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L'AURORE
DU XIXe SIÈCLE
(D'après Les
Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
A Frascati, on rencontrait fréquemment de ces coquettes jouant au dieu Mars ;
Dans le jour, les promeneurs se rendaient au Panorama que l'on venait de créer et qui donnait une vue d'ensemble de Paris. Cette nouvelle rotonde, sans fenêtre et d'aspect bizarre, amusait toute cette population badaude et faisait événement ;
Paris pas plus grand que cela L'activité
des hommes de plaisir se portait toujours vers le Palais-Royal ; le Cirque
y avait été consumé deux ans auparavant par un incendie,
et, au lendemain du 18 Brumaire, il avait perdu son nom de Palais-Egalité.
On y avait
La nuit venue, la scène changeait ; à peine les réverbères étaient-ils allumés que la foule grossissante roulait à flots bruyants autour des galeries ; beaucoup de jeunes gens, une infinité de militaires, quelques vieux libertins, maints désœuvrés, un 1801 petit nombre d'observateurs, force filous, des filles à moitié nues ; c'était le moment où tous les appétits, tous les intérêts, tous les vices se donnaient rendez-vous, se coudoyant, se heurtant, s'entremettant, où, tandis que les filles faisaient de l'œil, les escrocs jouaient des mains. « Il existe, écrivait Sellèque,
un traité d'alliance offensive et défensive entre les reclusières
de Vénus et les voleurs à la tire, et c'est ordinairement
à frais communs que la coalition fait la guerre aux mouchoirs, aux
montres, aux bourses et aux portefeuilles. Rien que pour faire cette constatation,
il faut s'attendre à
Dans ces galeries de débauche, les libraires mettaient en vente mille petits ouvrages obscènes que la police ne traquait guère ; l'an VIII restera célèbre dans la mémoire des amateurs de confessions délicates et de galanteries dévoilées ; les noms et adresses de toutes les filles de la capitale étaient vendus ouvertement sous forme de livrets avec le tarif de leurs caresses ; les demi-castors venaient là dans une promiscuité inouïe ; les maisons de jeu flambaient, et, parfois, on ramassait quelque malheureux, sanglant, râlant, en détresse qui venait de demander à son pistolet un viatique pour l'éternité. Les femmes, en général, vivaient dans un désœuvrement funeste qui les poussait à toutes les complaisances des sens ; elles s'étaient amollies peu à peu dans une existence aisée et dégradante, sans morale, sans guides, sans dignité d'elles-mêmes ; la Révolution les avait mises à la rue, car elle n'avait pu ni su leur donner les joies de l'intérieur, les salons d'esprit d'autrefois, le goût des sentiments nobles et élevés. Elles glissaient dans le plaisir sans défense, sans agrément, d'une façon animale, n'ayant aucune croyance, aucune foi, aucune notion sincère du bien et du vrai. Sébastien Mercier, le farouche républicain, qui ne devait mourir qu'en 1814 et qui pouvait constater les hontes et les désordres du nouveau régime, a écrit comme
« Jamais elles n'ont été mieux mises ni plus blanchement parées ; le savon est devenu non moins indispensable que le pain. Elles sont toutes couvertes de ces schalls transparents qui voltigent sur leurs épaules et sur leurs seins découverts de ces nuages de gaze qui voilent une moitié du visage pour augmenter la curiosité de ces robes qui ne les empêchent pas d'être nues. Dans cet Attrait de sylphe, elles courent le matin, à midi, le soir ; on ne voit qu'ombres blanches dans les rues. ... Il faut que, pour elles, l'art éternise le printemps... Chaque aurore leur donne le signal ou le goût d'un plaisir nouveau, d'un spectacle extraordinaire, d'un bal paré, ou d'une ascension aéronautique avec détonation. Là, toutes ces ombres blanches sont pressées ; pléiades de beautés sans poudre et dont les cheveux coupés auraient passé, il y a vingt ans, pour une marque de diffamation. Elles passent devant vous comme les figures d'un tableau ; elles ont l'air d'être sans mains, mais elles vous parlent des yeux.
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