|
|
|
||||||||||||
HISTOIRE
DE PARIS
(D'après Paris
à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens
depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours,
paru en 1879)
Louis IX. – Blanche de Castille – Les écoliers. – Sainte-Catherine du Val des Écoliers. – Les cordeliers. – Les Filles-Dieu. – Un clou perdu. – Saint-Leu-Saint-Gilles. – La Sainte-Chapelle – Le collège des bernardins. – Le départ. – Les Pastoureaux. – L'affranchissement des serfs. – Le collège des prémontrés. – Les jacobins et les bedeaux. – Les blasphémateurs. – Supplices. – Les filles de joie. – Les juifs. – Les chartreux. – Les métiers. – Le bourreau. Les pelletiers ou marchands de fourrures reçurent en 1183 du roi Philippe-Auguste dix-huit maisons confisquées sur les juifs ; ces dix-huit maisons étaient situées dans une rue de la Cité qui bordait la rivière et prit le nom de la rue de la Pelleterie ; cette rue fut supprimée lors de la construction du nouvel Hôtel-Dieu, et le Marché aux Fleurs occupe son emplacement. Ce corps était le moins nombreux, il avait pour armes : d'azur, à l'agneau pascal d'argent. Le cinquième, celui des bonnetiers, s'établit dans une maison dépendante du cloître de Saint Jacques la Boucherie ; les armes qui lui furent accordées en 1629 étaient d'azur, à cinq navires d'argent à la bannière de France ; en chef une étoile d'or. Les orfèvres étaient en possession de privilège corporatif dès Dagobert. Sous saint Louis ils jouirent d'une prérogative fort importante, celle d'avoir un sceau particulier dans la maison commune du corps, qui était située rue des Deux-Portes (aujourd'hui rue des Orfèvres ; autrefois elle était fermée par une porte à chaque extrémité ; de là son nom). Leurs armoiries étaient : de gueules à la croix dentelée, accompagnée aux 1 et 4 d'une coupe d'or : aux 2 et 3 d'une couronne aussi d’or, au chef semé de fleurs de lis saros nombre. Au XVe siècle, les orfèvres avaient fondé un hôpital dans une maison dite l'Hôtel des Trois Degrés et qui se trouvait sur le territoire de Saint-Germain-l'Auxerrois. Ils avaient acheté l'immeuble en 1399 d'un de leurs confrères Jean de la Poterne, ils le firent démolir et établirent dessus une grande salle avec des lits, au-dessus on ménagea des logements, et au fond fut construite la chapelle. L'évêque de Paris leur permit en 1403 d'y faire célébrer la messe. Les orfèvres, âgés ou infirmes, et les veuves ales marchands orfèvres, étaient spécialement reçus dans cet hôpital qui, bien que bâti tout en bois, dura un siècle et demi cependant ; en 1550, ces vieux bâtiments étaient dans un état de vétusté tel, que le corps assemblé, décida qu'ils seraient démolis et qu'on élèverait à la place une chapelle en pierres de taille et dans d'autres proportions. La communauté se trouvait alors propriétaire de huit maisons dans le quartier, elle put faire construire un hôpital plus vaste et une chapelle plus importante. En 1566 les nouvelles constructions furent achevées. La chapelle fut bâtie sur les dessins de Philibert Delorme. On y voyait aussi des sculptures de Germain Pilon. Cet hôpital fut supprimé en 1790 et devint propriété nationale ; une partie des bâtiments et la chapelle Turent vendus le 11 brumaire an VI. Ce qui restait de l'hôpital servit pendant quelque temps de grenier à sel et fut définitivement vendu comme propriété de l'État le6 janvier 1818. Jusqu'à la révolution de 1789, les corps de marchands furent administrés par six maîtres et gardes, choisis parmi les plus honorables, chargés de faire observer les statuts et de veiller à la conservation des privilèges. Dans les cérémonies publiques et dans l'exercice de leurs fonctions, ils portaient la robe de drap noir à collet et manches pendantes, avec parements et bordure de velours de même couleur. C'était la robe consulaire. Les honneurs destinés à la bonne bourgeoisie leur étaient réservés. Ils étaient marguilliers, commissaires des pauvres, administrateurs des hôpitaux et rendaient la justice consulaire. Les trente-six gardes s'assemblaient chaque fois qu'ils le jugeaient nécessaire. Le grand garde de la draperie convoquait les
assemblées, les présidait, et les résolutions étaient
prises à la majorité des voix et transcrites sur le registre
des délibérations qui se conservait dans les archives du
