Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Philippe III. — Pierre de Brosse au gibet de Montfaucon. — Lycée Saint Louis ancien Collège d'Harcourt. — Juif Jonathas, Eglise des Billettes — Philippe IV le Bel. — La basoche. — L'écolier pendu. — Les états généraux. — Le Temple. — Le procès des Templiers. — Leur exécution. — Les fêtes de la chevalerie. — La tour de Nesle. — Nourriture et costumes. — Les lieux d'exécution. — Les fêtes de la chevalerie. — La Tour de Nesle. — Nourriture et costumes. — Les lieux d’exécutions.

Les papes et les rois n'avaient cessé de leur accorder des immunités, des privilèges et des libéralités, des particuliers leur donnaient aussi, car nous voyons, en 1721, Jean Gennis et sa femme leur donner 20 sols parisis de rente provenant du revenu qu'ils tiraient d'un jeu de poulies qu'ils possédaient dans la rue qui s'appelait rue des Viez-Poulies, bordée de constructions en 1258, et qui prit le nom de rue des Francs-Bourgeois, en 1350, lorsque Jean Roussel et Alix, sa femme, y firent bâtir un hôtel pour 24 pauvres qui, en raison de leur misère, étaient francs de toutes taxes et impositions), et à Paris, chef-lieu de l'ordre, leur domaine embrassait le tiers de la capitale.

L'hospitalité que le roi avait reçue au Temple lui avait permis de voir de près le faste et l'éclat dont s'entouraient les moines soldats et c'étaient eux qui lui

L'ancienne porte du Temple était située sur la rue
du Temple, démolie en 1840
avaient avancé les 500,000 francs dont il avait eu besoin pour doter sa soeur.

En ce moment il se trouvait ruiné par la reddition de la Guyenne et de la Flandre et dans l'impossibilité de frapper son peuple de nouveaux impôts.

Il y avait bien dans tout ceci matière à exciter la convoitise du roi le plus absolu et le plus jaloux qu'on eût vu de son autorité. Mais il avait encore deux autres motifs de haine contre les Templiers : lors de sa querelle avec le pape, ceux ci avaient offert, disait-on, au souverain pontife des secours en hommes et en argent et chose plus grave, en 1304, Philippe avait demandé à faire partie de la sainte milice du Temple (dont il convoitait alors la grande maîtrise), et cet honneur lui avait été refusé.

Crainte, cupidité, vengeance, tout était réuni pour pousser le roi à la destruction de l'ordre et à la confiscation de ses biens. Les circonstances le servirent admirablement : deux templiers, le prieur de Montfaucon et un chevalier florentin Noffo-Dei, condamnés tous deux, le premier par le grand maître de l'ordre, le second par le prévôt de Paris, s'entendirent pour se faire les accusateurs de leurs frères auprès du roi et les chargèrent de tous les crimes imaginables.

Le roi, armé de leur déposition, sollicita alors du nouveau pape Clément V, l'autorisation de faire arrêter les Templiers ; le pape se refusa d'abord à croire à leur culpabilité et engagea le grand maître Jacques de Molay qui était à Rhodes à voir Philippe et à lui donner l'assurance que tous les bruits qu'on faisait courir contre les templiers étaient dénués de fondement.

Jacques de Molay suivit ce conseil et vint à Paris ; le roi le combla d'honneurs et le choisit pour parrain d'un de ses enfants ; en même temps, il écrivait au pape une lettre pressante pour obtenir l'autorisation sollicitée ; enfin Clément V lui écrivit :

« Très cher fils en Jésus-Christ, connaissant ton zèle pour la conquête et la défense de la terre sainte, nous ordonnons à ta joie et à ta glorification, par la teneur des présentes, pour le cas où les fautes de l'ordre des Templiers exigeraient qu'il fût dissous, brisé et supprimé, que tous ses biens et privilèges, revenus et profits, en quelques choses ou en quelques droits qu'ils consistent, leur appartenant quant à présent ou pouvant leur appartenir dans l'avenir, soient employés au secours de la terre sainte et ne puissent être appliqués à aucun autre usage. Et nous nous engageons, nous et nos successeurs, à ne jamais réclamer pour aucun autre usage, ces biens de ceux qui les tiendront et en auront la garde. »

Philippe n'en demandait pas davantage ; le 12 septembre 1307, il adressa à tous les officiers du royaume des circulaires cachetées qu'ils ne devaient ouvrir qu'au jour fixé et à l'heure dite et dans les quelles se trouvait le récit de tous les crimes imputés aux templiers qualifiés « de vrais loups sous la peau d'agneaux » et qui se terminaient par l'ordre d'appréhender au corps chacun des membres de l'ordre.

Le jeudi 12 octobre, on célébrait à Paris les funérailles de la comtesse de Valois et les Parisiens remarquaient la belle prestance du grand maître Jacques de Molay, que le roi avait choisi lui-même pour tenir l'un des coins du poêle, et le lendemain vendredi 13 (!) ils apprenaient avec stupeur l'arrestation de ce même grand maître et de tous les chevaliers ; leurs biens étaient confisqués et les bâtiments du Temple étaient occupés par le roi et sa cour.

