Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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PARIS – LA SEINE
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Née du cataclysme alpin, la Seine coule tranquille et sereine, comme le ruisseau champêtre qui, l'orage passé, reprend son cours paisible avec un doux murmure. Formée de deux sources qui se réunissent près de Chanteaux et de l'antique abbaye de Saint-Seine, dans les montagnes de la Côte-d'Or, à 27

Le Pont-Neuf et le Louvre vus du quai des Augustins.
kilomètres nord-ouest de Dijon, elle traverse la France centrale du sud-est au nord-ouest, pour aller se jeter dans la Manche entre le Havre et Honfleur, après avoir parcouru 780 kilomètres. La pente très faible du fleuve explique la permanence de ses allures et de son lit. Née à 435 mètres d'altitude, la Seine ne descend que de 55 centimètres par kilomètre, soit 5 centimètres et demi par hectomètre, et 5 dix millimètres et demi par mètre, en moyenne bien entendu, car le fleuve comporte, comme une route ou un chemin de fer, des pentes plus ou moins accentuées aboutissant à des surfaces planes ou plateaux.

L'art de l'ingénieur a modifié le cours naturel du fleuve par l'établissement de barrages mobiles, qui, en retenant les eaux dans le plan supérieur, diminuent par conséquent la profondeur du bassin suivant jusqu'à l'ouverture de l'écluse, qui rétablit le niveau ; la vitesse propre du fleuve se trouve ainsi accélérée ou retardée artificiellement selon les besoins de la navigation. Néanmoins cette vitesse moyenne ne dépasse pas 6 centimètres par seconde, tandis qu'un homme

Statue de Henri IV sur le Pont-Neuf.

qui se promène d'un pas ordinaire parcourt 1m,30 pendant le même temps et un cheval de cabriolet 4 mètres. La mollesse de son cours, jointe à la gracieuse fertilité de ses rivages, au-dessous comme au-dessus de Paris, donne à la Seine un caractère de douceur attractive dont le charme ne se peut effacer une fois qu'on l'a connu.

On remplirait un gros volume à dénombrer les habitations de plaisance qui se mirent dans les eaux du fleuve à sa traversée du Parisis, depuis Melun jusqu'à Poissy, les villages riants qui lui doivent leur parure et leur vie, et le long desquels passe et repasse dans la belle saison une flottille de plaisance à rames ou à voiles, le triomphe du yachting parisien. C'est surtout à l'ouest de la ville que les coteaux enveloppés par la Seine présentent d'incomparables points de vue : Meudon, Bellevue, Saint-Cloud, Marly, Saint-Germain en Laye, Maisons-Laffitte, séjours délicieux, qu'Horace préférerait à Tibur, s'il avait la liberté du choix.

Le Parisien sait tout cela. Il aime la Seine au point de s'arrêter sur les ponts, les quais et les berges, uniquement pour voir couler l'eau. Pécher à la ligne est un bien grand plaisir, regarder ceux qui pêchent est encore une satisfaction parisienne. La Seine coule dans Paris entre des quais superbes et de merveilleux monuments ; elle a des paysages connus des initiés, et cent fois reproduits par les peintres et les aquarellistes. Quoi de plus charmant, de plus facile qu'un voyage à travers Paris sur le bateau-mouche, ni de plus économique, puisqu'il n'en coûte que dix centimes, deux sous, pour parcourir 12 kilomètres compris entre le pont de Bercy en amont et le viaduc du Point-du-Jour en aval ! C'est un voyage rapide, qui ne dure pas plus de cinquante minutes ; mais le lecteur doit savoir d'abord ce que les Parisiens, qui savent tout, ignorent presque tous.

C'est que leur fleuve chéri n'est pas fait seulement pour la joie des yeux, du canotage, de la pleine eau, de la pêche à la ligne et des fêtes vénitiennes, avec barques illuminées et feux d'artifice sur l'eau ; c'est que la Seine, aujourd'hui comme au temps de l'empereur Tibère et des Nantes parisiens, demeure, malgré la concurrence des routes et des chemins de fer, la grande nourricière et la grande approvisionneuse de Paris, non seulement de Paris, mais d'une grande partie de la France. Elle a transporté, en 1886, 13 millions et demi de tonnes de marchandises, et ce chiffre prodigieux dépasse à lui seul la moitié du mouvement de tous les fleuves et rivières de France, et presque le quart de toutes les voies navigables, canaux compris.

Chose plus surprenante encore, c'est que Paris est aujourd'hui le premier port de France pour l'importance du tonnage, car son mouvement, à la remonte et à la descente, tant par les canaux que par la Seine, s'est élevé en 1886 à 5,580,711

Bords de la Seine.
tonnes, chargées sur 36,785 bateaux, non compris 7,311 bateaux en transit. Pour mesurer l'énormité de ces chiffres, il suffit d'apprendre que Marseille, le premier port maritime de France, atteint à peine 4 millions de tonnes, et le Havre, notre second port, 2 millions et demi de tonnes. Le mouvement du port de Paris représente donc le quart de tous les ports maritimes de France. Il n'en va pas de même quant à la valeur intrinsèque du tonnage ; il ne comprend guère que des marchandises encombrantes et d'une valeur minime relativement à leur volume, dites matières pondéreuses ; en première ligne, les bois de toute espèce : bois de charpente, bois à brûler, bois d'œuvre ; pierres de taille, plâtre, chaux, ciment, pavés, sable, moellons, briques, fers bruts et fers ouvrés, houille, charbon de bois, fourrages, engrais, grains et farines, fruits, futailles vides, etc. La valeur la plus précieuse parmi les marchandises importées à destination de Paris est celle des vins et alcools, s'élevant à environ 120,000 tonnes de 1,000 kilogrammes.


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