Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Charles V. — L'hôtel Saint-Paul. — Ecolier tué. — Le Petit-Saint-Antoine. — Baptême de Charles VI. — La Bastille. — Les fortifications de Paris. — Religieux de Saint-Victor. — Provocation des Anglais. — Les célestins. — Le bal des ardents. — Le collège de Dormans. — Obsèques de Jeanne d'Evreux. — Les Turlupins. — Entrée de l'empereur Charles IV. — Le pont Saint-Michel. — Le collège de Daimville. — Mort de Charles V. — Les habitations des Parisiens. — Acrobates, jongleurs, trouvères. — La vie parisienne au XIVe siècle. — Les jeux. — Les ordonnances de police. — Le Châtelet.

Au mois de janvier 1848, dans les fouilles faites sur l'emplacement de l'église des Célestins, on trouva l'inscription tumulaire d'Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford, qui « trespassa en Postel de Bourbon à Paris, le XIIIe, jour de novembre mil quatre cent trente-deux. »

On trouva aussi le coeur de Louis de Luxembourg, comte de Roussy « qui trespassa le XIe jour de mai 1571 », plus des boulets et des biscayens.
Le tout fut envoyé au musée de Cluny.

En 1779, les célestins abandonnèrent leur demeure et y furent remplacés par les cordeliers, mais ils y rentrèrent peu de temps après et n'en sortirent qu'après la révolution de 1789 qui supprima les ordres religieux. La république déclara le monastère propriété nationale, démolit l'église et envoya les oeuvre d'art au musée des monuments français.

En 1791, un hospice fut installé dans le cloître MM. Le Dru, père et fils, y traitaient différentes maladies par l'électricité. Sous l'empire, il devint une caserne de gendarmerie.

Par une ordonnance royale du 5 février 1841 trois immeubles furent cédés par l'État à la ville pour l'agrandissement de la caserne des Célestin d'abord la caserne, puis un bâtiment contigu, dépendant de la bibliothèque de l'Arsenal et enfin une maison de la rue de Sully. A partir de ce moment, la caserne fut affectée à la garde municipale de Paris.

En 1365, Jean de Dormans, évêque de Beauvais acheta au clos Bruneau, dans le quartier de 1 Université, quelques maisons pour y installer un collège pour quinze personnes, (douze écolier maître, un sous-maître et un procureur) qui devaient être nées dans la paroisse de Dormans ou, à leur défaut, dans d'autres villages du diocèse Soissons.

En 1371, Jean de Dormans y ajouta cinq autres bourses, enfin le 8 janvier 1372, il en ajouta encore sept autres.

Charles V posa la première pierre de l'église de ce collège qui fut édifiée aux frais de Miles de Dormans, neveu du fondateur et dédiée en 1380, sous l'invocation de saint Jean l'évangéliste. Au commencement du XVIe siècle, ce collège devint public et le maître prit le titre de principal.

Il fut entièrement reconstruit sous le règne de François Ier et uni au collège de Presles qui lui était contigu ; il prit alors le nom de Presles-Beauvais. Il en fut séparé en 1699 et une muraille fut élevée entre les deux. On le nomma à partir de cette époque collège de Dormans-Beauvais. Il fut enfin réuni au collège Louis-le-Grand et une école primaire fut établie dans les bâtiments le 1er septembre 1815. Ils furent démolis depuis.

Un autre collège, celui de maître Gervais, fut fondé le 20 février 1370, rue du Foin, par Gervais Chrétien, premier physicien du roi Charles V, en faveur des boursiers du diocèse de Bayeux. Le 22 septembre de la même année, on incorpora à ce collège les boursiers de celui que Robert Clément avait fondé en 1349 rue Hautefeuille au Pot d'étain.

Charles V qui avait une estime particulière pour maître Gervais, voulut faire les frais nécessaires à la construction de ce collège ; il le dota et lui fit don des livres et des instruments scientifiques relatifs à l'astrologie ; il voulut même que l'anathème fut prononcé contre quiconque oserait les enlever. Il lui donna aussi une chapelle et un reliquaire de vermeil qui portait cette inscription : « Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, cinquième de ce nom a donné ce joyau avec la croix qui est dedans aux écoliers du diocèse de Notre-Dame de Bayeux le 14 février 1374. » Ces écoliers avaient le titre d'Écoliers du roi.