On se perdait en conjectures sur cet événement dont on parlait partout ; le roi pour couper court à toute mauvaise interprétation, assembla dans les jardins le peuple et le clergé et fit lire à haute voix par un héraut l'acte d'accusation formulé contre les templiers et qui contenait 127 chefs, voici les principaux.

1° Que les templiers ne croyaient pas en Dieu ;

2° Qu'aussitôt après avoir été reçu dans l'ordre, tout nouveau templier était tenu de renier Dieu, de marcher sur la croix et de cracher dessus ;

3° Qu'ils adoraient une tête de bois aux yeux brillants comme la clarté du ciel, et portant le nom de Baffomet ;

4° Qu'ils avaient trahi saint Louis quand il avait été fait prisonnier en Terre Sainte ;

5° Qu'ils avaient vendu les chrétiens aux infidèles ;

6° Qu'ils avaient puisé dans le trésor royal confié à leur garde ;

7° Qu'ils commettaient entre eux des actions contraires aux mœurs ;

8° Que lorsqu'un enfant venait à naître d'une femme et d'un templier, ils se rangeaient tous en rond, se passaient l'enfant de mains en mains jusqu'à ce qu'il fût mort ; après quoi ils le faisaient rôtir et se servaient de la graisse pour oindre leur idole à tête de bois ;

9° Qu'ils avaient coutume d'avaler les cendres des frères morts ;10° Qu'ils se ceignaient les reins d'une ceinture destinée à détruire certains maléfices ;
11° Qu'enfin ils recevaient la défense de baptême et qu'ils n'entraient qu'à reculons dans une maison où se trouvait une femme nouvellement accouchée.

Voici « les cas et forfaits pour quoy les templiers furent pris et condamnés à morir ».

139 templiers et le grand maître furent par ordre de l'inquisiteur de Paris jetés au cachot et chargés de fers ; on leur accorda douze deniers pour leur subsistance sur lesquels on leur en retenait trois pour coucher, deux pour la cuisine et deux pour ôter et remettre leurs fers chaque fois qu'ils comparaissaient devant les commissaires.

Vingt-six princes ou grands de la cour se déclarèrent leurs accusateurs. Le pape lança une bulle d'excommunication contre toute personne qui leur prêterait aide, secours ou asile. On promit la vie, la liberté et la fortune, aux chevaliers qui feraient des aveux. Les autres furent mis à la question et soumis aux plus affreuses tortures.

Pendant ce temps, des inquisiteurs spéciaux étaient chargés d'informer contre les templiers dans les différentes provinces de France. Le sort des malheureux qui pourrissaient dans les cachots de Paris était si épouvantable, que plusieurs d'entre eux moururent de faim et que d'autres se donnèrent la mort.

On ne se contentait pas de soumettre les accusés aux épreuves ordinaires de la torture, telles que le chevalet, les bottines, etc., on inventa pour eux des supplices exceptionnels. On leur arrachait les dents ; un malheureux chevalier montra qu'on lui en avait arraché quatre.

On leur brûlait les pieds, au point d'en faire tomber les os et, chose horrible à penser, on allait jusqu'à leur suspendre des poids à tous les membres, même aux parties génitales.

Trente-six chevaliers expirèrent au milieu de ces affreux tourments. — Quant à moi, dit Ponsard de Giry, dans son interrogatoire, on m'a lié les mains derrière le dos d'une manière si forte, que le sang coulait par les ongles, et bien qu'en cet état, je fus enterré pendant une heure dans une basse fosse.

— J'ai été tant torturé, raconte Richard de Vado à ses juges, on m'a tenu si longtemps devant un feu ardent, que la chair de mes talons est brûlée ; il s'en est détaché ces deux os que je vous présente. Voyez, continua-t-il en montrant ces os, ils manquent à mon corps.

Enfin, le synode provincial assemblé et présidé par une âme damnée de Philippe, Marigny, archevêque de Sens, frère du ministre Engherrand de Marigny, condamna au feu cinquante-six templiers — remettant à plus tard le soin de juger le grand maître et les dignitaires de l'ordre. L'exécution de ces cinquantes-six chevaliers eut lieu hors de la ville, à Vincennes.

Philippe-le-Bel fit lier les cinquante-six condamnés chacun à un poteau 'et il leur fit mettre le feu aux pieds et aux jambes avec lenteur et l'un après l'autre, leur faisant dire que celui qui voudrait reconnaître son erreur et les péchés que lui étaient reprochés, pourrait se sauver.

Dans ce martyre, engagés par leurs parents et par leurs amis à se reconnaître coupables, et à ne pas se laisser ainsi déplorablement mourir, aucun n'y consentit ; et au milieu des larmes et des cris de douleur, ils s'écriaient qu'ils étaient innocents de ce dont on les accusait et appelant à eux l'aide de Dieu, de la Vierge et des saints, ils moururent héroïquement au milieu des flammes.

