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MANUFACTURE NATIONALE DES GOBELINS
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
Un édit de 1667 donna à cette création nouvelle le titre de Manufacture royale des meubles de la couronne. La direction en fut confiée à Charles Le Brun,
La renommée de Jean Julienne était devenue telle, et l'estime dont il jouissait si considérable, que le roi l'anoblit par lettres patentes de septembre 1736, le créa chevalier de Saint-Michel le 16 décembre suivant, et en même temps lui confia la direction des Gobelins, sous le titre nouveau d'entrepreneur de la Manufacture royale. Les anciennes manufactures de draps fins et de teintures de toute couleur se trouvèrent ainsi réunies de fait à la maison royale des Gobelins. Amateur éclairé des arts et l'ami personnel d'Antoine Watteau, Jean Julienne fut nommé par l'Académie de peinture et de sculpture comme conseiller honoraire, en 1740. Cependant l'impulsion donnée par son premier directeur, Charles Le Brun, à la tapisserie de haute lice devint prépondérante, et la Manufacture royale a fini par se consacrer exclusivement à l'art de la tapisserie, pour lequel elle n'emploie que des fils teints par elle-même. Le vénérable M. Chevreul, mort à cent trois ans, en 1889, a dirigé les ateliers de teinture pendant plus de soixante ans. L'ensemble assez irrégulier des bâtiments actuels des Gobelins, dont l'entrée commune est située au n° 40 de l'avenue de ce nom, se rapporte à quatre
Le bâtiment de droite, restauré et orné de guirlandes rapportées, offre quelques souvenirs. Le rez-de-chaussée renfermait des ateliers où ont été fondues la plupart des statues de bronze qui ornent le parc de Versailles. Le premier étage de l'encoignure, en face de la chapelle, était habité par Le Brun, et c'est là qu'il est mort. La chapelle, depuis longtemps désaffectée, est devenue une galerie d'exposition ou le public est admis à visiter les magnifiques tapisseries de fabrication française ou étrangère qui forment le musée des Gobelins, et qui sont encore assez nombreuses, malgré l'irréparable perte causée par l'incendie, pour qu'on soit obligé de les changer de quinzaine en quinzaine, afin de les offrir l'une après l'autre à l'admiration des connaisseurs. Outre ces morceaux inappréciables, la partie réservée des Gobelins possède de bien précieux souvenirs : le bureau en noyer, qui sert au travail de l'administrateur actuel, le savant M. Gerspach, est le bureau même de Charles Le Brun ; le portrait de ce grand peintre par Largillière ; trois tableaux de Boucher, les plus beaux peut-être de ce maître charmant, composés pour être reproduits en tapisserie ; des maquettes de tapisserie, Amphitrite et la Pastorale, composées par Coypel le père pour la chambre du roi Louis XIV ; enfin les maquettes du canapé connu sous le nom de l'Amour, dont les figures sont de Charles Coypel et les ornements de Le Maire le cadet ; voilà des curiosités adorables que ne payerait pas tout l'or des plus opulents collectionneurs. Une visite aux ateliers, où les artistes des Gobelins sont placés derrière un métier vertical, dont les chaînes, également verticales, ont la même fonction en tapisserie que la toile en peinture, celle de recevoir les couleurs, pro-uit
Les artistes sont logés dans de petites maisons, où ils vivent en famille ; chaque ménage a la jouissance d'un jardinet taillé dans le grand jardin planté sur l'île de la Bièvre. Ils reçoivent, en plus, un traitement maximum de 2,000 francs et ont droit à une pension de retraite qui peut aller aux deux tiers de leur traitement d'activité. Ils préparent eux-mêmes les divers éléments d'exécution de leurs ouvrages ; ils ourdissent la chaîne, ils l'appliquent sur le métier, ils décalquent eux-mêmes le modèle sur la chaîne ; enfin ils s'approvisionnent eux-mêmes, au magasin spécial, des laines colorées dont ils prévoient l'emploi pour leur travail du jour, comme les peintres vont faire leur approvisionnement de vessies chez le marchand de couleurs.
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