bureau des six corps. Après les six corps qui se trouvaient à la tête du commerce venait parmi les principales corporations celle des épiciers qui avaient leur maison commune au cloître Sainte-Opportune ; elle était composée des épiciers et des apothicaires et,jouissait de la prérogative de visiter les poids et balances dans les maisons, boutiques et magasins de tous les marchands et artisans de Paris. Les épiciers avaient été réunis en communauté dès 1480. Les boulangers étaient réunis en confrérie dès le règne de Philippe-Auguste ; un édit de 1217 interdit à tous autres qu'aux boulangers de Paris de vendre du pain à Pontoise. Sous Louis IX, les talemeliers ou boulangers, après quatre ans d'apprentissage, pouvaient obtenir la maîtrise, en payant une somme d'argent au grand pannetier, qui avait le titre de maître des talemeliers. Il n'y avait que cette profession qui eut un cérémonial particulier pour la maîtrise. Le récipiendaire portait dans la maison du maître des talemeliers un pot rempli de noix et de nieules (patisserie) et jetait le pot contre le mur ; après quoi le maître et les valets ou compagnons du métier entraient et recevaient à boire de la part du chef du métier. Il était interdit aux talemeliers de Paris de cuire les dimanches et les jours de fête. C'est aussi au XVIIe siècle que remonte l'établissement de la première
Les moulins pour moudre le grain étaient amarrés sous le Grand-Pont. Les boulangers cuisaient chez eux depuis qu'ils n'étaient plus obligés de cuire aux fours banaux ou seigneuriaux. Cependant les abbayes de Saint-Germain, de Saint-Marcel, de Saint-Martin, continuaient chacune d'avoir un four banal, où les habitants venaient cuire. Les gantiers reçurent aussi des statuts de corporation sous Philippe-Auguste et le règlement d'Étienne Boileau les modifia peu. On sait comment la grande boucherie fonctionnait aussi sous le règne précédent et ce commerce était le domaine exclusif d'un petit nombre de familles réunies en société. Les lapidaires reçurent leurs statuts sous Louis 1X ; on les appelait alors estailliers. On verra dans le cours de cette histoire l'importance que prirent les corps marchands qui furent investis du privilège, alors considérable, de porter le dais sur les rois, les reines et les princes qui faisaient leur entrée publique à Paris. Non seulement Étienne Boileau donna des lois aux corporations des métiers, mais ce fut à son instigation que furent rendues les ordonnances contre les vagabonds, les voleurs et les prostituées, si nombreux dans la capitale. Ce fut lui qui, pour l'entretien du pavage et l'amélioration de la viabilité, institua un voyer. Ce fut Jean Sarrazin qui fut chargé de cette fonction, elle lui donnait aussi mission de surveiller l'exécution des ordonnances relatives aux industriels et aux marchands. Il recevait un mets de redevance de chaque boucher nouvellement installé. Il avait annuellement deux faix de paille de chaque grainetier, deux livres de chandelles de chaque chandelier, douze deniers de chaque basanier vendant des petits souliers, un fromage de chaque fromager, deux chapeaux de chaque chapelier, etc. Ces redevances n'étaient malheureusement pas les seules que les commerçants dussent acquitter et, soit pour une raison soit pour une autre, les cadeaux à donner aux,juges quand on plaidait, aux religieux à titre de don forcé, à certains fonctionnaires, étaient si nombreux que le plus clair du bénéfice y passait. Paris avait alors une physionomie bien différente
de celle de nos jours. C'était au passage du petit Châtelet
que se percevaient alors les péages et droits d'entrée dans
Paris. Les jongleurs, bateleurs ou baladins devaient payer une taxe relativement
assez forte ; saint Louis l'abolit, toutefois il y mit une condition :
c'est que le singe du bateleur, dont les tours avaient le privilège
d'exciter vivement la curiosité populaire, ferait quelques grimaces
et exécuterait quelques cabrioles devant le péager, avant