Cette première exécution terminée, il fallut songer aux dignitaires, mais en raison même de la qualité des personnages, Philippe remit au pape le soin de les juger. Or, comme le pape se souciait médiocrement d'encourir une telle responsabilité et que d'un autre côté, il jugeait imprudent de les faire mettre en liberté, il prétexta des affaires nombreuses et multiples qui ne lui laissaient pas le loisir nécessaire pour s'occuper d'une instruction aussi grave et délégua trois cardinaux français pour juger les Templiers qui ne l'étaient pas encore.

Ce furent Arnauld de Forges son neveu, Arnaud Nonelli, moine pensionné de France, Nicolas Freau ville, frère-prêcheur, ancien confesseur du roi, et Marigny.

Les accusés Jacques de Molay, grand maître, Hugues de Péralde, visiteur, Galfride de Gonaville, précepteur d'Aquitaine et de Poitou et Guy frère du dauphin d'Auvergne. Ils furent condamnés à la prison perpétuelle et à être exposés sur un échafaud pour entendre la lecture de leur jugement.

Au mois de mars 1314, un échafaud fut dressé dans la petite île aux-Vaches (qui fut réunie plus tard à la Cité et où se trouve aujourd'hui le terre-plein du Pont-Neuf).

Les quatre condamnés, chargés de chaînes, y furent amenés par le prévôt de Paris. En face d'eux, on avait allumé un bûcher destiné à leur faire comprendre à quoi ils s'exposaient s'ils ne persistaient pas dans les aveux qu'on prétendait qu'ils avaient faits. Les prélats juges assistaient à cette lugubre cérémonie.

Ils prirent la parole et commencèrent par établir la culpabilité de l'ordre, par louer le zèle du pape et le désintéressement du roi, puis, ils avertirent les condamnés que s'ils voulaient échapper à la mort, ils devaient confesser hautement leurs méfaits.

Hugues de Péralde et Galfride de Gonaville consentirent à tout, mais quand ce fut le tour des deux autres ils se révoltèrent, accusèrent leurs juges et Jacques de Molay s'écria en s'adressant au peuple massé autour de l'échafaud :

« — Il est bien juste que dans un si terrible jour et dans les derniers moments de ma vie je découvre toute l'iniquité du mensonge et que je fasse triompher la vérité : je déclare donc à la face du ciel et de la terre, et j'avoue quoiqu'à ma honte éternelle, que j'ai commis le plus grand de tous les crimes ; mais ce n'a été qu'en convenant de ceux qu'on impute avec tant de noirceur à un ordre que la vérité m'oblige de proclamer innocent. Je n'ai même consenti à la déclaration qu'on exigeait de moi, que pour suspendre les douleurs excessives de la torture et pour fléchir ceux qui me les faisaient souffrir. Je sais les supplices qu'on a fait subir à tous ceux qui ont eu le courage de révoquer une pareille confession, mais l'affreux spectacle qu'on me présente n'est pas capable de me faire confirmer un premier mensonge par un second ; à une condition si infâme, je renonce de bon coeur à la vie qui ne m'est déjà que trop odieuse. »

Un long murmure d'étonnement se produisit parmi les assistants à l'audition de ces paroles. A son tour, le précepteur de Normandie, Guy d'Auvergne fit à peu près la même déclaration et au milieu de la surprise générale, il fut coupé court à la cérémonie et les condamnés furent reconduits en prison.

Lorsque Philippe le Bel apprit ce qui s'était passé, il entra dans une fureur terrible et sans se soucier davantage du jugement, du pape et de ses délégués, il ordonna au prévôt de faire dresser immédiatement un autre bûcher à la place du premier, d'y conduire les deux condamnés rebelles et de les y brûler à petit feu, de manière à leur laisser le temps de se rétracter et d'implorer leur grâce. Ce qui fut exécuté.

Deux poteaux de huit pieds de haut furent dressés au milieu d'un bûcher composé de lits alternatifs de bûcher et de paille. Les deux hommes déshabillés furent revêtus d'une chemise soufrée et liés aux poteaux et avec des cordes et une chaîne de fer qui leur embrassait le corps. Puis on mit le feu au bûcher. Ce fut un horrible et grand spectacle, auquel assista le roi en personne, que celui de ces deux martyrs à demi grillés, criant encore à l'injustice et à la calomnie.

On raconte que presque étouffé par la fumée et disparaissant dans les flammes, J. de Molay ajourna Clément V à comparaître dans les quarante jours et Philippe le Bel dans l'année, devant le tribunal de Dieu ; ce qui est certain, c'est que le pape mourut le 20 avril suivant et le roi le 20 novembre 1314. Dans la nuit qui suivit ce meurtre odieux, des gens inconnus se glissèrent vers le lieu de l'exécution et recueillirent pieusement les cendres des victimes.

