Les aperçus rapides qui précèdent prouvent que l'importance primordiale de la

Vue prise du port aux Coches vers le pont de Bercy.

Seine n'a fait que s'accroître dans des proportions gigantesques depuis la naissance de Paris. On se demande ce que deviendra la circulation fluviale au milieu de la ville, à l'époque peu éloignée où les travaux entrepris sur le cours inférieur du fleuve auront été complétés de manière à produire leur plein effet du Havre à Rouen et de Rouen à Paris ; c'est-à-dire lorsque les bateaux venant de la mer et remontant le fleuve seront assurés de rencontrer entre la mer et Paris une profondeur d'eau constante d'au moins 3m,20 et pouvant s'élever jusqu'à 6 mètres, d'après le calcul de quelques ingénieurs.

L'idée de « Paris port de mer », réalisée soit par l'approfondissement du plan d'eau de la Seine, soit par le creusement d'un canal qui utiliserait en les coupant les boucles formées par les méandres de son cours inférieur, est conforme en principe à la nature des choses. Selon les remarques de M. Bouquet de la Grye, le savant ingénieur hydrographe de la marine, Paris, aux époques reculées du moyen âge, communiquait aisément avec la mer ; la Seine avait alors un lit plus profond et un débit beaucoup plus considérable qu'aujourd'hui, de sorte que les navires chargés remontaient facilement jusqu'au pont actuel des Tuileries. Les

Vue prise du port aux Coches vers le pont d'Austerlitz.

travaux exécutés depuis le commencement du présent siècle ont été continués jusqu'à nos jours ; on a inauguré le 3 juillet 1887 de nouveaux ouvrages qui permettent la circulation entre Paris et Rouen des navires jaugeant, non plus seulement 300 et 400 tonneaux, mais 700, 800 et 900 tonneaux. On a même vu mouiller à Paris un navire de 1,000 tonneaux.

Depuis longues années, d'ailleurs, il existe un service régulier de transports commerciaux entre les ports de Londres et le port Saint-Nicolas à Paris. Une compagnie nouvelle, profitant de l'ouverture récente du canal maritime entre le Havre et Tancarville, sur la basse Seine, vient d'organiser un service direct de marchandises entre le Havre et Paris, au moyen d'une flottille qui comprendra dix à douze remorqueurs et une quarantaine de chalands, jaugeant 800 tonneaux.

Ce n'est pas seulement avec la mer que le port de Paris a développé d'année en année ses communications commerciales, mais aussi avec les départements du nord et la Belgique par le canal de l'Ourcq et le canal de Saint-Quentin ; avec les départements du centre et de l'ouest par la haute Seine et les canaux du Loing,

La berge du Pont-Neuf.

de Briare et d'Orléans ; avec les départements de l'est et du sud-est par le canal de Bourgogne et le canal du Rhône et du Rhin ; enfin, le réseau des canaux s'est tellement ramifié dans toutes les directions que les Parisiens ont pu visiter et admirer au mouillage un torpilleur de la marine nationale, expédié directement du Havre à Marseille avec escale au quai d'Orsay.

Telles sont, dans leur ensemble, les sources où Paris puise sa prodigieuse activité fluviale, à laquelle ses vingt et un ports cesseront prochainement de suffire. Voici la nomenclature de ces vingt et un ports, partagés presque également entre la rive droite et la rive gauche de la Seine. L'indication de droite et de gauche est prise d'amont, en descendant la rivière :

DROITE. - 1. Port de Bercy. - 2. Port de la Râpée. - 3. Port Mazas. - 4. Port Henri IV. - 5. Port des Célestins. - 6. Port Saint-Paul. - 7. Port des Ormes. - 8. Port de l'Hôtel de Ville. - 9. Port Saint-Nicolas. - 10o. Port des Tuileries.

GAUCHE. - 1. Port aux Coches. - 2. Port aux Vins. - 3. Port Saint-Bernard. - 4. Port de la Tournelle. - 5. Port Malaquais. - 6. Port d'Orsay. - 7. Port des Invalides. - 8. Port du Gros-Caillou. - 9. Port du Champ de Mars. - 10. Port des Cygnes. - 11. Port de Grenelle.