En 1699, on supprima les bourses et le collège fut placé sous la direction de deux docteurs de Sorbonne. En 1763, il fut réuni à l'Université et les bâtiments furent plus tard convertis en une caserne de vétérans, aujourd'hui supprimée.

En 1545, le principal de ce collège, Jacques Tournebu, fut assassiné par Raoul Lequin d'Archerie, greffier de la prévôté de Saint-Quentin, qui fut condamné le 19 septembre à fonder une messe dans la chapelle du collège, à fournir aux frais d'un tableau qui fut, placé dans ladite chapelle, à avoir le poing coupé et à être pendu place Maubert.

Le 9 mars 1371, il y avait foule dans les rues de Paris pour voir le cortège des obsèques faites à Jeanne d'Evreux, veuve du roi Charles IV, et qui était morte le mardi précédent, 4 mars, à Brie-Comte-Robert. Le corps avait été rapporté le samedi à l'abbaye de Saint-Antoine-des-Champs, et le lendemain, on le conduisait en grande pompe à Notre-Dame.

Le roi se joignit au convoi, lorsqu'il passa devant l'hôtel Saint-Paul et le suivit à pied jusqu'à la cathédrale. Le corps était porté sur un lit de parade, le visage découvert. Au-dessus était un dais de drap d'or que le prévôt des marchands et les échevins soutenaient sur quatre lances. Le parlement, en habits de cérémonie, était à l'entour et les présidents tenaient les coins du poêle.

Le lundi, l'évêque de Paris chanta la messe des morts, le roi y assista, dîna à l'évêché et le soir conduisit le convoi à pied jusqu'à la porte Saint-Denis, où il monta à cheval pour l'accompagner à l'abbaye de Saint-Denis, où il fut inhumé le lendemain. Le coeur et les entrailles furent portés aux Cordeliers et le roi assista à la cérémonie.

En 1371, les Parisiens adressèrent au roi une requête pour lui représenter qu'ils avaient coutume d'avoir garde et bail d'enfants, d'acquérir fiefs et francs alleus, de se servir de freins dorés et autres ornements appartenant à l'état de chevalerie.

Ils représentaient ensuite qu'en exécution de nouvelles ordonnances, le prévôt de Paris avait fait publier par la cité que tous ceux qui, depuis 1324, avaient acquis des fiefs ou obtenu des lettres de noblesse, les apportassent au receveur de Paris, sous peine de déchéance, et ils craignaient d'être inquiétés à ce propos.

Le roi défendit par lettres patentes du 9 août 1371 « que les Parisiens fussent inquiétés » à l'occasion de ces ordonnances, et les maintint dans les distinctions honorifiques dont ils avaient joui jusqu'alors ; mais il n'y a absolument rien, dans le texte de l'ordonnance royale que nous avons sous les yeux, qui ressemble à un anoblissement en masse, et d'ailleurs le Recueil des ordonnances des rois de France en la publiant (tome V, p. 418), lui donne pour titre « Lettres qui confirment les bourgeois de Paris dans les privilèges des gardes-bourgeoises et de l'exemption des droits de francs fiefs et dans celui de pouvoir obtenir des lettres de noblesse ».

Une ordonnance de police rendue sous le roi Jean, enjoignait aux visiteurs de métiers et marchandises, de faire leur rapport au prévôt des défauts et contraventions qu'ils y trouvaient. De graves abus en résultaient.

Le 23 mai 1369, le roi Charles V déclara à propos de quelques officiers qui ne voulaient pas reconnaître l'autorité du prévôt de Paris, que la juridiction ordinaire de la ville appartenait de plein droit et de temps immémorial à son prévôt de Paris et qu'il voulait qu'il eût seul, à l'exclusion de tous autres juges, la connaissance et la punition de tous les délits qui se commettaient à Paris par quelque personne que ce fût.