Après la destruction de l'ordre dus Temple, leurs biens immobiliers furent donnés à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Malte), et le Temple de Paris devint alors le chef-lieu du grand prieuré de France, et on bâtit sur l'emplacement de la chapelle une église gothique accompagnée d'un petit porche antique et enrichi à l'entrée d'une coupe soutenue par six gros piliers.

Cette église dans laquelle quatre confréries turent établies, celle du Saint-Sacrement, celle de Notre-Dame de Lorette, celle de Sainte Anne fondée par les menuisiers de Paris en 1683 et celle de Saint-Claude, formée par les marchands de pain d'épices, fut démolie en 1789. On y envoyait par risée, dit Sauval, le jour de Saint-Simon Saint-Jude, les niais chercher des nèfles.

Le Temple possédait une vaste culture dans laquelle les templiers avaient fait construire un grand chantier qui donna son nom à une rue (devenue partie de la rue des Archives) et sur le terrain duquel fut bâti plus tard l'hôtel de Rohan-Soubise. Le reste était des marais, qu'on louait à des maraîchers.

Les terrains situés au nord de l'enclos furent convertis plus tard en un boulevard et sur ce qui restait on perça en 1695, la rue de Vendôme (devenue rue Béranger vers 1860).

Le Temple a été le dernier lieu d'asile ouvert aux criminels, aux prévenus politiques et aux débiteurs qui ne pouvaient y être arrêtés. Ce droit a subsisté jusqu'à la révolution de 1789, c'était pour le grand prieur la source d'un revenu considérable, car tous les batiments étaient loués à ceux qui venaient y chercher un asile. Le dimanche, les réfugiés au Temple pouvaient sortir sans crainte d'arrestation.

La tour subsista jusqu'en 1811 ; plusieurs personnages célèbres, entre autres Louis XVI et sa famille, y furent détenus, ce qui nous obligera à en reparler, ainsi que de la rotonde et du square. Sur l'emplacement du vaste enclos du Temple, on ouvrit en 1809 la halle au vieux linge, la place de la rotonde du Temple, les rues Cafarelli, Dupetit-Thouars, Dupuis, Perrée et de la Petite Corderie.

Quelques mots encore sur l'ordre du Temple. En 1808, une somptueuse cérémonie funèbre était célébrée à Paris dans l'église de Saint-Paul Saint-Antoine, pour l'anniversaire du supplice de Jacques de Molay ; l'église était tendue de noir et au milieu de la nef s'élevait un splendide catafalque orné de la couronne et des insignes du grand maître. Un trône était dressé à côté du catafalque pour les chefs de l'ordre et l'infanterie de ligne faisait la haie.
En 1824, cette cérémonie eut lieu à Saint-Germain l'Auxerrois et en 1839, à l'église des Petits-Pères.

Certains personnages s'étaient avisés de produire une charte datée de 1324, signée Jean Larmenius, qualifié grand maître et en vertu de laquelle, prétendaient-ils, une succession de grands maîtres s'était perpétuée jusqu'à l'époque contemporaine ; et ils avaient établi un couvent magistral pour les réunions de l'ordre, 16, rue Notre-Dame-des-Victoires. Ils y conservaient des archives composes de plusieurs objets ayant appartenu à J. de Molay, entre autres son épée, le casque de Guy d'Auvergne, etc. En 1811, le grand maître était un médecin, Fabré Palaprat.

En 1841, le palais de l'ordre est situé place Royale, mais à partir de ce moment le fil conducteur échappe et bien qu'en 1863, le capitaine Madaule eût été initié à l'ordre, nous ne pensons pas que cette résurrection ait pu traverser 1848 ; et le dernier bailli, juge de Tulle, écrivit le 5 décembre 1863 à l'auteur de l'Histoire des Chevaliers Templiers « le présent pour l'ordre, c'est la torpeur et la mort. »

Revenons à l'ordre chronologique des événements. D'abord mentionnons que ce fut en 1309 que le roi donna aux carmes la maison dans laquelle ils s'établirent au bas de la montagne Sainte-Geneviève, tout près de la place Maubert. Ces moines trouvèrent surtout chez sa troisième femme, Jeanne d'Evreux, une protectrice zélée.

Philippe résolut de donner une fête brillante à laquelle furent conviés Edouard II roi d'Angleterre, Isabeau sa femme et les

En mars 1314 les Templiers furent brûlés dans l'île
aux Vaches, aujourd'hui terre-plein du Pont-Neuf
principaux seigneurs anglais. Il s'agissait pour le roi d'armer ses fils chevaliers.

C'était alors une cérémonie fort importante que l'ordination d'un chevalier. A celle-là étaient réservés tout l'éclat, toute la pompe, tout l'appareil, toute la minutie des rites, toute la rigueur des préceptes. L'église ne consacrait pas seule le chevalier, mais elle avait les prémices de cette consécration. La prise d'armes du chevalier commençait comme une prise de froc monacal. Par cette intervention dans un acte aussi solennel, elle se flattait de dominer l'esprit militaire.

Toutefois, les fils d'un roi étaient naturellement dispensés de la plupart des conditions imposées aux fils des simples nobles.