que son maître pût entrer dans la ville. Bateleurs, jongleurs et ménétriers, qui étaient en fort mauvaise réputation sous Charlemagne, avaient été sous le règne de Philippe-Auguste bannis du royaume comme les troubadours ; cependant au bout de quelques années ils avaient pu revenir à Paris, mais alors ils formèrent une corporation appelée ménestrandie. « Leurs fonctions, dit l'auteur anonyme de l'Abrégé historique de la Ménesirandie, consistaient à faire des tours de gibecière, à faire sauter des singes, à exercer dans les cercles ou devant la populace curieuse les autres fonctions des bateleurs au son des vielles dont ils se faisaient accompagner ». Jusqu'alors errante et vagabonde, la ménestrandie devint en 1331 une profession comme les autres, ayant ses statuts et placée sous la double invocation de saint Julien et de saint Genest. La confrérie fut approuvée par lettres patentes qui furent scellées au Châtelet de Paris le 23 novembre de la dite année 1331. Les confrères étaient assurés du monopole de la science et musique de ménestrerie, et étaient placés sous la juridiction spéciale du roi des ménétriers ou prévôt de Saint-Julien et d'un certain nombre de prud'hommes, qui devaient veiller à l'exécution des règlements. Nul ne pouvait être admis dans la corporation qu'à la suite d'un examen et nous ajouterons que dans l'origine on trouvait un certain nombre de femmes parmi les ménétriers de Paris. Le 13 septembre 1395 une ordonnance du prévôt de Paris leur fit défense de rien dire, représenter ou chanter sur les places publiques ou ailleurs, qui pût causer quelque scandale, à peine d'amende, de deux mois de prison et d'être réduits au pain et à l'eau. Les jongleurs se séparèrent alors des ménestrels et prirent le nom de bateleurs. Les ménestrels se lièrent entre eux par de nouveaux règlements, qui furent confirmés par Charles VI, le 14 avril 1407. Ce fut sous saint Louis, nous l'avons dit, que la hanse ou confrérie de la marchandise de l'eau, devint définitivement la municipalité parisienne ; jusqu'alors et depuis environ un siècle, les membres de la confrérie de la marchandise de l'eau étaient appelés échevins jurés, et on donnait à leur chef le nom de prévôt des marchands de l'eau, ou prévôt de confrérie de l'eau. Pour être reçu bourgeois hansé de Paris, il fallait prêter serment devant les magistrats chargés des affaires de la ville. Le récipiendaire s'avançait à la barre et disait : « Je jure de me soumettre à tous les règlements de police et de bonne discipline de la hanse, je jure d'exercer loyalement et avec droiture le fait de la marchandise, d'instruire les magistrats de toutes les fraudes qui pourraient porter préjudice à la hanse et aux autres privilèges de la ville. En cas de contestation, je jure de me soumettre et, sans appel, aux décisions prises par les chefs de la hanse. » Le corps de la marchandise, par suite de l'importance que n'avait cessé d'avoir le commerce fluvial, avait peu à peu absorbé tout ce qui avait rapport à l'administration de la ville et c'est pour cela que l'on considéra les chefs de cette marchandise de l'eau comme les prévôts de tout commerce parisien. Ce fut en 1268 que le chef de la hanse parisienne, Jehan Augier, fut officiellement nommé prévôt des marchands. Les nombreux privilèges dont jouissait le corps des marchands de l'eau passèrent avec le temps au prévôt des marchands qui acquit successivement l'administration des rentes constituées sur l'Hôtel de Ville, l'ordonnance des cérémonies publiques, l'entretien, la construction des monuments de la ville, le percement des rues, etc.
Les membres de la hanse tenaient primitivement leurs réunions dans une maison commune, appelée maison de la Marchandise ; au XIe siècle cette maison prit le nom de Parloir aux Bourgeois ; elle était située à la Vallée de Misère entre l'église Saint-Leufroy et le Châtelet, à la place où s'étend aujourd'hui la place du Châtelet. Au XIIe siècle, le Parloir aux Bourgeois fut transféré sur la rive gauche près la porte Saint-Michel, entre la place Saint-Michel et la rue Saint-Jacques ; nous le verrons en 1357, transféré place de Grève dans la Maison aux Piliers et prendre peu de temps après le nom d'Hôtel de Ville. L'élection du prévôt des marchands se faisait ordinairement le 16 août ; les émoluments attachés à cette place étaient considérables ; plusieurs de ceux qui l'occupèrent devaient consacrer une partie des revenus de leur charge aux embellissements de la ville. Il fallait être né à Paris pour être revêtu de la dignité de prévôt des marchands. Après la sédition des Maillotins, Charles VI la supprima en 1382. On compta 14 prévôts de 1268 à 1382 ; Jean Augier Guillaume Pisdoé, 1276 ; Guillaume Bourdon, 1280 ; Jean Arrode 1289 ; Jehan Popin, 1293 ; G. Bourdon réélu, 1296 ; Etienne Barbette, 1298 ; Guill. Pisdoé réélu, 1304 ; E. Barbette,, 1314 ; Jean Gentien, 1321 ; Jean Culdoé et Etienne Marcel, 1355 ; Jean Desmaret, 1359 ; Jean Fleury 1371. Philippe-Auguste avait en 1220 concédé moyennant la somme de trois cents livres par an aux marchands de l'eau hansés de Paris, la police des crieurs et l'inspection des poids et mesures ; Louis IX fit réglementer le triage, c'est-à-dire la faculté de faire annoncer dans toutes les rues de la capitale le prix des marchandises de différentes natures, la vente et le loyer des maisons, la perte d'objets et d'animaux, etc. Les épiciers avaient été réunis en communauté dès 1180. Les boulangers étaient réunis en confrérie dès le règne de Philippe-Auguste ; un édit de 1217 interdit à tous autres qu'aux boulangers de Paris de vendre du pain à Pontoise. Sous Louis IX, les talemeliers ou boulangers, après quatre ans d'apprentissage, pouvaient obtenir la maîtrise, en payant une somme d'argent au grand pannetier, qui avait le titre de maître des talemeliers. Il n'y avait que cette profession qui eut un cérémonial particulier pour la maîtrise. Le récipiendaire portait dans la maison du maître des talemeliers un pot rempli de noix et de nieules (patisserie) et jetait le pot contre le mur ; après quoi le maître et les valets ou compagnons du métier entraient et recevaient à boire de la part du chef du métier. Il était interdit aux talemeliers de Paris de cuire les dimanches et les jours de fête. C'est aussi au XIIIe siècle que remonte l'établissement de la première corporation de pâtissiers ; ce fut celle des oubliers ou oublayers qui faisaient des gaufres, des nieules et une pâtisserie légère appelée oublie (sorte de plaisir) et qu'on criait par les rues. Le roi avait son oublier d'office. C'était un personnage assez considérable de l'office royal, puisque dans la maison de Louis IX, il avait droit à un cheval et à une ration de fourrage. Les moulins pour moudre le grain étaient amarrés sous le Grand-Pont. Les boulangers cuisaient chez eux depuis qu'ils n'étaient plus obligés de cuire aux fours banaux ou seigneuriaux. Cependant les abbayes de Saint-Germain, de Saint-Marcel, de Saint-Martin, continuaient chacune d'avoir un four banal, où les habitants venaient cuire. Les gantiers reçurent aussi des statuts de corporation sous Philippe-Auguste et le règlement d'Étienne Boileau les modifia peu. On sait comment la grande boucherie fonctionnait aussi sous le règne précédent et ce commerce était le domaine exclusif d'un petit nombre de familles réunies en société. Les lapidaires reçurent leurs statuts sous Louis IX ; on les appelait alors estailliers. On verra dans le cours de cette histoire l'importance que prirent les corps marchands qui furent investis du privilège, alors considérable, de porter le dais sur les rois, les reines et les princes qui faisaient leur entrée publique à Paris. Non seulement Étienne Boileau donna des lois aux corporations des métiers, mais ce fut à son instigation que furent rendues les ordonnances contre les vagabonds, les voleurs et les prostituées, si nombreux dans la capitale. Ce fut lui qui, pour l'entretien du pavage et l'amélioration de la viabilité, institua un voyer. Ce fut Jean Sarrazin qui fut chargé de cette fonction, elle lui donnait aussi mission de surveiller l'exécution des ordonnances relatives aux industriels et aux marchands. Il recevait un mets de redevance de chaque boucher nouvellement installé. Il avait annuellement deux faix de paille de chaque grainetier, deux livres de chandelles de chaque chandelier, douze deniers de chaque basanier vendant des petits souliers, un fromage de chaque fromager, deux chapeaux de chaque chapelier, etc. Ces redevances n'étaient malheureusement
pas les seules que les commerçants dussent acquitter et, soit pour
une raison soit pour une autre, les cadeaux à donner aux juges
quand on plaidait, aux religieux à titre de don forcé, à
certains fonctionnaires, étaient si nombreux que le plus clair
