Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
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LES CAFÉS DU PALAIS-ROYAL
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

Le Caveau. – Lemblin. – Montansier. – Mille Colonnes. – Des Aveugles. – Foy.
La Rotonde. – Corrazza. – Hollandais.

La suppression des maisons de jeu installées au Palais-Royal, la sévérité de la police à l'égard des femmes qui hantaient le jardin et les galeries de bois (Remplacées par la galerie d'Orléans) avaient fait le désert dans ce coin si animé de Paris. Les habitués disparurent, et le café dut fermer, faute de clients. Jusqu'au dernier jour la pipe en fut impitoyablement proscrite, peut-être cette exigence accéléra-t-elle sa décadence, mais enfin il tomba dignement.

M. Lenoir, un des propriétaires du café, mérite une mention spéciale. Il avait remplacé sa mère, dont la beauté était célèbre au moment de l'invasion, mais, le métier de limonadier ne lui plaisant pas, il se retira des affaires, acheta des œuvres d'art et forma une très belle collection qu'il laissa à l'État après sa mort. C'était un véritable don princier.

Sa veuve, qui lui survécut une dizaine d'années (Madame Lenoir est morte très âgée au commencement de 1874), donna aux pauvres sa fortune, évaluée à plusieurs millions. Une partie de cette somme importante dut, suivant le testament, servir à construire un hôpital, et les revenus de ce qui resterait disponible seraient appliqués à l'entretien de cette œuvre de bienfaisance. La vente de son mobilier, qui eut lieu au mois de mai 1814, produisit une somme fort importante. Le second fils de Paul Delaroche était le filleul de M. et Madame Lenoir, qui lui donnèrent 500,000 fr. le jour de son mariage.

Ainsi le Palais-Royal a vu disparaître un à un tous les établissements publics où se réunissaient les célébrités du moment.

Le signal de la Révolution partit du café de Foy, une après-midi de juillet 1789.

Camille Desmoulins harangue les foules dans
les jardins du Palais Royal
Monté sur une des tables, Camille Desmoulins cria pour la première fois : Aux armes ! Pour se débarrasser de sa clientèle révolutionnaire, le patron trouva un moyen ingénieux, il augmenta le prix des consommations.

L'établissement la Rotonde a remplacé le café du Caveau, qui était situé au sous-sol. Ce souterrain, où l'on débitait de bonnes consommations, était le rendez-vous des flâneurs de l'époque, littérateurs, amateurs de musique.

Les fédérés se rendaient au Caveau et y continuaient les discussions politiques avec autant d'âpreté qu'à une salle de séances spécialement consacrée à ces luttes oratoires. Lauthenas, le patron du café, était l'ami de Roland. Les futurs coryphées de la Révolution avaient remplacé les mélomanes et les lettrés. Au lieu de parler art ou littérature, on ne s'occupait que de la forme de gouvernement à établir après le renversement de Louis XVI. Du matin au soir, ces organisateurs d'une société nouvelle s'exerçaient dans l'art de démolir un régime politique pour prendre sa place. On ne parlait pas encore de la chute de la monarchie, qu'au Caveau elle était condamnée et remplacée par la République.

Les bustes de Gluck, de Grétry, de Philidor. de Piccini, de Sacchini, qui ornaient la salle, n'avaient pourtant ancune signification politique. La fameuse lutte des gluckistes et des piccinistes qui longtemps avait passionné les dilettantes parisiens, ne visait point au renversement du pouvoir.

Le Caveau était devenu le café du Perron, lequel prit le nom de la Rotonde lorsque, en 1802, le pavillon que l'on voit aujourd'hui fut construit. Ce fut en vain que le patron donna à son établissement le nom de café de la Paix, à cause de la paix d'Amiens qui venait d'être signée le 27 mars de la même année entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande ; le public n'en voulut pas démordre et maintint le nom de Rotonde qui est resté. L'ameublement de la salle intérieure a conservé le cachet du premier empire, mais les œuvres picturales qui l'ornaient ont été enlevées. Il y avait des tableaux fort remarquables de Hubert-Robert, le paysagiste.

Le public de la Rotonde est très varié. Étrangers et provinciaux y coudoient les Parisiens. Le comte de la Guéronnière, frère du célèbre vicomte, a été un habitué du café ; M. Jules Sandeau, l'illustre auteur de Mademoiselle de la Seiglière, s'y rend presque tous les jours ; on y voit les romanciers qui fréquentent la librairie Dentu, des hommes politiques, des artistes. Un curieux peut en huit jours voir défiler des écrivains, des sociétaires de la Comédie-Française, des pensionnaires du Palais-Royal dans la célèbre Rotonde.

Le café Corazza était le rendez-vous des jacobins, qui y passaient les nuits et continuaient les discussions commencées à leur club. C'était d'abord Collot d'Herbois, comédien sifflé, directeur du théâtre de Genève, improvisé homme politique et venu à Paris où il se fit une réputation d'orateur de club. Auteur de l'Almanach du père Gérard, membre de la Commune de Paris et de la Convention, il massacra les Lyonnais et détruisit leur ville parce qu'il y avait été sifflé comme cabotin ; l'ex-capucin Chabot, devenu grand vicaire de l'évêque constitutionnel Grégoire, puis membre de la Convention.

Aussi féroce que Collot-d'Herbois, il inventa les qualificatifs de montagnards, de sans-culottes, de muscadins. Il rédigea le Catéchisme des sans-culottes. Accusé de concussions, il fut condamné à la peine de mort. Desieux, Gusman, Prolly, Varlet et quelques autres pourvoyeurs de la guillotine fréquentaient le café Corazza. Cet établissement fut le point de départ de plusieurs des manifestations qui aboutirent à des exécutions.

Le café Corazza s'est changé en restaurant où ont lieu des banquets, des repas de noces. Le son des orchestres a remplacé le bruit des voix furieuses demandant des têtes. C'est là que se réunit la célèbre société du Caveau.

Le café Hollandais, situé galerie de Montpensier, une galiotte lui sert d'enseigne. C'est le rendez-vous des élèves de Saint-Cyr et de l'école Polytechnique, qui s'y livrent au jeu du billard.


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