Depuis quelque temps, on signalait dans la capitale l'existence d'une secte de

Vue de la Bastille à vol d'oiseau, en 1553.
gens qui, sous le nom de Turlupins, composaient une société dite des pauvres, enseignant que l'homme peut arrimer dans cette vie à l'impeccabilité. Ils étaient accusés de se livrer aux plus honteux désordres. Grégoire XI lança contre eux, en 1372, une bulle d'excommunication et des recherches furent ordonnées à Paris, à l'effet de se saisir de leurs personnes.

On arrêta quelques pauvres diables soupçonnés d'être Turlupins et on les condamna au feu, notamment une femme nommée Péronne d'Aubenton, née à Paris et qui fut déclarée coupable d'hérésie par l'inquisiteur de la foi. Elle fut brûlée vive au marché aux Pourceaux, qui se tenait hors la porte Saint-Honoré, le 5 juillet 1372.

Tandis qu'on s'occupait des importants travaux d'enceinte, on reconstruisait aussi le Grand-Pont qui avait été rompu et le prévôt Hugues Aubriot fit amener à Paris l'un des bacs que les religieux de Saint-Denis avaient à Neuilly. Ceux-ci s'en plaignirent au parlement, comme d'un attentat contre leurs privilèges et il fallut que deux arrêts de la cour, en date des 13 avril 1374 et 27 avril 1375, fussent rendus, pour que les Parisiens pussent se servir du bac, en attendant que le pont fût rétabli.

Les religieux de Saint-Germain-des-Prés élevèrent aussi de vives réclamations au sujet du droit de pêcher dans les fossés, que le roi avait concédé aux Parisiens.

Puis, ce fut ceux de Saint-Victor qui, au mépris des ordonnances, empestaient la Bièvre et en souillaient les eaux, au préjudice des manufactures de draps établies sur ses bords en tuant les bestiaux au faubourg Saint-Marceret jetant les détritus dans cette rivière.

Bref, c'était à qui parmi les moines, se montrerait hostile aux habitants de la capitale qui se plaignaient hautement des exigences des religieux. Le parlement n'était occupé qu'à juger leurs différends.

Mais l'événement le plus important de ce règne, fut la visite que l'empereur Charles IV fit au roi. Les Parisiens oublièrent tout pour ne rien perdre des cérémonies qui allaient avoir lieu. Ce fut le 4 janvier 1378, que l'empereur accompagné de son fils Venceslas, roi des Romains, fit son entrée à Paris, monté sur un cheval noir.

Le prévôt de Paris et le chevalier du Guet avec leurs archers à cheval s'étaient portés à un quart de lieue, sur la route de Paris pour le recevoir. Le prévôt des marchands et les échevins accompagnés de 2,000 bourgeois à cheval, tous vêtus de robes mi-partie blanc et violet, étaient au delà et ce fut le prévôt des marchands qui porta la parole en disant à l'empereur :

« Très excellent prince, nous, les officiers du roi à Paris, le prévôt des marchands et les bourgeois de sa bonne ville, nous venons faire révérence et nous offrir à faire vos bons plaisirs, car ainsi le veut le roi, notre sire, et le nous a commandé.»

Le roi, coiffé d'un chapeau à bec bordé de perles et vêtu d'une cotte hardie d'écarlate et d'un manteau bleu fleurdelisé d'or, était sorti de son palais, monté sur un cheval blanc et accompagné des princes, des évêques en chape et des plus grands personnages de la cour, pour aller aussi au-devant de l'empereur.

Ils se rencontrèrent entre le village de la Chapelle et la porte Saint-Denis ; ils se saluèrent et le cortège prit la route du palais, où le roi donna son appartement à son hôte et en prit un à l'étage supérieur. Le lendemain, le prévôt et les échevins firent le présent de la ville à l'empereur ; il consistait en une nef d'argent pesant 190 marcs et deux grands flacons de vermeil ciselés et émaillés, du poids de 70 marcs.

Ils offrirent aussi au roi des Romains une fontaine de vermeil pesant 90 marcs et deux grands pots d'argent, du poids de 30 marcs. Le soir, après une conférence secrète entre les souverains, il y eut un souper de gala dans la grande salle du palais ; huit cents chevaliers y furent invités.