du bénéfice y passait. On dînait à midi. On soupait à six heures, et après le couvre-feu il était défendu de veiller et de se divertir sans la permission du prévôt. En cas d'alerte, des chaînes étaient tendues dans les rues pour intercepter le passage et, au besoin, on mettait en réquisition les feures, maréchaux et chaudronniers, pour consolider les barrages. C'était au passage du petit Châtelet que se percevaient alors les péages et droits d'entrée dans Paris. Les jongleurs, bateleurs ou baladins devaient payer une taxe relativement assez forte ; saint Louis l'abolit, toutefois il y mit une condition : c'est que le singe du bateleur, dont les tours avaient le privilège d'exciter vivement la curiosité populaire,ferait quelques grimaces et exécuterait quelques cabrioles devant le péager, avant que son maître pût entrer dans la ville. C'est de cette coutume qu'est venu le dicton : payer en monnaie de singe. Les jongleurs étaient aussi quittes du péage en chantant un couplet. Bateleurs, jongleurs et ménétriers, qui étaient en fort mauvaise réputation sous Charlemagne, avaient été sous le règne de Philippe-Auguste bannis du royaume comme les troubadours ; cependant au bout de quelques années ils avaient pu revenir à Paris, mais alors ils formèrent une corporation appelée ménestrandie de pendre lui-même tous les voleurs du canton. Paris n'a pas eu des femmes bourreaux, ainsi que le prétendent quelques historiens qui se fondent sur une ordonnance de 1264 portant : « Que celui qui aura méfait ou médit, sera battu par la justice du lieu, tout de verges en appert ; c'est à savoir si homme par homme, et la femme par seule femme sans personne d'homme. » Mais c'était de préférence la femme ou la fille de l'exécuteur qu'on choisissait pour faire subir le supplice de la flagellation à celles qui y étaient condamnées. C'était d'ailleurs un apprentissage
à faire que celui de tourmenteur.
Les religieux de Saint-Martin devaient tous les ans au bourreau cinq pains et cinq bouteilles de vin pour les exécutions qu'il faisait sur leurs terres. Il avait un droit de havage sur les herbages, légumes verts et céréales que chaque marchand exposait en vente. Pour le grain, la quantité était fixée à celle qu'il pouvait tenir dans la main ; il percevait lui-même sa redevance et au fur et à mesure qu'un marchand s'acquittait, le valet du bourreau lui faisait une marque sur le dos avec de la craie. Bientôt ce contact avec le bourreau amena des émeutes, et il fallut lui interdire cette façon de donner quittance à ses tributaires. Plus tard, la place du pilori, au carré de la halle, fut entourée de boutiques et d'échoppes qu'il obtint la permission de faire construire et qu'il louait à des marchands en détail de toute espèce de poisson. Le bourreau avait encore droit à la dépouille des condamnés. D'abord, il ne lui fut permis de prendre cette dépouille que jusqu'à la ceinture ; ensuite, il l'obtint toute entière. A part ces perceptions en nature, il touchait comme émoluments, une somme d'argent fixe par chaque exécution ; au XIVe siècle elle était de quinze sols parisis. Inutile d'ajouter qu'à cette époque, le bourreau de Paris était un personnage dont la vue seule excitait l'effroi et que les braves bourgeois manifestaient une horreur parfaitement légitime pour les marchandises qu'avait touchées sa main. Mais ils s'efforçaient de la dissimuler ; il fallait si peu de chose pour s'exposer à sentir cette main infâme s'appesantir sur soi ! Et quand on voyait rôder ce personnage sinistre, c'était à qui se hâterait de tourner les talons pour ne pas se trouver en sa présence. Nous avons omis de signaler la construction de fontaines publiques, qui se fit sous ce règne et sous le précédent, car on ignore la date précise de leur établissement ; mais en 1265, il existait au haut du faubourg Saint-Denis, une fontaine qu'on appelait fontaine Saint-Lazare. Saint Louis permit aux Filles-Dieu de mener jusqu'à leur couvent les eaux de cette fontaine qui était alimentée par l'aqueduc de Saint-Gervais (Romain-ville), construit dans les dernières années du règne de Philippe-Auguste. Les Filles-Dieu profitant de l'autorisation qui leur était donnée, firent alors construire une fontaine à la porte de leur couvent. La fontaine des Innocents, dont nous reparlerons, et enfin la fontaine des Halles, établie peu de temps après celle des Innocents, recevaient aussi l'eau de l'aqueduc des Prés-Saint-Gervais. Un autre aqueduc avait été construit antérieurement à 1244 à Belleville, pour conduire les eaux jusqu'à la fontaine du monastère de Saint-Martin-des-Champs. Depuis ce fut lui qui alimenta la plupart des fontaines de Paris.
|
|
|||||||||||||
PAGES 1/5 | 2/5
| 3/5 | 4/5
| 5/5
:: HAUT DE PAGE :: ACCUEIL |
|