Philippe le Bel voulut donc que la fête fût splendide, mais il n'était pas d'avis d'en supporter seul les frais, bien que l'or qu'il avait pris au Temple eût pu le lui permettre facilement, et il s'adressa aux Parisiens qui, sans murmurer, contribuèrent pour une somme de dix mille livres aux dépenses occasionnées par cette ordination de chevalerie. Toutes les rues furent tapissées et illuminées le soir pendant huit jours. Ce fut pendant les fêtes de la Pentecôte que les cérémonies eurent lieu.

Les princes et les seigneurs du royaume se firent un devoir d'y assister et ils y étalèrent à l'envi la magnificence de leurs harnais et de leurs habits, dont ils changèrent jusqu'à trois fois par jour.

Les corporations figurèrent dans le cortège des jeunes princes, chacune avec un chef-d'oeuvre. Le premier jour, le roi donna un festin où rien ne fut épargné. Louis, roi de Navarre, son fils aîné, traita le lendemain la cour et la ville. Le troisième jour fut célébré par le roi d'Angleterre dans le jardin de Saint-Germain-des-Prés, où il avait fait dresser des tentes d'étoffes de soie brochées d'or.

On remarqua, comme une chose singulière, qu'on servit les convives à cheval et que la salle du festin fut éclairée d'une infinité de flambeaux, bien qu'on fut en plein midi. Quelques jours après, Philippe traita toutes les dames au Louvre et leur fit des présents considérables. Le comte de Valois et le comte d'Évreux donnèrent aussi des fêtes qui eurent l'approbation de tous.

« Sur des théâtres élevés en plein vent et entourés de riches courtines, on vit Dieu manger des pommes, rire avec sa mère, dire ses patenôtres avec ses apôtres, susciter et juger les morts. Là, furent entendus les bienheureux choristes en paradis, dans la compagnie d'environ quatre-vingt-dix anges et les damnés pleurer dans un enfer noir et puant, au milieu de plus de cent diables qui riaient de leur infortune.

Là furent représentés maints sujets de l'Écriture ; l'état d'Adam et Eve devant et après leur péché, la cruauté d'Hérode, le massacre des Innocents, le martyr, de saint Jean-Baptiste, l'iniquité de Caïphe et la prévarication de Pilate qui, cependant ses mains lave. »

C'est la première mention que nos vieux historiens font de représentations dramatiques, ajoutons que les rôles de femmes étaient remplis par des jeunes garçons. On représenta aussi la procession du renard. C'était une procession satirique qui plaisait fort à Philippe le Bel et que le peuple applaudit avec transport, parce qu'elle était dirigée contre le pape Boniface VIII.

Un homme vêtu de la peau d'un renard, mettait par-dessus un surplis, et chantait l'épître comme un simple clerc. Ensuite, il paraissait avec une mitre et enfin avec la tiare, puis courait après les poules et les poussins, les croquant et les mangeant pour signifier et caricaturer les exactions du pape. Le roi et toute sa suite, placés aux fenêtres du palais qu'il venait de faire réparer et agrandir, semblaient prendre un grand plaisir à ce spectacle.

Paris était en liesse, jamais le populaire n'avait assisté à pareille fête, il oubliait qu'il avait le ventre creux et les poches vides. « On donna selon la coutume, dit un historien, des robes neuves à tous les grands ; on vit encore des hommes sauvages et des rois de la fève, mener grands rigolas. Des ribauds en blanche chemise, agacer par leur beauté, liesse et gaieté ; des animaux de toute espèce marcher en procession ; des enfants de dix ans jouter dans un tournoi ; des dames caracoler de beaux tours, des fontaines de vin couler, le grand guet faire la garde en habit uniforme, toute la ville baller, danser, et se déguiser en plaisantes manières.

Puis, quand on crut tout fini, les bourgeois de Paris partirent en bon ordre de l'église Notre-Dame, bien armés, équipés lestement, et vinrent passer au nombre de vingt mille cavaliers et trente mille hommes de pied auprès du Louvre, afin d'être passés en revue par le roi qui se tenait aux fenêtres. Ils allèrent de là dans la plaine de Saint-Germain-des-Prés appelée le Pré-aux-Clercs, se mirent en bataille et firent l'exercice.

Les Anglais étaient étonnés que d'une seule ville, il pût sortir tant de gens valides et prêts à combattre. » Il est vrai que le nombre de 50,000 hommes semble un peu exagéré, mais on le trouve répété dans plusieurs chroniques du temps.

Un épisode moins gai de la fête était réservé pour le dernier jour, les princes et les seigneurs se rendirent à l'église Notre-Dame où Nicolas, le légat du pape, prêcha chaleureusement en faveur d'une nouvelle croisade. Mais ce sermon n'obtint qu'un très faible succès et les assistants ne parurent nullement disposés à s'y conformer ; cependant les rois présents promirent de prendre la croix et quelques dames, à leur exemple, s'engagèrent à accompagner leurs maris, mais ce fut un simple acte de déférence ; on sentait que l'enthousiasme faisait défaut. Un accident fâcheux signala la fin de tout ceci.