L'empereur, qui avait la goutte, se fit le lendemain porter à la Sainte-Chapelle pour y entendre la messe ; après quoi revenant à la grande salle, ils y trouvèrent trois buffets dressés ; l'un en or, le second en vermeil et le troisième en argent. Le roi prit place entre l'empereur et Venceslas, l'archevêque de Reims à la droite de l'empereur et trois évêques, dont celui de Paris, à la gauche du roi des Romains.

On remarqua que les écuyers de cuisine portaient des houppelandes de soie et des aumusses fourrées. Le repas commença.

Il devait se composer de quatre services de 80 plats chacun, mais le roi craignant pour sa goutte l'effet d'une si grande consommation d'aliments, en fit retrancher un ; on ne servit donc sur la table royale que 240 plats ! Le festin finit par une comédie représentant la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon.

Le 7 janvier, le roi mena l'empereur dans un grand bateau doré dîner au Louvre, et les jours suivants il lui fit voir ses autres palais). Puis, il y eut la présentation des docteurs de l'Université, et grand conseil où les souverains étrangers assistèrent.

Enfin, rien ne fut épargné pour que les honneurs de la capitale fussent magnifiquement faits à l'empereur qui, très satisfait de l'accueil qu'on lui avait réservé, ne quitta Paris le 16, qu'après avoir promis au roi son aide contre l'Angleterre.

Ce qui avait le plus charmé l'empereur dans ses pérégrinations à travers la ville, c'était le Louvre qu'il ne se lassa pas d'admirer. Il faut ajouter qu'il venait d'être entièrement réparé et augmenté ; Charles V l'avait fait édifier à neuf, à l'exception de la grosse tour dont on s'était borné à mettre en état les bâtiments qui l'entouraient.

C'était l'architecte (on disait alors un maître des œuvres) Raymond du Temple, qui avait dirigé les travaux. Tout Paris avait été en liesse pendant le séjour de l'empereur et le peuple qui se réjouissait de peu, était tout aise d'avoir vu si riches accoutrements, si imposant cortège, et il était fier de la bonne mine des bourgeois, chevauchant comme des gentilshommes.

Il avait respiré la bonne odeur qui s'échappait des cuisines royales — et il s'en était contenté, mais la joie fut de courte durée. Après les fêtes vint un deuil, — il est vrai que ce fut encore un spectacle pour le populaire, — on y joignit même une aumône générale. La reine Jeanne de Bourbon mourut à l'hôtel Saint-Paul le 6 février 1378 et ses funérailles eurent lieu le 14 en grande pompe à Notre-Dame.

Sur ces entrefaites, des bruits fâcheux circulèrent dans Paris ; on parla de trahison, d'entreprise contre la personne du roi, et Jacques de Rue et Pierre du Tertre, l'un chambellan, l'autre secrétaire du roi de Navarre, en furent accusés ; ils avouèrent leur crime et implorèrent la clémence du roi, mais Charles voulut que le parlement prononçât.

On instruisit leur procès ; ils furent condamnés à être traînés sur une claie depuis le palais jusqu'aux Halles et là, à avoir la tête tranchée sur un échafaud. Ce qui fut exécuté ; après quoi on les écartela et l'on exposa les quatre parties de leurs corps à huit potences qui furent dressées hors des portes principales de la ville. Leur tête fut exposée aux Halles.

Ce fut dans cette même année 1378, que fut commencé le pont Saint-Michel. Hugues Aubriot y fit travailler incessamment « les vagabonds, les joueurs et les fainéants » aussi ne fut-il achevé que sous Charles VI. Il était bâti en pierre « avec des arches ».

On l'appela d'abord le Pont-Neuf, puis enfin pont Saint-Michel. En 1387, le côté de la maîtresse arche vers les Augustins et « deux échines », furent adjugés pour cinquante sous de rente à perpétuité à Pierre Michu et Collette, sa femme, à la charge d'y faire construire des maisons.

Les religieux de Saint-Germain-des-Prés voulurent s'opposer à leur construction, prétendant qu'ils étaient seigneurs de la rivière de Seine ; le procureur du roi répliqua que le fond de la ville était au roi, même le fond sur lequel coulait l'eau. Le parlement, par son arrêt du 13 mars 1393, appointa les parties et les maisons s'élevèrent quand même.

 


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