Parcs, jardins et squares de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des parcs, jardins et squares de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des parcs et jardins dont un grand nombre existe encore.
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LE JARDIN DES PLANTES
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Le long de la rue Cuvier on rencontre successivement, après les bâtiments

Les mouflons
consacrés à divers services d'administration, d'abord le grand amphithéâtre qui renferme deux laboratoires de chimie, un laboratoire de physique et la salle des cours ; ensuite la maison de Cuvier, appuyée contre la grande galerie d'anatomie comparée, dont le bâtiment, flanqué de deux ailes, contient les squelettes de toutes les espèces d'animaux vertébrés, poissons compris. On voit au rez-de-chaussée les espèces disparues, les diornis, oiseaux gigantesques de la Nouvelle-Zélande, le squelette entier d'un paleotherium et d'un anoplotherium provenant des carrières à plâtre de Vitry-sur-Seine ; un ichtyosaure de l'époque jurassique, etc.

La cour renferme le squelette, bien délabré et réparé comme une vieille maison à force de pièces et de poignées de plâtre, du cachalot à grosse tête. Suivent, toujours dans la même direction, en marchant vers la Seine, le palais des tortues et des crocodiles, couchés dans l'herbe, immobiles et rugueux ; on les prendrait pour des troncs d'arbres ou de grosses branches desséchées ; les plus dangereux sont renfermés dans des baignoires ; puis le palais des reptiles, où les

La fosse aux ours
redoutables pythons et les boas constrictors végètent souffreteux dans leurs couvertures de malades. L'École des poiriers remplit l'espace entre ce dernier bâtiment et le quai, près de l'Entrepôt des vins.

Le jardin, planté par Buffon, est divisé en trois séries longitudinales de carrés, séparés entre eux par deux allées de tilleuls, et de la partie ouest en admirable allée de marronniers. L'intervalle entre cette allée de marronniers et les bâtiments échelonnés le long de la rue Cuvier est dessiné en jardins anglais, aux allées sinueuses, qui enveloppent pittoresquement les nombreuses divisions de la ménagerie : animaux féroces, lions, tigres, panthères, hyènes, ours, jaguars, réunis dans une série de loges grillées, ou séparés en petits parcs à l'usage des chacals, des renards, des sangliers, etc.

Les chiens ont leur chenil ; une grande rotonde, semblable à un cirque, abrite les éléphants, les chameaux, les girafes, les rhinocéros, les buffles, les hippopotames, etc. Les ours ont leurs fosses, entourées de parapets, toujours garnis de spectateurs qui les excitent à grimper à l'arbre central, et qui se racontent la légende du vétéran tombé dans la fosse et dévoré par l'ours Martin. Les otaries ou lions de mer ont leur bassin d'eau profonde ; des oiseaux aquatiques ne sont pas moins soignés ; les oiseaux de proie menaçants, les antilopes aux grands yeux timides, les zèbres indomptables ont leur public,

Le dromadaire
j'allais dire leur cour.

Mais les favoris de la foule sont les singes, pour qui l'on a construit en 1836 un palais à jour soutenu par des colonnettes de fer ; la foule y stationne en permanence ; mais il n'est pas prudent de s'y hasarder sans précaution. C'est que le public des singes n'appartient pas, en général, aux classes les plus recommandables de la société. La gratuité est évidemment une pratique très démocratique ; elle a cependant ses inconvénients ; et il n'est que trop visible que le Jardin des Plantes, d'ailleurs fort éloigné des quartiers riches qui se développent de plus en plus vers l'extrême ouest, sert de rendez-vous et de galeries aux rôdeurs à l'affût d'une proie, comme aussi aux simples mendiants, et à ces troupes déguenillées qui arrivent chaque jour des régions de l'est et du sud-est pour grossir les équipes de balayeurs que la Ville emploie de nuit au nettoiement de la capitale. Une autre circonstance a détourné du Jardin des Plantes le courant des classes riches ou simplement aisées, c'est la création à l'autre bout de Paris du Jardin d'acclimatation.

Les serres du Jardin des Plantes, l'école de botanique et de culture, les jardins des semis, le jardin de naturalisation, demeurent cependant sans rivaux. Quelques mesures de surveillance exercées contre les vagabonds, qui s'emparent, lorsqu'il leur plaît, des parties les plus fréquentées et les rendent inaccessibles aux honnêtes gens, suffiraient à rendre au Jardin des Plantes la physionomie décente qui le caractérisait autrefois, lorsqu'il était la promenade favorite et, pour ainsi dire, le rendez-vous des familles de la bourgeoisie parisienne.

La grande grille d'entrée du Jardin des Plantes, la plus connue des promeneurs,

L'entrée des serres

ouvre sur le quai, au centre d'une place demi-circulaire, où aboutit le pont d'Austerlitz, commencé en 1802 en même temps que le pont des Arts, ouvert à la circulation en 1806 et baptisé par la victoire. La place circulaire fut ordonnée pour compléter le pont et reçut le nom du général Valhubert, tué à la bataille d'Austerlitz.

Le pont, qui met en communication cette partie de la rive gauche avec le quartier de la Bastille et le faubourg Saint-Antoine, fut élargi et reconstruit en maçonnerie de 1854 à 1856. Il mesure aujourd'hui 18 mètres de largeur, composé d'une chaussée de 11 mètres et de deux trottoirs de 2,50. La circulation y est plus active qu'en aucun point de Paris ; on n'évalue pas à moins de 40,000 le nombre des personnes qui traversent quotidiennement le pont d'Austerlitz.


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