A l'issue des fêtes, Philippe avait conduit le roi d'Angleterre et sa femme à Pontoise ; pendant la nuit, le feu prit dans la chambre où couchait le monarque étranger, ils n'eurent, lui et sa femme, que le temps de se sauver en chemise ; le mobilier et leurs riches vêtements furent consumés.

Les trois princes, en l'honneur desquels ces fêtes avaient été données, étaient mariés : l'aîné Louis avait épousé Marguerite de Bourgogne, Philippe Jeanne de Bourgogne et Charles Blanche de Bourgogne. Ces trois princesses, ou tout au moins deux, — Marguerite et Blanche, — car Jeanne fut mise hors de cause, étaient de moeurs fort dissolues ; elles vivaient à l'abbaye de Maubuisson et entretenaient des relations coupables avec deux gentilshommes normands, Philippe et Gaultier d'Aulnay. Philippe le Bel en ayant été informé, ordonna en 1314 l'arrestation des deux frères d'Aulnay qui avouèrent leur faute au milieu des tortures et furent condamnés à être écorchés vifs, châtrés, décapités et pendus par les aisselles. Marguerite et Blanche, après avoir eu la tête rasée, furent conduites au Château-Gaillard où elles eurent à endurer toute sorte de souffrances.

Lorsque le mari de Marguerite arriva au trône en 1315, sous le nom de Louis le Hutin, il se débarrassa de sa femme en la faisant étouffer entre deux matelas.

Bien que ces faits soient complètement étrangers à l'histoire de Paris, nous avons cru devoir les relater ici, afin de détruire l'opinion erronée qui fait de Marguerite de Bourgogne l'héroïne sanglante de la tour de Nesle. Jamais cette princesse n'habita la tour de Nesle, et les historiens ne s'accordent pas sur le nom de la princesse célèbre par ses amours avec Buridan, recteur de l'Université en 1347. Quelques-uns pensent que c'est peut-être Jeanne, femme de Philippe le Long, mais rien ne saurait venir à l'appui de cette opinion. Brantôme, eu parlant d'une princesse qui se tenait à la tour de Nesle de Paris et qui faisait le guet aux passants, tait son nom, et le poète Villon n'est pas moins discret.

Cependant, il faut remarquer que Jeanne de Bourgogne, veuve de Philippe le Long, habita pendant huit années l'hôtel de Nesle et mourut le 24 janvier 1329, laissant une réputation de galanterie qui paraît suffisamment établie.

L'hôtel de Nesle, depuis longtemps disparu, occupait l'emplacement des rues de Nevers, de Nesle et Guénégaud, de l'hôtel des Monnaies actuel, et s'étendait jusqu'à la porte et la tour Philippe Hamelin (pavillon gauche de l'Institut).

En 1308, l'hôtel de Nesle devint, moyennant 5,000 livres, la propriété de Philippe le Bel, qui l'acquit d'Amauri de Nesle, prévôt de l'île. Charles V en fit don au duc de Berry en 1380. Il passa, en 1446, à Charles VII qui le donna à François de Bretagne. En 1461, il appartenait au duc de Charolais. En 1552, il fut vendu par lots aux enchères. Le duc de Nivernais l'acquit en 1580 et le modifia ; il devint l'hôtel de Nevers.

En 1646 l'hôtel de Nevers passa à la famille Guénégaud, puis en 1670 à celle de Conti. Enfin, en 1768, on a élevé l'hôtel des Monnaies et des constructions particulières sur son emplacement.

Nous avons vu le luxe déployé aux fêtes de l'ordination de la chevalerie aux fils de Philippe le Bel ; ce luxe ne concernait absolument que les grands de la cour et, dès les premières années de son règne, ce prince avait établi des lois somptuaires destinées à réglementer jusqu'au repas des Parisiens. « Nul, est-il dit dans une de ces lois, ne donnera au grand mangier (c'est-à-dire au souper) que deux mets et un potage au lard, sans fraude ; et au petit mangier (le dîner) un mets et un entremets. Les jours de jeûne, deux potages aux harengs et deux mets, ou bien un potage et trois mets. Dans ces jours, il n'y aura qu'un seul repas. On ne mettra dans chaque écuelle qu'une manière de chair ou de poisson. Le fromage n'est pas un mets s'il n'est en pâte ou cuit à l'eau. »

Ainsi les gens n'avaient pas le droit de se nourrir à leur guise, et ils encouraient une amende s'ils se permettaient de manger à leur dîner un plat de plus que l'ordonnance le portait. Il est vrai qu'en temps ordinaire, Philippe donnait l'exemple de la sobriété ; on ne servait jamais que trois plats sur sa table, et il ne buvait que du vin d'Orléans.

