merri est construite sur un plan uniforme ; le bras méridional du transept est presque complètement caché par la maison presbytérale. La grande nef est accompagnée d'un collatéral unique au nord, double au midi, cinq chapelles accompagnent chacun des collatéraux.

Vers 1753, sous prétexte de restauration, les treize arcades en ogive du chœur et de l'abside furent converties en plein cintre et on brisa les moulures des piliers, pour les revêtir de stuc. En 1754 on défonça trois chapelles du côté du midi pour ouvrir autant d'entrées à la chapelle de la communion nouvellement construite. Ce fut l'architecte Boffrand et les frères Slotdz qui conçurent et mirent à exécution ce beau projet. Enfin en 1842, on entreprit de nouveaux travaux de restauration qui repeuplèrent la porte centrale de statues médiocres des douze apôtres, couronnées de nimbes en bois peint. Ces vingt statuettes des voussures furent faites d'après des moulages pris à Notre-Dame sur la porte du transept. Le maître-autel de Saint-Merri a la forme d'un tombeau ; il est surmonté d'un grand christ en marbre. La travée terminale du chœur est ornée d'une gloire d'assez mauvais goût ; un peu au-dessous, il y avait autrefois un tabernacle suspendu renfermant le saint sacrement ; plus bas était une châsse de Saint-Merri en bois doré. Elle a été enlevée et remplacée par un reliquaire.

On remarque à Saint-Merri de bonnes peintures entre autres un beau saint Pierre de Restout, la réparation d'un Sacrilège de Belle, un saint Ment de Simon Voüet, deux excellents tableaux de Carte Vanloo, une Vierge et l'enfant Jésus et un saint Charles Borromée. On doit aussi citer les peintures décoratives de M. Sébastien Cornu consacrées à Mme Acarie devenue carmélite, celles de MM. Lépaulle, Chassériau, Duval et Lehmann. Jadis, Saint-Merri possédait des vitraux fort appréciés, ils étaient l'œuvre de quatre des plus habiles verriers du XVIe siècle, Héron, Jacques de Paroy, Charnu et Jean Nogare ; en 1742 la fabrique fit remplacer par des vitres blanches les carreaux de la division centrale de chaque fenêtre. C'est par un étroit escalier de quinze marches qu'on descend dans la crypte, chapelle souterraine qui remplace celle où fut le tombeau de Saint-Merri ; la voûte de cette chapelle est divisée en quatre travées et soutenue par une grosse colonne libre et des colonnes engagées.

Parmi les personnages qui furent inhumés dans cette église, on compte Raoul de Presles, le chancelier Jean de Ganay, le poète Jean Chapelain et Armand de Pomponne ministre d'état sous Louis XVI. Saint-Merri possédait jadis des tapisseries de grand prix, elles étaient dues à un artiste du nom de Dubourg.
Dubourg était Parisien et « enfant de la Trinité » (hôpital) ; ses tapisseries de Saint-Merri firent si grand bruit en leur temps que Henri IV voulut les voir et que, les ayant vues, il les trouva si à son gré qu'il résolut de rétablir à Paris les manufactures de tapisseries que les désordres des règnes précédents avaientabolies. Les cartons de Saint-Merri dus à Lerambert appartinrent à l'église jusqu'à la Révolution de 1789 ; ils furent à cette époque, donnés à la bibliothèque nationale où ils sont encore au cabinet des estampes.

Quant aux tapisseries « qui avaient treize pieds de haut sur vingt de large, » la dernière existait encore en 1852 mais dans un état déplorable ; on s'en servait pour boucher les trous faits aux fenêtres par la grêle ou le vent, en attendant les réparations. Les onze autres étaient tellement mutilées que c'est à peine si quelques débris ont pu être conservés ; la tête de saint Pierre est de ce nombre ; elle a été recueillie par M. Jubinal, député au corps législatif, qui l'a donnée au musée de Cluny en 1861. « Devant l'église il y avait autrefois, rapporte Sauval, une espèce de parvis qui ressentait fort la primitive église ; surtout ces deux lions qui en gardoient les deux côtés de l'entrée, étoient une auguste et terrible marque de ce saint lieu et donnoient une certaine terreur et respect aux passants ».

L'église Saint-Merri, qui porta le nom de Temple du commerce en 1793, est aujourd'hui paroisse du IVe arrondissement de Paris. Dans l'origine, un cloître attenait à l'église, il comprenait dans son périmètre les rues Brisemiche et Taillepain (ces rues furent ouvertes au XVé siècle, elles tirent vraisemblablement leurs noms des pains ou miches du chapitre que l'on distribuait aux chanoines de la collégiale de Saint-Merri).

Du côté de la rue Saint-Martin, on voyait une porte ou barrière qui avait fait donner à cet endroit le nom de la barre Saint-Merri du nom de la juridiction temporelle que les chanoines y exerçaient. Les prisons du chapitre y étaient situées ; on y tenait également des assemblées capitulaires.

Childéric III, fils de Chilpéric II, fut reconnu roi en 743 ; on venait alors de défendre aux clercs et aux moines d'aller à la guerre, et tous les monastères de Paris furent soumis à la règle de saint Benoit ; rien d'important sous ce règne, sinon que le comte de Paris Gairin, préposé à l'administration de la justice, en profita pour s'approprier certains droits perçus à la foire de Saint-Denis et qui appartenaient aux religieux. C'était une peccadille ; dans ces temps barbares le vol et la rapine étaient dans les habitudes des gouvernants et de leurs agents. Gairin est le premier cité comme ayant porté ce titre de comte de Paris ; il habitait une maison dans la partie occidentale de la Cité, sur l'emplacernent de laquelle s'éleva le Palais de Justice ; à l'est était la maison d'église, habitée par l'évêque et son clergé.

Le comte et l'évêque se partageaient l'autorité qu'ils exerçaient, chacun dans les limites de sa juridiction. Au comte de Paris Gairin succédèrent Sonachilde et Gérard, qui furent comtes de Paris de 753 à 759, puis vinrent ensuite Étienne, comte de Paris en 770, Picopin qui mourut en 816, Gérard II qui vivait en 837, Conrad en 879, Eudes en 888, Robert en 922, Hugues le Grand en 943, et Hugues Capet qui se fit proclamer roi. Immédiatement après, ces comtes chargés du gouvernement de Paris, venaient les vicomtes de Paris. Il serait difficile de dire où s'arrêtaient les limites de leurs droits, car ils s'arrogeaient ceux qu'ils n'avaient pas on peut donc dire qu'ils les avaient tous, ainsi que les évêques et après eux les abbés ; et Dieu sait si souvent les uns et les autres en abusèrent !



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