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VUE GÉNÉRALE DE PARIS A VOL
D'OISEAU
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
Peu d'années après, l'architecte lyonnais Philibert de l'Orme, attaché au service du du pape Paul III, revenait à Paris et développait aux yeux enchantés de la reine Catherine de Médicis les plans de son génie abreuvé aux sources de Bramante et de Michel-Ange ; l'architecte romain fut compris par la reine florentine, et voilà comment, dès l'année 1570, le pavillon central du palais des Tuileries mira dans la Seine étonnée le plus ancien des dômes pari-siens, dôme elliptique en projection horizontale, couronné par une lanterne, ayant pour amortissement une fleur de lis d'or, chef-d'œuvre de grâce et d'élégance, qui disparut dès le règne de Henri IV, sous les lourdes surcharges que lui imposa l'architecte Androuet du Cerceau, successeur de Philibert de l'Orme et de Jean
Et tandis que les formes halo-byzantines se développent sur nos têtes, les flèches tombent l'une après l'autre, celle-ci par le feu du iel, celle-là par la main des hommes,plus meurtrière et moins clairvoyante que la foudre. De savantes restitutions ont relevé la flèche de Notre-Dame et celle de la Sainte-Chapelle ; Paris doit aux architectes modernes les clochers de Sainte-Clotilde, de Belleville, de Montrouge, etc. Faibles compensations pour tant d'irréparables pertes, infligées à la vieille capitale par le vandalisme officiel qui a sévi sur elle depuis le règne de Louis XIV, où l'on proscrivit le gothique comme un souvenir des temps barbares, jusqu'aux dernières époques contemporaines. A mesure que les flèches s'émoussaient ou s'étêtaient, que les dômes se boursouflaient sous la dorure, les carrés de. pierre pullulaient et envahissaient avec une rapidité contagieuse les divers quartiers de la ville toujours grandissante ; plus de pignons aigus, bientôt plus de toitures ; ici des combles en
Cette constatation était inévitable dans une vue d'ensemble. A la hauteur où je nous suppose placés, -au-dessus de la Basilique sacrée ou de l'Arc triomphal, nous sommes bien forcés de nous apercevoir que le soleil nous darde des rayons aveuglants et meurtriers et se réfléchissant sur les immenses surfaces vitrées qui recouvrent ici les gares d'Orléans, de Lyon ou du Nord, ailleurs le palais de l'Industrie et le musée du Louvre. Néanmoins, le spectacle est grandiose. Partout le mouvement, le frémissement, l'intensité de la vie : la Seine est incessamment sillonnée de bateaux à vapeur chargés de touristes, de péniches chargées de marchandises, de chalands, de trains de bois et de remorqueurs ; le tracé extrême de la ville se devine aux hautes cheminées d'usine, dressant leurs colonnes de feu vers le ciel parisien, qui demeure, malgré tout, d'un bleu tranquille, riant et gai. Cette agglomération de deux millions deux cent cinquante-six mille êtres humains, ayant pour atelier, pour ruche et pour demeure quatre-vingt-quatre mille maisons, n'est pas une ville ; c'est un peuple, disons mieux, c'est un monde, mais un monde incessamment mobile et chatoyant, un kaléidoscope de quinze lieues de tour, pour reprendre un mot d'Honoré de Balzac, en l'amplifiant jusqu'aux superficies actuelles. Paris fait de tout, et vit de tout : il rit de tout aussi, et c'est son privilège ; son
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