A cette époque l'eau-rose parfumait les boissons, entrait dans tous les ragoûts et faisait les délices de la table. Si la nourriture des Parisiens était réglementée, il en était de même de leur toilette. Il n'était permis aux ducs et aux comtes les plus riches que quatre vêtements par an, autant à leurs femmes ; deux aux chevaliers mariés, un seul aux célibataires, aux dames ou demoiselles, à moins qu'elles ne fussent châtelaines.

L'habillement des hommes consistait en une sorte de longue soutane ou tunique, et par-dessus, un manteau qu'on attachait sur l'épaule droite, afin qu'étant ouvert de ce côté, on pût avoir l'entière liberté du bras droit. L'habit court, excepté à l'armée, était celui des valets.

Le bonnet était la coiffure du clergé et des gradués. Il s'appelait mortier quand il était de velours. On le galonnait, on en variait les couleurs et les ornements ; le peuple se coiffait de chaperons et de capuchons ; les hommes d'armes portaient un petit chapeau de fer, diminutif du heaume et du casque, incommodes par leur pesanteur.

Depuis le règne de Louis le Jeune l'usage des armoiries s'était généralisé ; sous Louis IX on porta des habits armoriés en étoffe de la couleur du champ de l'écu, les emblèmes héraldiques étaient figurés dessus par un procédé nommé batture. Il y eut des robes parties et écartelées, c'est-à-dire dont chaque face représentait deux ou quatre blasons.

Plus tard, on substitua la broderie d'or, d'argent et de soie à la batture. Joinville raconte s'être plaint un jour à Philippe le Hardi de la dépense que cette mode occasionnait et ce fut pour la restreindre, que Philippe le Bel légiféra.

Sous Philippe le Bel les femmes portaient leur robe relevée sous le bras ou

Ancienne église du Temple
attachaient par des épingles sur les deux hanches, les pans du surcot. Elles se coiffaient d'une résille appelée crépine, des sachets en pointe répondaient aux touffes de côté, c'est ce qu'on appelait des cornes ; elles devinrent si volumineuses, qu'un évêque de Paris décréta dix jours d'indulgence en faveur de ceux qui honniraient dans la rue les femmes ainsi coiffées.

Ce fut aussi sous le règne de Philippe le Bel que les femmes commencèrent à s'entourer le cou d'une pièce de linge prise dans l'encolure de la robe, et qu'on tournait plusieurs fois autour du cou jusqu'à la hauteur du menton et des oreilles ; elle était attachée par des épingles aux tampons latéraux de la coiffe, — c'est ce qu'on nommait une touaille.

Les souliers à la poulaine étaient en vogue pour les deux sexes, sous Philippe le Bel ils arrivèrent pour les élégants à mesurer deux pieds de long, à cette pointe relevée ils attachaient des grelots. Un historien traite cette mode d'outrage fait au créateur mais il ajoute : « quand les hommes se fâchèrent de cette chaussure aiguë, furent faites des pantoufles si larges devant, qu'elles excédaient de largeur la mesure d'un bon pied, et ne savaient les hommes, ajoute-t-il, comment ils se pouvaient déguiser. »

Les cordonniers qui fabriquaient alors ces souliers demeuraient dans la rue des Fourreurs, dite alors de la Cordouannerie. Ce fut en 1295 qu'ils l'abandonnèrent pour se rapprocher de la Halle. Ce ne fut qu'au XVIIe siècle que la rue de la Cordouannerie, dont le nom venait des cuirs de Cordoue qu'employaient les cordouanniers, s'appela rue des Fourreurs ; elle disparut lors de la percée de la rue des Halles). On voit qu'à toutes les époques, les Parisiens eurent un faible pour les modes excentriques.

On vivait beaucoup au dehors au commencement du XIVe siècl. Les halles étaient surtout le quartier bruyant par excellence, c'était le foyer des émeutes, le rendez-vous des ennemis de la noblesse, c'était là que les princes allaient haranguer humblement la foule et mendier ses bonnes grâces ; c'était là qu'on allait lire les traités de paix, ordonnances royales, convocations d'assemblées, etc.

Dans la rue Saint-Martin se tenaient les gens des métiers les plus sales et les plus turbulents, les bouchers, les tripiers, les tanneurs, etc.. Les flâneurs fréquentaient la porte Baudoyer, rendez-vous des oisifs et des nouvellistes.

Les débauchés s'en allaient dans les vilaines rues que nous avons citées et dans les environs du bourg l'Abbé dont les habitants, dit M. Emile Haffner, n'avaient point alors une réputation de chasteté ; leur esprit même était l'objet d'un doute et l'on désigna longtemps à Paris les imbéciles et les libertins par ce dicton : « Ce sont gens de la rue Bourg-l'Abbé, ils ne demandent qu'amour et simplesse. »

On y faisait force ripailles et les oies que l'on achetait Rue où l'on cuist les oês ou oues (cette rue prit le nom de rue aux Oues qu'on finit, par corruption, par appeler rue aux Ours), formaient la base des festins des bourgeois ; tout comme au faubourg Saint-Marcel, quartier pauvre, sale, barbare, où les cabanes et les masures étaient groupées confusément, de misérables éclopés, de pauvres mendiants, des truands, des jongleurs et des tire-laine grouillaient au milieu de ruelles et de culs-de-sac immondes, qui grimpaient, couraient et s'entrecroisaient au hasard, et, dans ces cloaques infects mêlés à des champs de verdure, vivait une population étiolée, souffreteuse, d'artisans en cuir et en bois, dont la mine hâve et l'aspect malingreux donnaient le frisson au bourgeois qui s'égarait dans ces parages confinant au quartier de la Montagne-Sainte-Geneviève, toute peuplée d'écoliers et de maîtres ès sciences et ès arts.

