Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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LA SALPÊTRIERE
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Immédiatement après la gare du chemin de fer d'Orléans, une vaste place en demi-lune, plantée d'arbres et ornée d'une statue, annonce l'entrée d'un grand

La grande façade intérieure de la Salpêtrière
édifice ; la statue est celle de Philippe Pinel, l'un des bienfaiteurs de l'humanité, l'illustre aliéniste, dont les persévérants efforts et l'exemple persuasif firent tomber les chaînes des malheureux fous, martyrisés jusqu'alors par des traitements barbares ; l'édifice, c'est l'hospice de la Salpêtrière, le plus considérable de tout Paris et de toute la France. Il contient plus de cinq mille lits.

Dès l'entrée on aperçoit au delà de la cour d'honneur l'église et son dôme, qui sont visibles, d'ailleurs, de presque tous les points de l'horizon parisien. Sur des terrains champêtres, en dehors du faubourg Saint-Victor, Louis XIII avait fait construire, sur la rive gauche de la Seine, en face de l'Arsenal existant sur la rive droite, des magasins pour la fabrication et l'approvisionnement de la poudre ; on les appela la Salpêtrière ; la destination en fut changée presque aussitôt, et le roi se réserva d'y nourrir de bons pauvres.

Lorsque, sous son successeur Louis XIV, fut prise en 1656, par l'initiative du premier président Pomponne de Bellièvre, la mesure d'ensemble qui débarrassa Paris de la multitude des mendiants, qui depuis trois siècles formaient « le royaume de Thune » et peuplaient les cours des Miracles, on désigna la Salpêtrière comme l'emplacement le plus propre pour y établir le chef-lieu de l'Hôpital général des pauvres, comprenant dans sa dotation la maison de la Pitié,

Le parc de l'hospice de la Salpêtrière
le Refuge du faubourg Saint-Victor autrement dit Sainte-Pélagie, l'hôpital Scipion, la Savonnerie et le château de Bicêtre.

L'architecte Libéral Bruant fut chargé d'élever les vastes constructions d'une architecture uniforme qui suffisent encore aujourd'hui à leur charitable destination. L'église, dédiée à Saint Louis, fut livrée au culte en 1670 ; elle offre un plan circulaire de 30 mètres de diamètre, percé de huit arcades, qui communiquent à quatre nefs et à quatre chapelles, dédiées à la Vierge, au Bon Pasteur, à saint Vincent de Paul et à sainte Geneviève. Disposées en rayons, elles partent toutes du grand autel, placé au centre de l'édifice sous le dôme, d'où l'on embrasse d'un coup d'œil l'ensemble de l'édifice dans ses huit divisions.

L'hospice proprement dit comprend environ cinquante corps de bâtiments, occupant une superficie de 33,000 mètres, avec 30,000 mètres de cours, jardins et dégagements; ce n'est pas seulement un hospice, mais une ville entière d'hospices.

La Salpêtrière porte administrativement le titre d'hospice de la Vieillesse-Femmes, celui des hommes étant établi au château de Bicêtre près Paris. Sa destination est double; on y reçoit : 1° les femmes indigentes âgées de soixante-cinq ans au moins, et les femmes atteintes d'affections cancéreuses ou de cécité complète ; 2° les femmes indigentes, aliénées, idiotes, épileptiques, etc.

La première catégorie dispose de 4,000 lits ; la seconde de 1,341 lits. Les indigentes sont réparties en quatre divisions, dont la première est consacrée aux anciennes employées des hospices et hôpitaux ; on les appelle les reposantes. La mortalité moyenne n'est pas moindre de 2 sur 5 ; proportion dont l'énormité est cependant toute naturelle, puisqu'elle frappe sur des femmes presque toutes septuagénaires, et qu'on ne reçoit que lorsqu'elles sont arrivées pour ainsi dire au terne d'une existence épuisée. Les admissions des aliénées à l'hospice de la

La perspective des cours intérieures
Salpêtrière se font d'urgence par la Préfecture de police ou par le Bureau central des hôpitaux.

On n'emploie jamais contre elles un de ces moyens violents si hautement proscrits par Pinel. La plus grande douceur et les soins les plus affectueux sont recommandés à toutes les surveillantes par les six médecins, praticiens de premier ordre, qui ont la direction des services ; l'isolement et l'influence morale forment le seul traitement employé, même contre les folles furieuses, dont le seul aspect fait frémir.

Les indigentes autres que les aliénées peuvent sortir tous les jours, de dix heures du matin à neuf heures du soir ; aussi la grande place dite de l'Hôpital, et la partie du boulevard qui y accède, place et boulevard qui n'ont été tracés, celui-ci qu'en 1760, celle-là qu'en 1767, sont-elles parcourues tout le jour d'un va-et-vient de pauvres vieilles infirmes, cassées, ratatinées, béquillardes, mais propres, qui, sauf cette dernière particularité, semblent la promenade animée des images dessinées par le burin de Jacques Callot.

 


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