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PARIS – LA SEINE
(D'après Paris,
450 dessins inédits d'après nature,
paru en 1890)
Née du cataclysme alpin, la Seine coule tranquille et sereine, comme le ruisseau champêtre qui, l'orage passé, reprend son cours paisible avec un doux murmure. Formée de deux sources qui se réunissent près de Chanteaux et de l'antique abbaye de Saint-Seine, dans les montagnes de la Côte-d'Or, à 27
L'art de l'ingénieur a modifié le cours naturel du fleuve par l'établissement de barrages mobiles, qui, en retenant les eaux dans le plan supérieur, diminuent par conséquent la profondeur du bassin suivant jusqu'à l'ouverture de l'écluse, qui rétablit le niveau ; la vitesse propre du fleuve se trouve ainsi accélérée ou retardée artificiellement selon les besoins de la navigation. Néanmoins cette vitesse moyenne ne dépasse pas 6 centimètres par seconde, tandis qu'un homme
On remplirait un gros volume à dénombrer les habitations de plaisance qui se mirent dans les eaux du fleuve à sa traversée du Parisis, depuis Melun jusqu'à Poissy, les villages riants qui lui doivent leur parure et leur vie, et le long desquels passe et repasse dans la belle saison une flottille de plaisance à rames ou à voiles, le triomphe du yachting parisien. C'est surtout à l'ouest de la ville que les coteaux enveloppés par la Seine présentent d'incomparables points de vue : Meudon, Bellevue, Saint-Cloud, Marly, Saint-Germain en Laye, Maisons-Laffitte, séjours délicieux, qu'Horace préférerait à Tibur, s'il avait la liberté du choix. Le Parisien sait tout cela. Il aime la Seine au point de s'arrêter sur les ponts, les quais et les berges, uniquement pour voir couler l'eau. Pécher à la ligne est un bien grand plaisir, regarder ceux qui pêchent est encore une satisfaction parisienne. La Seine coule dans Paris entre des quais superbes et de merveilleux monuments ; elle a des paysages connus des initiés, et cent fois reproduits par les peintres et les aquarellistes. Quoi de plus charmant, de plus facile qu'un voyage à travers Paris sur le bateau-mouche, ni de plus économique, puisqu'il n'en coûte que dix centimes, deux sous, pour parcourir 12 kilomètres compris entre le pont de Bercy en amont et le viaduc du Point-du-Jour en aval ! C'est un voyage rapide, qui ne dure pas plus de cinquante minutes ; mais le lecteur doit savoir d'abord ce que les Parisiens, qui savent tout, ignorent presque tous. C'est que leur fleuve chéri n'est pas fait seulement pour la joie des yeux, du canotage, de la pleine eau, de la pêche à la ligne et des fêtes vénitiennes, avec barques illuminées et feux d'artifice sur l'eau ; c'est que la Seine, aujourd'hui comme au temps de l'empereur Tibère et des Nantes parisiens, demeure, malgré la concurrence des routes et des chemins de fer, la grande nourricière et la grande approvisionneuse de Paris, non seulement de Paris, mais d'une grande partie de la France. Elle a transporté, en 1886, 13 millions et demi de tonnes de marchandises, et ce chiffre prodigieux dépasse à lui seul la moitié du mouvement de tous les fleuves et rivières de France, et presque le quart de toutes les voies navigables, canaux compris. Chose plus surprenante encore, c'est que Paris est aujourd'hui le premier port de France pour l'importance du tonnage, car son mouvement, à la remonte et à la descente, tant par les canaux que par la Seine, s'est élevé en 1886 à 5,580,711
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