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L'HÔTEL DES MONNAIES
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
L'Hôtel des Monnaies, dont la première pierre fut posée par l'abbé Terray, contrôleur général des finances, le 30 avril 1771, a été construit par l'architecte Jacques-Denis Antoine. L'édifice, vu du quai, offre une façade longue de 120
En retour de cette façade principale, qui donne si grand air au quai Conti, une autre façade sur la rue Guénégaud, longue de 118 mètres, se compose de deux ailes et d'un pavillon central dont l'attique supporte quatre statues : la Terre, l'Air, l'Eau et le Feu, par Caffieri et Dupré. Si l'on déduisait de ces longueurs respectives de 120 mètres pour la grande façade et de 118 mètres pour la façade latérale de gauche, que l'Hôtel des Monnaies présente la surface d'un parallélogramme et presque d'un carré parfait, on se tromperait grandement. D'abord la façade latérale n'est pas d'équerre avec la principale et s'incline en obliquant vers l'ouest, dessinant un angle rentrant ; ensuite la façade de droite, donnant sur l'impasse Conti, offre à peine 40 mètres de développement ; il semble que l'édifice soit manchot de l'épaule droite. En réalité, les deux grandes façades ne sont que les deux côtés d'un triangle, unis entre eux par un troisième côté, que dessinent à l'intérieur des bâtiments en retraite l'un sur l'autre. La raison de cette forme bizarre est la rencontre par les bâtiments de la Monnaie d'un autre parallélogramme antérieur, occupé par les dépendances du collège Mazarin, et qui dressèrent devant l'architecte de la Monnaie un obstacle infranchissable. Cela dit, il faut reconnaître qu'Antoine a merveilleusement tiré parti d'un terrain si difficile. L'arcade centrale donne accès à un superbe vestibule, orné de vingt-quatre colonnes doriques, et d'où l'on monte, par un bel
Donnons-une idée succincte de l'organisme logé dans l'Hôtel des Monnaies. Un directeur général, nommé par l'État, est chargé de diriger et d'exécuter la fabrication des monnaies de l'État et des médailles commandées par l'État ou les particuliers. Cette fabrication est exécutée en régie, et soumise à un contrôle incessant et multiple qui en assure la loyauté et la sincérité. Ce double but est atteint d'une manière très complète, car depuis 1795, c'est-à-dire depuis les premières frappes en système décimal jusqu'à nos jours, il a été frappé à la Monnaie de Paris la plus grande partie des monnaies françaises mises en circulation, lesquelles se montent à près de 9 milliards en or, 5 milliards et demi en argent et 63 millions de monnaies de bronze, sans que leur titre et leur poids aient jamais présenté la plus légère erreur ou défaillance. Le Musée monétaire, installé dans la grande galerie du premier étage, renferme sous des vitrines des exemplaires de toutes les monnaies et médailles frappées en France depuis les temps les plus reculés ; on y voit également des séries complètes de monnaies étrangères et même une collection de timbres-poste ; des modèles de tous les instruments de fabrication, les étalons des poids et mesures, etc. Une salle spéciale, dite salle Napoléon, réunit les médailles relatives au Consulat et à l'Empire, avec les coins qui ont servi à les frapper ; on y voit, entre autres objets d'art, le buste en marbre de l'Empereur par Canova, son masque de bronze, moulé à son lit de mort par le docteur Antommarchi, et une réduction en bronze de la colonne Vendôme par le graveur Brenet, qui y consacra treize années de travail. A gauche de la cour principale ou cour d'honneur, profonde de 37 mètres et large de 31 mètres, entourée d'une galerie, se trouvent les ateliers ; une salle vitrée renferme les machines à vapeur qui font mouvoir les laminoirs, les découpoirs et les presses. La fonderie de l'argent et celle du bronze sont au rez-de-chaussée et au-dessus celle de l'or, très exiguë ; les petites dimensions de celle-ci
Au fond de la cour d'honneur se trouve l'atelier de monnayage des espèces
frappées au balancier ; les balanciers, autrefois manœuvrés à bras,
sont mus à la vapeur depuis près de quinze ans. Des balances
automatiques vérifient le poids des espèces d'or ; celles d'argent
sont trébuchées à la main. L'Hôtel des Monnaies
renferme en plus le service de la garantie des matières d'or et d'argent,
qui dépend des contributions indirectes, et qui, depuis cent ans, maintient
la supériorité de l'orfèvrerie française et de
la bijouterie française sur les produits similaires des autres nations.
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