Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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L'ÉCOLE DE MÉDECINE DE PARIS
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Le triangle formé par le boulevard Saint-Michel, la rue des Fossés Monsieur-le-Prince et le boulevard Saint-Germain renferme, outre le lycée Saint-Louis, en

Démolition de l'église des Cordeliers
face de la Sorbonne, dont nous avons déjà parlé, l'École de médecine de Paris et ses annexes, bâties aux dépens d'un ancien quartier extrêmement curieux, qui contient les vieilles rues des Cordeliers, aujourd'hui de l'École-de-Médecine, Hautefeuille, Serpente, Pierre-Sarrazin, etc.

La rue Hautefeuille doit son nom à une haute futaie faisant partie des anciens jardins du palais des Thermes et sur laquelle fut bâti tout le côté septentrional de la rue de l'Écolede-Médecine, entre le boulevard Saint-Michel et la porte Saint-Germain, ouvrant sur les fossés de l'enceinte de Charles V. Le côté méridional était occupé, à partir du boulevard Saint-Michel, par l'église et le cloître de Saint-Côme, puis par le couvent, église et cloître, des Cordeliers. Ces deux groupes d'édifices subsistent encore en partie.

Sous la forme d'une confrérie dite de Saint-Côme et Saint-Damien, Saint Louis créa, sur la sollicitation de son chirurgien, Jean Pitard, une école de chirurgie, attenante à la petite église de Saint-Côme ; cette première école, pourvue d'un amphithéâtre que le curé et les marguilliers de Saint-Côme avaient édifié vers 1561 et qui fut reconstruit en 1694, devint l'Académie royale de chirurgie en 1731 et fut transférée, à la fin du règne de Louis XV, dans les bâtiments de la nouvelle École de médecine que nous allons décrire.

Aussitôt que cette translation eut laissé libre l'amphithéâtre de Saint-Côme, on y transféra l'École royale gratuite de dessin, que Louis XV, sur la demande des six corps de métiers de la ville de Paris, avait fondée par lettres patentes données à Fontainebleau le 20 octobre 1767, et qui avait été logée d'abord dans l'ancien collège d'Autun, rue Saint-André-des-Arts. Le roi, qui s'en était déclaré le

École des Arts décoratifs,
rue de l'École de Médecine
(Ancien amphithéâtre de Saint-Côme)
protecteur, l'avait ouverte en faveur de quinze cents jeunes gens ou enfants, âgés d'au moins huit ans, à qui l'on enseignait les principes élémentaires de la géométrie pratique, de l'architecture, de la coupe des pierres, de la perspective et des différentes parties de l'art du dessin, figures, animaux, fleurs et ornements.

Cette École, qui a exercé la plus heureuse influence sur l'industrie parisienne, en formant le goût des ouvriers et en leur enseignant les principes de la science appliquée, présente l'exemple bien rare d'une longue existence qui a traversé sans interruption ni lacune toutes nos révolutions. A peine a-t-elle subi quelques variations dans son titre. École royale, nationale, patriotique, impériale ; elle est demeurée l'École gratuite de dessin sous Louis XVI et sous la Terreur, École gratuite de mathématiques et de dessin en faveur des arts mécaniques sous la Restauration. École spéciale de dessin et de mathématiques appliqués aux arts industriels sous le second Empire, elle s'appelle officiellement aujourd'hui l'École nationale des Arts décoratifs. L'enseignement gratuit est donné par les professeurs les plus éminents, dessinateurs, ornemanistes, architectes, mathématiciens, peintres et statuaires.

L'amphithéâtre de Saint-Côme, où se donnent les leçons, est un monument remarquable de l'architecture au temps de Louis XIV ; le couronnement du petit dôme central a été seul modifié depuis 1694. La porte en est décorée d'un ordre ionique ; les autres façades des bâtiments forment une galerie en arcades d'un bel aspect que complète un portique richement orné, construit dans ces dernières années par l'architecte Constant Dufeux.

L'École gratuite de dessin n'est ouverte qu'aux garçons. Une École spéciale pour les filles, créée en 1803 dans la petite rue de Touraine (aujourd'hui Dupuytren), a été transférée plus tard au n° 10 de la rue de Seine, dans un local absolument insuffisant comme espace et comme lumière. Placée dans les attributions du

Démolition de l'église des Cordeliers
ministère des beaux-arts, cette École est ouverte tous, les jours aux jeunes personnes qui se destinent aux arts et aux professions industrielles.

L'église des Cordeliers, démolie au commencement du siècle, s'élevait sur la place actuelle de l'Ecole-de-Médecine, parallèlement à la rue ; derrière l'église, un jardin, planté à la Le Nôtre, vit célébrer la pompe funèbre et l'inhumation de Marat, tué par Charlotte Corday dans la maison d'en face, qui portait le n° 20. Après que le corps eut été exposé dans l'amphithéâtre de Saint-Côme, où David vint le dessiner avec l'assistance de Bachelier, directeur de l'École gratuite de dessin, on l'enterra dans le jardin, sous une décoration de feuillage où l'on lisait, entre autres inscriptions singulières : « Sacré cœur de Marat, priez pour nous. » Exhumés quelques années après cette cérémonie, les restes de Marat furent portés au Panthéon, d'où ils sortirent enfin pour être jetés dans l'égout de la rue Montmartre, sa dernière et définitive sépulture.


Musée Dupuytren
(Ancien couvent des Cordeliers)
I
l ne subsiste de l'agglomération qui constituait le couvent des Cordeliers que l'immense bâtiment, dortoirs et réfectoire, construit au XVe siècle, percé de baies, les unes ogivales et les autres carrées, où l'on a installé, sous le nom de musée Dupuytren, des collections d'anatomie pathologique dont l'entrée est interdite au public.

Les bâtiments neufs de l'École pratique de médecine, en bordure sur la place de l'École-de-Médecine et sur les rues de l'Observance (devenue Antoine-Dubois), Monsieur-le-Prince et Racine, remplacent las restes du cloître et de ses dépendances, longtemps occupés par l'hôpital des Cliniques. On nomme École pratique l'ensemble des pavillons de dissection de la Faculté de médecine, des amphithéâtres ouverts à des cours libres et à une réunion de six cents élèves, admis à s'exercer aux dissections des cadavres, en même temps qu'aux manipulations chimiques.

 


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