Mais c'était toujours le Pré-aux-Clercs qui était la promenade favorite des Parisiens, qui ne se lassaient pas d'admirer ses pelouses semées de fleurs des champs, ses petits arbustes sauvages, ses haies vives et ses genêts ; toutes les classes, tous les partis, tous les frocs, clercs, chevaliers, trouvères, bourgeois ou soudards, boutiquières, ribaudes ou « petites manantes en tabelier » s'en allaient, poussés par l'habitude, vers ce fameux Pré-aux-Cleres, où souvent ils étaient assaillis par des hommes d'armes, armés jusqu'aux dents, qui les invitaient avec rudesse à les suivre à la geôle du monastère pour y rendre compte devant le bailli de l'infraction commise par inadvertance aux droits de franchise exclusifs que possédait monseigneur l'abbé sur les domaines d'alentour.

Et parfois, ceux qu'ils faisaient prisonniers dans le journée allaient dès le soir même payer de leur vie leur escapade sur le pilori de la place Abbatiale. Piloris et gibets il n'en manquait pas dans la bonne ville de Paris ! La place de Grève et le Marché aux pourceaux en étaient pourvus.

Toutefois, la première exécution capitale faite sur la place de Grève dont l'histoire fasse mention est celle de Marguerite de Hainaut, surnommée Porette, qui y fut brûlée vive, en compagnie de Guyart de Cressonnessard, clerc du diocèse de Beauvais, accusés tous deux d'hérésie.

La place de Grève, au commencement du XIIe siècle, faisait partie d'un fief appartenant aux comtes de Meulan ; c'était déjà le centre d'un des quartiers populeux de la ville ; ces comtes donnèrent la Grève aux évêques de Paris et l'un d'eux céda ce fief au roi qui lui donna en échange tout ce qu'il possédait à Combs et à Ruvigny près la forêt de Sénart.

En 1141, Louis VII vendit aux bourgeois de Paris la propriété de la place de Grève moyennant soixante-dix livres et l'acte porte : « Nous cédons à perpétuité cette place voisine de la Seine, que l'on appelle la Grève, où existe un ancien marché, afin qu'elle reste vide de tout édifice ou de tout autre objet qui pourrait l'encombrer. »

Que de sang fut versé sur cette place, depuis le jour où, devenue lieu ordinaire des exécutions, elle conserva ce triste privilège jusqu'à ce que la révolution de 1830 transportât l'instrument de supplice de la place de Grève à la place Saint-Jacques (20 janvier 1832) ! Il ne put se maintenir à ce dernier endroit.

Depuis 1851 les exécutions capitales ont lieu devant la prison de la Roquette sur une petits, place circulaire bordée par les terre-pleins environnants. Cinq larges pierres formant un carré et présentant une surface plane au niveau des pavés sont destinées à recevoir les énormes pièces de bois qui servent de base à l'échafaud. Ces pierres sont fixées à demeure et nombre de passants les foulent, sans se douter de leur sinistre utilité.

Il est grandement question de supprimer le nouveau lieu de supplice ; un projet de loi présenté aux Chambres, en mars 1879, tend à l'abolition de la publicité en matière d'exécution capitale, les condamnés à mort seraient exécutés à l'intérieur de la prison. Il est certain que des scandales se sont produits autour de l'échafaud par une curiosité malsaine, et tout porte à croire que l'accueil favorable qui a été fait à ce projet va amener la suppression de l'exécution en public.

On peut dire que la loi sur les attroupements date de loin ; en 1305 Philippe le Bel fit proclamer dans sa bonne ville de Paris qu'il était défendu à toutes personnes d'aucun état, métier ou condition, de se réunir au-delà de cinq soit le jour, soit la nuit, publiquement ou en secret. Les délinquants devaient être internés au Châtelet et n'être relâchés que sur l'ordre du roi.

Prix des denrées à Paris en 1300 : une livre de sucre 4 sols, une vache 1 liv. 18 sols, un veau 13 sols, une livre de riz 6 deniers, 1000 pommes 10 sols, 1 livre de canelle 9 sols 11 deniers, 1 livre de gingembre 6 sols 7 deniers. Selon M. Desmazes, une journée de tailleur de pierres était payée 4 sols 6 deniers ; celle d'un maître charpentier 9 sols. Le passeur d'eau de Paris, lorsqu'il faisait traverser la Seine au roi Charles V, recevait 2 sols.



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